Le fer de lance de l'opposition est toujours constitué par les mineurs (dont les dirigeants syndicaux dénoncent la « dictature » du chef de l'État) et par les étudiants (en février trois universités qualifiées de « subversives » sont fermées à La Paz, Potosi et Cochabamba). Cependant les ouvriers et les paysans, qui jusque-là étaient plutôt favorables au régime, commencent à manifester un certain mécontentement, alimenté par la politique d'austérité décidée par le gouvernement (blocage des salaires).

Et, le 9 juin, le gouvernement dénonce un complot et instaure l'état de siège. Des arrestations sont opérées dans tout le pays. L'armée occupe les centres miniers de l'Altiplano et les stations de radio. Étudiants et mineurs déclenchent une grève illimitée le 14 juin.

Division

L'armée elle-même, soutien inconditionnel du régime, ne semble plus aussi unie que par le passé. L'objet ou le prétexte de cette division : le problème de l'accès du pays à l'océan Pacifique. En décembre, le Chili propose à la Bolivie un couloir qui lui permettrait de retrouver une partie du littoral qu'elle avait perdu en 1879. En échange, Santiago demande une compensation territoriale. Le général Banzer considère ces propositions comme une « base globalement acceptable de négociation », mais beaucoup d'officiers les déclarent irrecevables, estimant qu'elles portent atteinte à l'intégrité territoriale. Les mesures de mutations, de mises à la retraite et d'exils prises par le chef de l'État à l'égard de plusieurs généraux et colonels ne sont pas parvenues, semble-t-il, à rétablir l'unité des forces armées.

Le 11 mai 1976, l'ambassadeur de Bolivie en France, Joaquin Zenteno Araya, est assassiné avenue du Pt Kennedy, à Paris. Il était ancien ministre des Affaires étrangères et ancien chef d'état-major de son pays. Le crime a été revendiqué par les Brigades Che Guevara.

Brésil

Brasilia. 104 240 000. 12. 2,8 %.
Économie. PNB (72) : 513. Production : A(73) 1 461. Énerg. (*73) : 566. C.E. (72) : 8 %.
Transports. (72) : 11 489 M pass./km, 18 580 M t/km. (72) : 3 069 200 + 809 300.  : 2 429 000 tjb. (73) : 3 351 M pass./km.
Information. (71) : 261 quotidiens ; tirage global : 3 498 000. (72) : *6 000 000. (72) : *6 600 000. (67) : 1 911 200 fauteuils ; fréquentation : 234,7 M. (73) : 2 415 000.
Santé. (70) : 46 051.
Éducation. (71). Prim. : 13 640 967. Sec. et techn. : 4 562 123. Sup. : 569 230.
Institutions. État fédéral. République présidentielle. Constitution du 30 octobre 1969. Président et chef de l'exécutif : général Ernesto Geisel, élu le 15 janvier 1974 ; succède au président Garrastazu Medici.

Le dialogue interrompu

Les grands espoirs de libéralisation qu'avaient fait naître l'arrivée au Parlement d'une forte opposition et le désir du général Geisel, le chef de l'État, de rétablir un dialogue démocratique n'ont pas résisté à l'épreuve du temps. Par touches successives, directement ou indirectement, les militaires ont soit repris les rênes en main, soit obligé le président à céder à leurs exigences. « Derrière le pouvoir visible, il y a le pouvoir invisible », écrivait un commentateur politique dans le Jornal do Brasil. Ce pouvoir caché, c'est celui de l'appareil de sécurité, garant d'un ordre dont le président ne peut ni ne veut s'écarter. Si l'année 1974-75, consécutive aux élections législatives, a été celle de la détente, de la main tendue à l'opposition, l'année 1975-76 est celle du repli, sinon de la crispation.

Durcissement

Dès le mois d'août 1975, le général Geisel donne un sérieux coup de frein à la libéralisation. Dans une allocution télévisée, il dénonce « l'infiltration communiste » dans les journaux, les syndicats, l'administration, les partis politiques, et ajoute que cette infiltration est « suivie de très près par les services de sécurité ». Dénonciation d'autant plus surprenante que jusque-là l'opposition légale du MDB (Mouvement démocratique brésilien) apparaissait comme l'interlocuteur privilégié du président et s'était efforcée de ne pas le mettre dans une situation inconfortable. Quelques jours plus tard, le chef du MDB, Ulysses Guimaraes, réplique : « La libéralisation promise par le gouvernement n'est plus qu'une formule destinée à maintenir les lois d'exception. »