Le fonds d'investissement national, une sorte de caisse d'épargne créée en juin 1974, a permis de geler une partie des pétrobolivars et de constituer un capital de réserve qui devrait se monter en 1979 à quelque 32 milliards de bolivars.
La crise internationale, qui provoque une baisse de la demande, impose aux dirigeants une politique réaliste. Les programmes d'investissement sont réduits ; la production pétrolière est diminuée de 20 % ; les dépenses publiques d'autant. Le pétrole se vend moins bien, mais surtout moins cher que prévu. Les nappes pétrolifères d'extraction facile sont aux deux tiers épuisées ; mais les réserves de l'Orénoque (malgré des estimations très variables) se situent parmi les plus importantes du monde, avec de surcroît les 3 500 km de côtes pratiquement inexplorées et la plate-forme sous-marine.
La baisse des exportations s'accompagne d'un accroissement des importations, qui ont doublé en deux ans et demi.
L'agriculture, secteur prioritaire qui bénéficie d'investissements considérables, reste à un niveau de production très médiocre. Les paysans désertent la campagne pour la ville ; ils viennent grossir le nombre des marginados. Ce qui rend encore plus difficiles les problèmes de chômage, de logement, de santé et en particulier de nutrition.
L'inflation (+ 15 et 20 %) amène une hausse du coût de la vie supérieure à l'augmentation des salaires, et accentue ainsi les inégalités sociales. Les observateurs font le même constat, lapidaire : richesse publique mais misère privée.
Dernière carte
Sur le plan intérieur, majorité et opposition maintiennent de bonnes relations. La personnalité du président Carlos Andres Perez, ancien ministre de l'Intérieur, qui avait suscité d'assez vives réserves de la part de ses adversaires au moment de l'élection présidentielle (Journal de l'année 1973-74), paraît aujourd'hui mieux acceptée et plus estimée. La gauche pourtant progresse, notamment le Mouvement vers le socialisme (MAS). La démocratie libérale joue sa dernière carte, répète le président : elle sera jugée sur sa capacité à mettre en train une véritable politique sociale en profitant de ses importantes ressources financières.
Fervent partisan du dialogue Nord-Sud, membre influent de l'OPEP, le Venezuela se fait aussi l'avocat des pays du tiers monde les plus démunis, auxquels le Fonds d'investissement consacre une part de ses prêts. Quant aux efforts d'intégration régionale (Journal de l'année 1974-75) entrepris par l'intermédiaire du SELA (système économique latino-américain), ils semblent marquer le pas.