Commerce extérieur
Le déficit revient avec la reprise
Avec l'envolée des prix du pétrole brut, la balance commerciale était fortement déficitaire, de 16,9 milliards de F en 1974. Contraste marquant en 1975 : la balance opère un spectaculaire redressement, en renouant même avec l'excédent. Le solde positif atteint 6,8 milliards, soit le niveau qu'il avait en 1973. Et cet excédent permet de retrouver l'équilibre de la balance des paiements courants, celle-ci passant de – 28,8 milliards en 1974 à + 1,2 milliard de F en 1975.
Force est de constater que ce résultat s'inscrit dans un contexte de récession générale et de baisse de la production mondiale (la première qui soit intervenue depuis la Seconde Guerre). Le commerce international est touché de plein fouet : son volume, pour l'ensemble de l'année, régresse d'environ 6 % par rapport à 1974. Ce net recul est un fait unique dans l'histoire des échanges des trente dernières années.
Comptabilisées en termes FOB, or et matériel militaire inclus, les importations globales françaises (220,4 milliards) baissent de 8 % en valeur sur 1974, tandis que les exportations (227,2 milliards) n'accusent qu'un accroissement de 2 %. Le taux de couverture des importations par les exportations remonte de 93 à 103,1 %.
En réalité, mesurée en volume, à prix constants, la contraction prononcée des achats est de l'ordre de 8 % et l'évolution des ventes traduit, cette fois, une baisse d'au moins 4 %.
Les biens d'équipement et l'automobile constituent, sans conteste, fort heureusement, le moteur des exportations françaises. Mais, à leur excellente tenue, s'oppose une chute, parfois sensible, dans les autres grands groupes de marchandises. Malgré d'importantes livraisons de matériel sur les marchés extérieurs, liées à de gros contrats remportés par l'industrie française ces toutes dernières années, l'amélioration de la balance commerciale trouve très largement sa source dans le repli accentué des importations. C'est la conséquence logique du ralentissement de l'activité économique, du fléchissement de la demande intérieure au niveau de la consommation et des biens d'investissement. En cela, le redressement de la balance commerciale est fragile, artificiel, car il ne repose pas sur des bases saines.
Contrastes
Déjà amorcée à la fin de l'été 1974, la baisse des importations se fait pleinement sentir au cours de la première moitié de 1975. On est alors au creux de la vague. Le bas niveau des approvisionnements en pétrole est un révélateur parmi d'autres : moins de 52 millions de t au premier semestre, contre environ 65 millions de t au titre de chacun des semestres de 1974. Durant cette période, la poursuite de l'affaiblissement des prix mondiaux de matières premières de même qu'une certaine appréciation du franc (+ 15 % entre mai 1974 et juin 1975), par rapport en particulier à la livre sterling et au dollar (monnaies généralement utilisées pour la cotation des prix et le règlement des transactions portant sur le pétrole et les produits de base), rendent moins cher le coût en francs des importations.
À partir de l'été, la récession mondiale se stabilise ; puis elle fait place à une reprise. Les économies occidentales repartent, aidées par les mesures de réactivation prises par les gouvernements. Les marchés des pays industrialisés retrouvent progressivement plus de vigueur ; mais leur demande n'influe encore guère positivement sur le rythme des exportations françaises, dont le niveau mensuel moyen se maintient autour de 19 milliards de F au quatrième trimestre.
En revanche, avec la remontée du dollar et une descente du franc (de 5 % jusqu'au début de 1976), avec la décision des pays de l'OPEP d'augmenter de 10 % le prix du pétrole brut à partir du 1er octobre et une réorientation à la hausse des cours mondiaux des matières premières, les importations renchérissent.
À la rentrée, le redémarrage de l'économie se confirme, les différentes composantes de la demande se relèvent d'une manière quasi simultanée, le processus de déstockage se ralentit, les comportements restrictifs de la fin 1974 commencent à s'estomper. Et cela stimule les importations, dont l'allure est désormais beaucoup plus rapide que celle des exportations. Le temps des forts excédents mensuels de la balance (1,2 milliard en mai, 2,5 milliards en juin, 1,3 milliard en juillet, par exemple), puis de l'équilibre, connu depuis le début de l'année, cède la place, en décembre, à celui de sensibles déficits.