Cette libéralisation a pour but de tourner les effets fâcheux du discount et de donner un coup d'arrêt à la concentration de la clientèle sur les plus grosses librairies et sur les grandes surfaces. Elle devrait également rendre les libraires moins dépendants des éditeurs. Enfin, elle doit favoriser le jeu de la libre concurrence.
Premier bilan
Mais les éditeurs peuvent, dans certains cas, à partir du prix net, accorder des remises aux revendeurs soit sur la quantité, soit d'ordre qualitatif pour la constitution de fonds par exemple. Dès lors, tout le système risque d'être favorable, une fois encore, aux grandes surfaces au détriment des librairies traditionnelles dont la gestion, n'étant pas informatisée, devient extrêmement complexe.
Le Syndicat national de l'édition publie, en janvier 1980, un premier bilan d'où il ressort qu'au lieu d'éliminer le discount le prix net peut lui donner un développement plus important : des rabais de 25 à 44 % sont pratiqués, alors qu'ils ne dépassaient guère 20 % avant le 1er janvier 1979 ; le nouveau système privilégie la diffusion des livres à succès (dont la rotation est rapide), les ouvrages plus spécialisés ou d'accès plus difficile (donc de rotation plus lente) sont pénalisés ; les livres spécialisés et les ouvrages de littérature générale augmentent de 12 à 15 % alors que les éditeurs n'ont augmenté leurs prix que de 8,7 %. Conclusion : le clivage entre les grands secteurs de vente et les magasins traditionnels s'accentue. D'où la nécessité d'engager des discussions avec l'ensemble des partenaires concernés et les pouvoirs publics pour chercher des aménagements au système du prix net, l'interdiction du discount sauvage et l'amélioration de la diffusion du livre français à l'étranger.
La Fédération française des syndicats de libraires (920 membres) se prononce pour la liberté du prix des livres. Sa position est diamétralement opposée à celle du Syndicat national de l'édition, et un très grand nombre de libraires qui ne partagent pas son point de vue (91,5 % d'après une enquête des Nouvelles littéraires) décident de créer une autre organisation, l'Union des libraires de France (800 membres).
Enfin, dans un tout autre domaine, le Syndicat national de l'édition et avec lui l'ensemble des professionnels du livre se sont émus des conséquences possibles que l'usage généralisé de la télématique risque d'avoir dans les années qui viennent.
La balance commerciale du livre en 1978 est équilibrée. Le montant des ventes à l'étranger s'élève à 915 237 000 F, ce qui représente une augmentation de 15,5 % par rapport à l'année précédente.
La deuxième Foire internationale du livre de Moscou, en septembre 1979, où quelque 100 000 ouvrages sont présentés par plus de 800 exposants de 70 pays, est marquée par plusieurs incidents. La censure interdit 38 des 3 500 livres présentés par les éditeurs américains ; malgré une prudente autocensure pratiquée par les 90 éditeurs français, des catalogues publiés par l'Office de promotion de l'édition française sont interdits et confisqués !