Autre initiative des Églises en faveur du respect de l'homme : les responsables en France des trois principales confessions chrétiennes, Mgr Etchegaray, président de la Conférence épiscopale, Mgr Meletios, président du Conseil épiscopal interorthodoxe, et le pasteur Jacques Maury, président de la Fédération protestante de France, ont adressé le 25 novembre un message commun aux chrétiens, à l'occasion du trentième anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'homme. Les mêmes personnalités ont signé, le 3 avril, une lettre aux communautés chrétiennes de France « sur la situation des immigrés en notre pays ». Ils affirmaient notamment que les immigrés « ont contribué à la croissance de notre pays, et nous avons tous bénéficié de leur apport... Nous n'avons pas le droit de déterminer leur sort du seul point de vue économique... La France est en train de devenir une nation où différentes races, différentes cultures, différentes religions doivent avoir leur place légitime. »
Stagnation et désintérêt
Les évêques français ont consacré une large partie de leur réflexion à la situation actuelle de l'œcuménisme, lors de la réunion annuelle de leur conférence à Lourdes (25 au 30 octobre 1978). Les Églises non catholiques avaient été invitées à transmettre leurs propres observations sur ce sujet. On a évoqué la stagnation de l'œcuménisme en France et le désintérêt des jeunes. Mais, a souligné le rapporteur, Mgr Le Bourgeois (Autun), l'œcuménisme théologique fait des pas de géant. L'Église diocésaine, a-t-il ajouté, doit donner l'exemple de la communion dans sa vie interne et dans ses rapports avec les autres Églises.
Avec le Secrétariat du Vatican pour l'unité des chrétiens, le moteur de l'œcuménisme est incontestablement le Conseil œcuménique des Églises. Mais le Comité central du COE, qui s'est réuni du 1er au 12 janvier, à Kingston (Jamaïque), a souligné l'ampleur d'une double crise, financière et théologique, au point que la publication du COE, Mensuel, dans son numéro de février, intitule un article leader : « L'avenir du COE n'est plus ce qu'il était. »
Le budget du COE, à la suite de la crise du dollar et de la cherté du franc suisse (qui affecte le fonctionnement du siège du COE, établi à Genève), est réduit de trois millions de francs suisses en 1980 et d'un montant identique en 1981. Et Mensuel écrit : « Rien n'est très clair, si ce n'est qu'en 1982 le COE aura certainement changé de taille, sinon de visage... On voit mal comment cette compression budgétaire pourrait être faite sans compression du personnel, donc sans une réorganisation du COE. »
Mais le Comité central de Kingston a été marqué par d'autres tensions : diverses Églises membres du COE ont manifesté leur désaccord avec l'aide que le Conseil a attribuée à divers mouvements de libération au Zimbabwe et en d'autres parties du continent africain. Des Églises ont mis en veilleuse leur participation aux activités du COE ou s'en sont retirées temporairement, comme l'Armée du salut, les presbytériens d'Irlande ou l'Église évangélique allemande de Schaumberg-Lippe. Le secrétaire du COE, le pasteur Philip Potter, a rappelé au Comité central que la lutte contre le racisme était un engagement solennel du COE depuis sa première assemblée. Mais il a reconnu que le programme de lutte contre le racisme devait être revu par les Églises membres du COE. Il a également souhaité que les Églises définissent « un certain nombre de convictions et de prises de position dans le domaine de l'éthique politique ».
Par ailleurs, le Sodepax, comité pour la société, le développement et la paix, seul organisme permanent commun au COE et au Vatican, a vu son mandat renouvelé jusqu'en 1981.
Afin de préparer la troisième assemblée mondiale des religions qui aura lieu en août 1979, à Princeton (États-Unis), 51 représentants de divers pays de l'Est et de l'Ouest, chrétiens, juifs, bouddhistes, se sont réunis à Rome du 18 au 24 septembre. Trois thèmes ont occupé leurs travaux : les droits de l'homme, la recherche de nouveaux styles de vie, l'éducation à la paix.