Envisagée en 1972, décidée en 1974, reportée en 1975 et finalement confirmée en 1978, la construction de l'Inflexible est le résultat d'une longue aventure qui mêle les intérêts politiques et les considérations techniques, industrielles et militaires. Le RPR, notamment, avait interprété les hésitations du gouvernement et des états-majors comme la preuve d'un manque de fermeté au plus haut sommet des responsabilités de l'État sur la continuation de la politique nucléaire militaire d'inspiration gaulliste (Journal de l'année 1977-78).
Dans les vœux qu'il formule aux armées pour 1979, Valéry Giscard d'Estaing écrit que « le service militaire reste et restera la loi de la France aussi longtemps que notre défense en aura besoin ». Il invite les cadres à tout faire « pour que ce service national soit ressenti d'abord comme une période d'égalité » et pour que les jeunes appelés soient « utilisés autant que possible à des tâches de caractère militaire ayant pour eux une valeur de formation professionnelle et nationale ».
Le PCF et le PS, chacun de son côté, se rangent, le premier en octobre 1978 et le second en mai 1979, à la perspective d'un service militaire d'un an « pour tous dans les conditions actuelles » pour les communistes, et de dix mois pour les socialistes. Auparavant, l'état-major de l'armée de terre avait organisé, en septembre 1978, en Dordogne, sa première grande manœuvre de réservistes en terrain libre (4 400 rappelés pour la circonstance), qui deviendra régulière dès 1979 pour mettre à l'épreuve les nouveaux plans de mobilisation.
Un projet qui tient au cœur du général Lagarde, chef d'état-major de l'armée de terre et auteur d'une réorganisation en cours des forces terrestres. En 1980, l'armée de terre française alignera quinze divisions d'activé et de contingent, renforcées à la mobilisation par quatorze divisions de réserve.