La carte proposée aux élus se divise en cinq zones : une zone centrale, où le plafond est limité à 25 mètres ; des secteurs d'intérêt particulier (butte Montmartre, colline de Chaillot, parc Montsouris, etc.) où les hauteurs autorisées évoluent entre 15 et 20 mètres ; des zones d'accompagnement où les constructions ne devront pas dépasser 31 mètres ; des zones périphériques où les limites varient de 45 à 50 mètres (ces zones étant, pour la plupart – Lyon-Bercy, Italie, Plaisance-Montparnasse, place des Fêtes, etc. – déjà concernées par de vastes opérations de rénovation) ; enfin, des zones « de nouveaux sites » dans lesquelles le projet prévoit d'autoriser « une libération des volumes encore plus prononcée ».
Dérogations
C'est seulement vers la fin de 1974 que ce plan devrait être rendu public, après études, discussions et – qui sait ? – agrément de toutes les nombreuses administrations concernées. Mais cette arme, d'apparence redoutable, saura-t-elle mettre un terme aux éternelles dérogations qui, pour d'obscures raisons, tournent si aisément les lois les plus sévères, et laissent s'épanouir de-ci de-là des immeubles dont l'interminable verticalité n'a d'intérêt que pour leurs promoteurs ?
Évry, une tentative enfin contemporaine
Il est bien dommage que les concours d'architecture s'avèrent dans tous les cas aussi coûteux – en peine comme en argent – pour les candidats. Généralement seuls les gagnants sont payés de leur mal.
On l'a bien vu, une fois encore, lors du concours lancé pour la ville d'Évry : pour dessiner le visage qu'aura dès demain l'une des cinq villes nouvelles avoisinant la capitale, les concurrents ont fait assaut d'idées. De la mêlée, Michel Andrault et Pierre Parat sortent en vainqueurs. Une fois de plus, serait-on tenté de dire. Cette équipe de jeunes (ils sont nés respectivement en 1926 et 1928) avait déjà su s'imposer de longue date, et ne compte plus les références de premier plan, aussi bien en matière de logement que d'immeubles à usage de bureaux, architecture industrielle, etc.
Pour Évry, ils ont tout naturellement opté en faveur d'une ville (7 000 logements) résolument contemporaine, à savoir un ensemble qui se veut d'abord vivant, où rues et ruelles, places et placettes devront recréer ce qui manque si fortement (si irrémédiablement aussi) à tant de ces grands ensembles semés en lisière des centres urbains traditionnels. Et, précaution essentielle sans laquelle on ne devrait désormais jamais plus concevoir – dût-on déplaire à trop de promoteurs, voire à nombre d'usagers –, les architectes ont décidé de rendre la rue aux piétons et d'en bannir l'automobile.
L'architecture imaginée par Andrault et Parat procède tout entière du principe pyramidal ; les immeubles sont tous en forme de pyramide. Outre le fait que ce choix permettra de doter chaque appartement d'une terrasse, il faut souligner encore qu'une telle option a pour effet premier de modeler la composition générale et, par le jeu des gradins et des volumes qu'ils déterminent, de donner à l'ensemble une allure de paysage avec ses coteaux et ses collines judicieusement répartis.
Le projet de l'AUA (Atelier d'urbanisme et d'architecture), auquel sont allés bien des suffrages et le deuxième prix, présentait lui aussi un profond intérêt. Mais, à l'inverse du projet qui est arrivé en tête, celui-ci se voulait presque monobloc, gigantesque mais non sans élégance – une élégance relativement brutale –, et se caractérisait par son implantation littéralement à cheval sur un axe routier important.
Cylindrique
Autre concours ouvert celui-là par l'ORTF et auquel devaient participer 27 candidats à la palme. Concours discutable, puisque toute la technique, tout l'intérieur de l'ensemble avaient été déterminés par les ingénieurs de l'Office, et que les architectes devaient se contenter seulement de l'habiller extérieurement.
Cette tour, qui s'intégrera parmi celles du Front de Seine, pouvait difficilement être très différente de ses voisines. Les auteurs du projet primé, Novarina et Laborde, l'ont vue plutôt comme une sculpture, cylindrique, qui tranchait parmi d'autres bâtiments dont la banalité, dans l'ensemble, était la seule caractéristique.