La plupart des observateurs, enfin, notent que les sectes répondent à un besoin de sécurité très vif dans un monde en plein bouleversement, où les certitudes les mieux assurées paraissent s'effondrer les unes après les autres. Les anciennes normes morales ne paraissent plus adaptées, elles ne balisent plus la route à suivre. Bien des esprits en désarroi sont donc à la recherche d'un point fixe où s'ancrer. Dans les sectes, groupes très structurés, les réponses à toutes les questions sont précisées dans le moindre détail.
En somme, les sectes semblent préfigurer un monde simple, chaleureux, où le bien et le mal sont bien délimités, où l'on peut s'en remettre à la direction et aux conseils de responsables éclairés. Bref, un monde reposant. Et leur développement est un nouveau signe du mal de vivre de notre société.
Marées noires
La marée noire retrouve la une des journaux. Neuf ans après l'affaire du Torrey Canyon qui dévasta les côtes anglaises et bretonnes (Journal de l'année 1966-67), des accidents analogues sont à l'origine de deux catastrophes écologiques ; dans l'île d'Ouessant et dans la baie de La Corogne, en Espagne.
Le pétrolier géant Olympic Bravery (280 000 t), flambant neuf, quitte le port de Brest le 23 janvier 1976 à 19 h. Sous pavillon libérien, il appartient à la compagnie Onassis. Le lendemain, à 8 h 07, l'Olympic s'échoue au nord de l'île d'Ouessant. La préfecture du Finistère, pendant vingt et un jours, laisse à l'armateur le soin de veiller sur le navire et de prendre toutes les dispositions pour vider les soutes, qui contiennent 1 250 t de mazout. Rien n'est entrepris. Et le 13 mars, c'est la tempête. L'Olympic Bravery se brise sur les rochers.
Le gouvernement français se décide alors à déclencher le plan Polmar. Il faut plus d'un mois aux spécialistes hollandais pour colmater les brèches de l'Olympic et pomper les 400 t de mazout qui restent dans le navire. Des semaines d'un travail acharné sont nécessaires pour que les militaires viennent à bout des 800 t de mazout répandues sur les plages.
La querelle des responsabilités (armateur, administration française) n'est toujours pas tranchée.
En Espagne, quatre mois plus tard, le 12 mai, un même drame se joue. Le pétrolier Urquiola heurte un écueil à l'entrée du port de La Corogne ; le navire explose. Il transporte 120 000 t de pétrole brut. Une soixantaine de plages sur plus de 100 km sont dévastées. La pollution continue de s'étendre. Les Îles Canaries et le Maroc sont menacés.