Membre du Conseil mondial de la paix et du Comité soviétique pour la défense de la paix, il avait, avant son élection, de fréquents contacts avec les dignitaires soviétiques et, lors des réceptions officielles, avec les diplomates en poste à Moscou. En revanche, il est peu connu à l'étranger, où il n'a guère eu l'occasion de faire des déplacements.
Dès son élection, le patriarche Pimen déclare : « L'Église orthodoxe russe suivra fermement la ligne patriotique de notre défunt patriarche. » Cette phrase a généralement été interprétée comme une déclaration de loyalisme à l'égard de l'État soviétique. Sur le plan religieux, cependant, le nouveau patriarche est considéré comme un homme dont la foi est très profonde et l'on souligne l'importance qu'il attache à la formation d'un clergé de valeur.
Le concile local de l'Église russe est composé d'évêques, de clercs et de laïcs. Il détient le pouvoir suprême sur les plans législatif, administratif et judiciaire. Pourtant, il ne s'était pas réuni depuis l'élection du patriarche Alexis en 1945.
L'une des personnalités les plus importantes de l'Église russe contemporaine, le métropolite Nikodim, qui a effectué de nombreux voyages à l'étranger, a soutenu en 1970 une thèse de doctorat en théologie devant le jury de l'Académie ecclésiastique de Zagorsk sur le sujet : « Jean XXIII, pape de Rome ».
Proche-Orient
L'archevêque d'Alep Elle Moawwad est élu en septembre 1970 patriarche grec-orthodoxe d'Antioche, en remplacement de Théodose VI, décédé. Il prend le nom d'Elias IV. Personnalité brillante parlant cinq langues, il appartient à la tendance progressiste de son Église. Son élection marque la victoire de cette tendance animée par le Mouvement de la jeunesse orthodoxe et qui lutte depuis près de trente ans pour un renouveau. Elle traduit aussi l'écrasement des tendances séparatistes qui s'étaient manifestées en 1969 en contestant la légalité de l'élection de certains évêques, avec l'appui du gouvernement syrien.
En Égypte, le patriarche copte-orthodoxe d'Alexandrie, Cyrille VI, meurt en mars 1971. Depuis son avènement en avril 1959, il s'était employé à promouvoir le renouveau d'une Église affaiblie par des dissensions internes. Aujourd'hui, la vitalité de l'antique chrétienté égyptienne remontant à l'origine du christianisme se manifeste par le développement d'un intense mouvement catéchétique et par la formation de communautés de jeunes, notamment en milieu scolaire et universitaire.
Éthiopie
L'abouna (évêque) Théophilos, archevêque du Harrar, est élu patriarche de l'Église copte-orthodoxe éthiopienne, le 6 avril 1971, par un collège électoral composé de membres du clergé et de laïcs. L'abouna Théophilos remplace le patriarche Basilios, mort six mois plus tôt. Depuis plusieurs années il assumait déjà la direction de fait de l'Église, Basilios étant très âgé et malade. L'abouna Théophilos a souvent représenté son Église dans des conférences œcuméniques. De ce fait, il est le seul évêque éthiopien qui connaisse bien le monde extérieur. Il appartient à la petite minorité qui, soutenue par l'empereur, s'emploie à moderniser une Église que des siècles d'isolement ont maintenue dans un état très archaïque.
Grèce
Le métropolite Pimen, qui assure l'intérim du patriarcat de Moscou, et le patriarche Cyrille de Bulgarie publient en juillet 1970 une déclaration commune protestant contre un projet du gouvernement grec de créer un centre touristique international au Mont-Athos, qui abrite, depuis l'Antiquité, des monastères dépendant des diverses Églises orthodoxes. En Grèce même, ce projet gouvernemental soulève de vives critiques dans certains milieux religieux. Au cours de l'année, l'Église russe multiplie les démarches auprès du patriarche de Constantinople et de l'archevêque d'Athènes pour dénoncer le refus du gouvernement grec de laisser entrer de jeunes moines russes qui voudraient s'installer dans le monastère slave de Saint-Pantelimon au Mont-Athos. Ce monastère n'est plus peuplé que de quelques vieux moines. L'extinction progressive de la communauté inquiète l'Église russe.
France
Paul Eudokimov meurt à Paris le 16 septembre 1970, à l'âge de 69 ans. C'était l'un des plus grands théologiens orthodoxes contemporains, l'un de ceux qui ont le plus contribué à faire connaître la pensée chrétienne orientale en Occident. Laïc, il enseignait la théologie à l'Institut orthodoxe Saint-Serge de Paris. Pionnier de l'œcuménisme, il avait consacré plusieurs ouvrages à la théologie de la rencontre entre chrétiens séparés.
Israélites
Le sort des communautés russes
Deux grandes séries de tensions politiques et religieuses marquent l'histoire des communautés juives.