Il y a une trentaine d'années, le DDT avait prouvé une telle efficacité qu'on avait pu escompter la disparition totale du paludisme, voire de la maladie du sommeil. Il a fallu déchanter : chez plus de cent espèces d'insectes dangereux on a vu se développer la capacité de résister au DDT comme à d'autres pesticides.

Pollution

Une première parade consisterait à remplacer le composé devenu inopérant par un autre, de constitution chimique différente. Mais souvent le nouveau produit coûte bien plus cher que l'ancien. Il peut aussi être beaucoup plus toxique pour l'homme et les animaux utiles. Les insecticides sont presque tous polluants : on ne s'en sert que si leurs avantages l'emportent sur les risques qu'ils présentent pour l'environnement.

Pour savoir jusqu'où l'on peut aller avec un produit nouveau, il est nécessaire de se livrer à des recherches préalables, qui grèvent encore le prix de revient. L'application du produit peut requérir des mesures de sécurité particulières, que certains États sont incapables d'assumer.

Tout en rappelant que les pesticides chimiques ont grandement réduit l'incidence de fléaux comme le paludisme, la peste, la fièvre jaune, la maladie du sommeil, l'OMS admet qu'ils ne peuvent plus être considérés comme une arme absolue. La transmission du paludisme a repris dans plusieurs régions où on la pensait éteinte, en raison de la résistance au DDT acquise par les moustiques anophèles.

Rationalisation

Les experts réunis par l'OMS ont passé en revue les autres méthodes de lutte récemment expérimentées, en particulier la lutte génétique, qui consiste à introduire dans une population d'insectes des mâles stériles, et la lutte biologique, par l'introduction dans le milieu naturel de prédateurs naturels des insectes.

Il n'est pas question d'abandonner l'arme chimique, mais de l'utiliser plus rationnellement. Les experts insistent sur la nécessité de procéder à des études écologiques qui permettraient d'obtenir un effet maximal tout en réduisant la quantité d'insecticide utilisée. Ainsi, depuis que l'on a montré que les lieux de repos de la mouche tsé-tsé, qui véhicule la maladie du sommeil, ne constituent qu'une infime partie de l'habitat de cet insecte, on a pu réduire de neuf dixièmes la quantité d'insecticide utilisée sans nuire à son efficacité. Il a suffi pour cela de répandre l'insecticide uniquement sur les lieux de repos.

En définitive, le comité recommande une approche intégrée du problème, utilisant toutes les méthodes connues, y compris la manipulation de l'environnement, les mesures d'assainissement, l'épandage d'insecticides et, quand les circonstances le permettent, les méthodes biologiques et génétiques. C'est précisément l'attitude qu'ont adoptée en France les spécialistes de l'Institut national de la recherche agronomique.

Sciences/Techniques

Les nodules de manganèse

Révélés par l'expédition du Challenger (1873-1876), les nodules de manganèse des grands fonds océaniques intéressent les pays industriels depuis une quinzaine d'années seulement. On sait encore peu de choses sur eux, si ce n'est que les nodules du Pacifique oriental (approximativement entre les parallèles 5° et 20° Nord et les méridiens 110° et 180° Ouest) ont une composition moyenne qui les rend intéressants dans les conditions actuelles du marché des matières premières.

Teneur moyenne des nodules

Pacifique : manganèse 24,2 % ; fer 14 % ; cobalt 0,35 % ; nickel 0,99 % ; cuivre 0,5 %.

Atlantique : manganèse 16,3 % ; fer 17,5 % ; cobalt 0,31 % ; nickel 0,42 % ; cuivre 0,2 %.

Réserves (selon des estimations encore mal prouvées) :

Monde : 600 à 800 milliards de tonnes (?).

Zone favorable du Pacifique : 40 milliards de tonnes (?).

Métaux

On parle communément de nodules de manganèse ; il serait plus exact de dire nodules polymétalliques. Les composants principaux, certes, sont le manganèse et le fer. Mais les nodules contiennent des teneurs non négligeables en nickel, en cuivre et en cobalt (et de très nombreux autres éléments métalliques, notamment le titane et le molybdène) ; ce sont ces trois métaux nobles qui font actuellement toute leur valeur. Le manganèse ne sera guère qu'un sous-produit éventuel. Quant au fer, personne n'envisage de l'extraire pour le moment. Dans l'état actuel du marché des matières premières, les seuls nodules intéressants sont ceux qui contiennent au moins 2,5 % de leur poids de nickel, de cuivre ou de cobalt, et, en outre, les champs que l'on puisse rentablement exploiter doivent avoir une densité de 10 kilos de nodules au mètre carré.

Volcanisme

On a longtemps pensé que les nodules polymétalliques, formés d'un noyau-amorce enrobé de couches concentriques très fines et riches en métaux, s'étaient constitués très lentement, au rythme moyen de un à cinq millimètres par million d'années. Cette opinion est encore la plus communément admise. Mais, depuis 1973, Claude Lalou (du Centre des faibles radioactivités, CNRS-CEA) a suggéré une hypothèse fondamentalement différente. Les nodules se seraient formés très brutalement, très rapidement et assez récemment (il y a quelques milliers d'années) sous l'effet de violents phénomènes liés au volcanisme sous-marin.