Moto

Les motards contre la vignette et le nouveau permis

Dans toutes les grandes villes de France, et à Paris en particulier, les rassemblements de motards, habituels depuis plusieurs années, ont pris une ampleur inattendue et se sont transformés à plusieurs reprises, généralement le vendredi soir, en immenses manifestations sur les artères les plus fréquentées.

Ces manifestations de masse — qui n'ont pas été combattues de front par la force publique — ont traduit la solidarité des motards face à une attitude des autorités qu'ils jugent discriminatoire. Ils combattent avec vigueur l'imposition d'une vignette et l'instauration d'un nouveau permis. Les différentes associations sont regroupées pour donner naissance à la Fédération française des motards en colère.

Une consolation pour les motards : un tarif spécial leur sera accordé sur les autoroutes, dès juin 1980.

Impôt

Les motards annoncent qu'ils boycotteront la nouvelle vignette à laquelle sont assujettis, à partir de novembre 1980, les possesseurs de très gros cubes, c'est-à-dire de motos de plus de 750 cm3. En 1979, il s'est vendu 125 536 motos de cette catégorie, soit 50 % de plus qu'en 1978.

Voté le 20 octobre 1979 dans l'indifférence (179 voix pour, 101 contre et 201 abstentions), ce nouvel impôt a été épargné, au dernier moment, aux motos de 6 à 7 CV, c'est-à-dire aux 750 cm3. Pour les 8-9 CV, la vignette coûte 290 F ; pour les 10-11 CV : 560 F ; et 800 F pour les plus de 11 CV. Les motos agréées de plus de cinq ans payent moitié prix, mais cette mesure touche peu de monde car la très grande majorité des grosses cylindrées sont apparues sur le marché depuis moins de cinq ans.

Dans les mois et les semaines qui ont précédé la date du 1er mars 1980, à partir de laquelle entre en vigueur le nouveau permis de conduire des deux-roues, on a constaté un rush de candidats de l'ancien permis. Car le nouveau est plus compliqué, plus sélectif, plus efficace, mais aussi plus cher : 2 000 F environ contre 1 200 F pour l'ancien.

Les deux-roues à moteur étaient jusque-là divisés en trois catégories : cyclomoteurs de moins de 50 cm3, limités à 45 km/h, accessibles à partir de 14 ans sans permis ; vélomoteurs jusqu'à 125 cm3, accessibles à partir de 16 ans avec un permis A1 (l'épreuve de code seulement) ou tout autre permis automobile ; enfin les motocyclettes nécessitant un permis A spécifique (code, maniabilité lente sur piste et parcours en circulation).

Sévérité

Désormais les deux-roues sont divisés en quatre catégories, avec trois nouveaux permis :
– les cyclomoteurs ne changent pas de définition, mais ceux équipés d'un changement de vitesse manuel deviennent des motos légères ;
– les motos légères, jusqu'à 80 cm3, avec une vitesse maximale de 75 km/h. Elles se conduisent avec le permis A1 (code, maniabilité lente sur piste et conduite en circulation). Âge minimal : 16 ans ;
– les motos moyennes, jusqu'à 400 cm3. Permis A2, comportant des épreuves identiques à celles du A1, mais l'âge minimal pour conduire est de 18 ans ;
– les motos lourdes de plus de 400 cm3 exigent un permis A3, accessible à partir de 18 ans. Aux épreuves précédentes s'ajoute un parcours de maniabilité rapide sur piste (280 m avec passage des vitesses, slalom entre huit balises, virage serré, coup d'accélérateur et arrêt en moins de 40 m, le tout chronométré).

Dans tous les pays où de telles épreuves ont été exigées, au premier rang desquels le Japon, on a constaté une chute sensible des accidents — c'est le but recherché —, mais aussi une baisse importante des ventes de grosses motos.

Les très mauvaises statistiques de sécurité concernant les deux-roues en 1979 justifient sans aucun doute l'instauration d'un permis plus sélectif. Mais cette mesure serait mieux acceptée si les pouvoirs publics écoutaient les motards : en modifiant les glissières métalliques de sécurité (très dangereuses pour eux), en supprimant le rainurage de certaines portions d'autoroute et en remplaçant les bandes plastiques marquant les passages pour piétons, très glissantes par temps de pluie.