Cette programmation militaire répartit le budget de la défense pour 1982 de la façon suivante : 15 % pour les forces nucléaires stratégiques et tactiques (au lieu de 16,8 % en 1977), 58,1 % pour l'ensemble des forces classiques interarmées (au lieu de 54,4 %) ; 12,4 % pour la préparation de l'avenir (recherche et formation des personnels) au lieu de 12,7 % en 1977 ; 9,1 % pour le soutien des forces (au lieu de 10,2 %) ; et 5,4 % pour l'administration spéciale (au lieu de 5,9 %).

Équipements

En 1982, par exemple, l'armée de terre disposera de 1 000 à 1 200 chars AMX-30 en ligne (non compris les chars de réserve, qui représentent 30 % des chars en ligne) et de 410 hélicoptères, tandis que l'armée de l'air alignera 445 avions de combat, parmi lesquels les premiers monoréacteurs d'interception Mirage-2000, dont la conception a été autorisée par un conseil de défense en décembre.

Seule, la marine nationale doit accepter une baisse sensible, après 1985, de son tonnage de combat, liée au vieillissement de certains de ses navires non remplacés par des constructions récentes. De surcroît, la mise en chantier d'un sixième sous-marin nucléaire lance-missiles, déjà baptisé l'Inflexible, a été retardée par décision gouvernementale.

Le débat à l'Assemblée nationale est l'occasion pour Pierre Messmer, ancien ministre des Armées du général de Gaulle et ancien Premier ministre de Georges Pompidou, de critiquer les choix gouvernementaux.

Pour le député UDR de la Moselle, la programmation militaire 1977-1982 consacre l'abandon de la priorité donnée, de longue date, aux armes nucléaires par les prédécesseurs à l'Élysée de V. Giscard d'Estaing, et elle maintient un service militaire qui est devenu une « corvée » inégalement répartie entre les jeunes Français.

« Les régimes totalitaires, explique P. Messmer, s'accommodent très bien du service militaire et de nombreuses démocraties préfèrent les armées de métier. Il faut une solution de remplacement à la conscription. »

Querelle

Au cours du débat au Parlement sont réapparues les discussions entre les adeptes de la dissuasion nucléaire, qui refusent la bataille classique de front en Europe, et les partisans de la riposte graduée, qui sont accusés de dévaluer la dissuasion en acceptant, à l'ère de la parité nucléaire entre les États-Unis et l'Union soviétique, que l'Europe devienne le champ de bataille des deux grandes puissances par alliés interposés.

La querelle rebondit après la publication, par la revue Défense nationale de juin 1976, des propos du général Méry, chef d'état-major des armées, sur les rapports de la France avec la stratégie alliée, et après des déclarations de V. Giscard d'Estaing, le mardi 1er juin 1976, devant les stagiaires de l'Institut des hautes études de défense nationale.

OTAN

Pour sa part, avant de s'envoler pour un voyage officiel en République populaire de Chine, le général Méry concède que la France pourrait être conduite par les circonstances à participer, aux côtés de ses alliés de l'OTAN, à la bataille dite de l'avant, aux frontières orientales de la République fédérale d'Allemagne. Il conclut qu'il ne peut pas y avoir de défense européenne sans une alliance avec les États-Unis.

De son côté, le chef de l'État insiste sur la nécessité de renforcer l'armée classique, dès lors que la menace nucléaire n'est pas crédible en toutes circonstances, et il admet que le territoire français sera, dès le départ, dans « l'espace de la bataille générale » s'il advenait un conflit en Europe.

Quelques jours auparavant, le Premier ministre avait affirmé que l'indépendance ne signifie pas la solitude et que l'effort nucléaire de la France contribue, en toute logique, à la sécurité générale de l'Europe occidentale et de ses alliés.

Cette nouvelle conception stratégique, si elle est appréciée en République fédérale d'Allemagne, est vivement dénoncée en Union soviétique. En France, aux critiques de l'opposition de gauche s'ajoutent des réactions de désapprobation de la part de nombreux gaullistes, qui estiment que V. Giscard d'Estaing n'est plus dans le droit-fil de la politique de ses prédécesseurs. Tant P. Messmer que M. Debré et G. Palewski, sans oublier Alexandre Sanguinetti dans un livre intitulé Pour une nouvelle résistance, condamnent ce déviationnisme et les risques d'une subordination à l'OTAN.

L'extension du camp du Larzac déclarée d'utilité publique

Le Conseil d'État a rejeté, le 5 mars 1976, le recours dirigé contre la déclaration d'utilité publique de l'extension du camp du Larzac, dans l'Aveyron. Ce recours avait été déposé, principalement, par des exploitants agricoles dont les terrains devaient être expropriés à l'occasion de ce projet d'agrandissement du camp militaire du Larzac qui fera passer la superficie actuelle du domaine militaire de 3 000 à 16 000 ha. Suivant les conclusions du commissaire du gouvernement, l'assemblée du contentieux du Conseil d'État a fait application de la jurisprudence selon laquelle une opération ne peut légalement être déclarée d'utilité publique que si les atteintes à la propriété privée ou à d'autres intérêts généraux, le coût financier et éventuellement les inconvénients d'ordre social ne sont pas excessifs par rapport à l'utilité présentée.