À part les conséquences dont il a été question plus haut, et qui sont les mêmes pour tous les pays consommateurs, l'intransigeance de l'Algérie ne devrait pas présenter d'inconvénients particuliers pour la France. Le pétrole algérien ne représente que le quart de ses approvisionnements et, à supposer le pire, pourrait être aisément remplacé par du pétrole d'une autre origine. Les conséquences sont beaucoup plus graves pour la gestion des compagnies exploitantes, la Compagnie française des pétroles (Total) et surtout l'Erap (Elf). L'essentiel des ressources en brut de cette dernière, malgré des efforts récents de diversification, étaient situées en Algérie ; leur nationalisation risque de ravaler pour un temps l'Erap au rang d'entreprise de raffinage et de distribution, brisant ainsi son ambition de devenir une grande compagnie intégrée d'État.

Les conséquences

Quelles seront, en France, les conséquences des événements pétroliers sur l'évolution des autres énergies ? Faibles, semble-t-il, pour le charbon ; les syndicats de mineurs ont bien essayé de se prévaloir de la crise pour obtenir un étalement du plan de récession des Houillères, mais le calcul économique a montré que, malgré les hausses du prix du fuel, déjà acquises et à venir, le charbon français ne peut pas espérer rétablir sa compétitivité. En revanche, l'équipement nucléaire va recevoir un bon coup d'accélérateur. Le gouvernement a décidé le 26 février 1971 l'engagement, au cours du VIe Plan, d'une puissance électrique de 8 000 MW, ce qui correspond à la mise en chantier de deux centrales nucléaires par an. Comme il en avait été décidé à la fin de 1969, toutes ces usines utiliseront les techniques américaines à l'uranium enrichi.

Révision profonde

L'abandon de la filière française à l'uranium naturel a conduit le nouveau commissaire à l'énergie atomique, André Giraud, à réviser profondément les missions du CEA.

Le commissariat a été réorganisé en un certain nombre d'unités opérationnelles, qui devront chacune réaliser l'équilibre financier de leurs activités. Parmi les unités, l'une se consacrera à la recherche et à la production de combustibles nucléaires ; une autre prendra la forme d'un bureau d'ingénierie, qui fournira ses services aux entreprises privées à qui l'Électricité de France confiera la réalisation de son programme de réacteurs nucléaires.

Limite d'âge pour les administrateurs de sociétés

Une limite d'âge pour les administrateurs et les dirigeants des sociétés commerciales devra figurer désormais dans les statuts. En l'absence de ces dispositions, la loi du 31 décembre 1970 institue un âge légal de mise à la retraite. La limite est fixée à 65 ans pour le président du conseil d'administration ; passé ce seuil, la mise à la retraite est automatique. Pour le conseil d'administration, la loi fixe un quota : le nombre des administrateurs de plus de 70 ans ne peut être supérieur au tiers des membres. Le dépassement du quota entraîne la démission d'office du plus âgé.

Métallurgie

Une industrie bien assainie

Deux événements importants marquent en 1970-71 la sidérurgie française.

Sur le plan des structures des entreprises, le groupe lorrain s'est doté d'une organisation qui assure l'unité de gestion de ses principaux constituants : Wendel-Sidelor, Sacilor, Sol-lac et Solmer. Cette unité est incarnée en la personne de son PDG, Louis Dherse. Elle s'est réalisée à travers les contraintes du financement de la future usine littorale de Fos (Solmer), qui est la grande affaire du groupe pour les dix prochaines années.

La contribution du groupe sidérurgique lorrain, associant les De Wendel et Marpont (Pont-à-Mousson et Marine Firminy), n'a pu être dégagée que par l'intégration dans Wendel-Sidelor de la filiale sarroise de Marpont, la riche société des Forges de Dilling. Il en est résulté un renforcement de la position de ce dernier par rapport aux De Wendel.

Sur le plan de la conjoncture, le tassement qui s'était amorcé au début de 1970, après deux années de très forte activité, a duré plus longtemps que prévu ; ni l'automne 1970 ni le printemps 1971 n'ont vu la reprise.