La constitution permanente (la première dans l'histoire du pays), promulguée le 28 décembre, est résolument conservatrice : elle s'inspire des principes de l'Islam, garantit la propriété privée, favorise la représentation tribale et interdit explicitement la formation de partis politiques. Abstraction faite de la forme républicaine de l'État, elle offre de fortes analogies avec celle qui est actuellement en vigueur en Arabie Saoudite.

Le royaume wahabite reconnaît la République arabe du Yémen le 22 juillet 1970. Son exemple est suivi successivement par la France (le 24 juillet), la Grande-Bretagne (le 29 juillet), la Jordanie (le 15 août). Le régime de Sanaa bénéficie aussitôt de prêts et de facilités de crédits de la part de la France (fourniture et installation d'une station de télévision), de l'Allemagne fédérale (construction d'un nouvel aéroport), du Koweit, de l'Italie, de l'Espagne, etc. En juin 1971, les autorités yéménites évoquent l'éventualité d'un rétablissement des relations diplomatiques avec les États-Unis.

L'orientation nettement pro-occidentale du régime de Sanaa (accentuée par l'accession à la présidence du gouvernement, en mai 1971, de Ahmed Mohamed El Nooman, qui remplace Mohsen El Ayni, nommé ambassadeur à Paris) suscite un certain relâchement dans les relations avec les pays communistes. La Chine populaire continue cependant d'aider économiquement la République, tandis que l'URSS équipe l'armée. Plus d'un tiers des médecins qui exercent dans le pays sont originaires des démocraties populaires.

Les rapports entre la République arabe du Yémen et la République démocratique et populaire du Yémen (Aden) se tendent, en particulier quand cette dernière supprime de son appellation le qualificatif de Sud, laissant entendre qu'elle représente l'ensemble du Yémen.

Non seulement il n'est plus question d'unité entre les deux États (au sujet de laquelle un accord avait été conclu le 26 novembre 1970), mais Sanaa est accusé d'être de connivence avec l'Arabie Saoudite dans l'action subversive entreprise pour renverser le régime progressiste d'Aden.

Yémen (république démocratique et populaire du)

1 220 000. 4. 2,2 %.
Économie. PNB (63) 166. Énerg. (*68) : 428.
Information. (67) : *30 000. (63) : 14 400 fauteuils ; fréquentation : 0,2 M. (68) : 9 110.
Santé (66). 117. Mté inf. (66) : 79,9.
Éducation (67). Prim. : 56 267. Sec. et techn. : 18 185.
Institutions. Ancienne Fédération d'Arabie du Sud. État indépendant le 30 novembre 1967. Constitution de 1970. Président du Conseil présidentiel, créé en juin 1969 : Salem Ali Robaya, élu le 23 juin ; succède à Qahtan el-Chaabi, démissionnaire. Premier ministre : Mohamed Ali Haythem. Jusqu'au troisième anniversaire de l'Indépendance (30 novembre 1970), la République populaire et démocratique du Yémen portait le nom de Yémen du Sud.

Crise économique

La situation économique demeure critique. Le déficit du budget de l'année fiscale 1970-71 s'élève officiellement à 5 millions de livres sterling (le revenu global de l'État atteignant à peine le chiffre de 13,5 millions de livres) ; les dépenses dépassent les prévisions, malgré l'application de diverses mesures d'austérité. Le traitement maximal d'un fonctionnaire (en l'occurrence, un ministre) est fixé à 100 livres sterling ; le salaire moyen mensuel des employés de l'État ne dépasse pas les 30 livres. Cependant, le coût de la vie ne cesse d'augmenter (notamment en raison de l'imposition de nouveaux droits de douane), tandis que le chômage frappe 25 000 personnes dans la seule ville d'Aden, soit le tiers de la population potentiellement active.

Les raisons du marasme sont les mêmes depuis 1967 : la fermeture du canal de Suez prive le port d'Aden de revenus appréciables. Une centaine de navires, en moyenne, y jettent l'ancre mensuellement en 1970, alors que près de 600 bâtiments y faisaient escale en 1966. Cette même année, 150 000 passagers avaient visité le pays, contre une dizaine de milliers en 1970. De plus, les nationalisations de l'automne 1969 ont eu comme effet de freiner l'activité du secteur privé ; elles ont obligé l'État à assumer le passif d'entreprises déficitaires.

Conjurations

L'assise populaire du régime gauchiste instauré en juin 1969 parait se rétrécir. Fin septembre, d'imposantes manifestations de deuil se déroulent à l'occasion de la mort de Nasser, alors que les dirigeants soutenaient peu auparavant que « l'idéologie petite-bourgeoise du nassérisme » ne disposait d'aucune influence dans le pays. Quelques jours plus tard, le 17 octobre, cinq personnes sont condamnées à mort pour complot avant d'être exécutées le 23. Le 9 novembre, les autorités annoncent qu'une conjuration visant à provoquer la sécession de deux provinces (celles de Mahra et de Hadramout) avait été éventée.