La vie religieuse
Les catholiques
Rome face à deux problèmes : célibat des prêtres et non-catholiques
Le mariage des prêtres est un point sur lequel le grand public est particulièrement sensibilisé, comme si cette révolution dans le statut clérical était le signe évident d'une réforme profonde de l'Église romaine dans le sens de la modernité. Cette vision des choses est d'ailleurs renforcée par les prises de position très avancées de l'Église hollandaise ; lors du Concile pastoral hollandais, en janvier 1970 (sous la présidence du cardinal Alfrink), une large majorité se dégage en faveur d'un clergé marié.
Dans une lettre publique adressée au cardinal Villot, secrétaire d'État, le 4 février 1970, le pape demande au clergé et aux laïcs hollandais de reconsidérer leur attitude, car « une autre décision aurait des conséquences incalculables ». Si un changement de la discipline doit intervenir, il doit être limité à « des cas locaux d'extrême nécessité » examinés par le pape « en union avec le synode ».
Réforme du calendrier
Le nouveau calendrier général de l'Église romaine entre en vigueur le 1er janvier 1970. Il s'inspire du désir de Vatican II de ne célébrer que les saints les plus importants, afin de mettre en évidence que ce culte est secondaire par rapport à celui du Christ. D'autre part, ce calendrier se veut représentatif de tous les siècles et de tous les continents et fait une plus grande place aux laïcs. Il faut noter aussi l'élimination de 44 saints quasi légendaires, comme sainte Barbe, sainte Catherine, saint Christophe, saint Placide, etc.
Éducation des prêtres
Pourtant, devant la pénurie des vocations ecclésiastiques et religieuses, Paul VI a conscience de la nécessité d'une réforme profonde dans la formation d'un clergé qui, selon lui, ne doit être « ni bigot ni sécularisé ». Si, d'une part, il invite les prêtres à renouveler publiquement chaque année, le jeudi saint, leurs vœux de célibat et d'obéissance, il encourage la mise en place d'une loi – cadre pour l'éducation des futurs prêtres. Cette loi – cadre, présentée à la presse, le 17 mars, par le cardinal Garrone, préfet de la Congrégation pour l'éducation catholique, est destinée, compte tenu des particularités locales, à donner aux séminaristes (180 000 en 1970) une « meilleure santé morale, spirituelle, physique et psychologique » ; elle insiste sur la nécessité d'une éducation sexuelle et affective.
Rome décide, d'autre part, que l'ordination sera désormais suivie d'une « année pastorale » comprenant un cours de perfectionnement.
Pour les religieux, une nouvelle liturgie de la Profession est mise en place en février, caractérisée par « plus d'unité, de sobriété et de dignité ».
Sur le plan de l'œcuménisme, l'élan créé à Vatican II s'est ralenti : une certaine méfiance semble s'instaurer dans les relations avec les non-catholiques dès qu'il s'agit d'applications pratiques au niveau de la doctrine.
À l'actif de l'Église romaine, il faut mettre l'édition, en octobre 1969, d'un fascicule sur le dialogue avec les musulmans et la création, dans les séminaires, d'un enseignement interconfessionnel déjà appliqué dans diverses universités catholiques. Dans le courant du mois de mars, un rabbin est admis à enseigner à l'Université grégorienne de Rome.
À la veille de l'ouverture de la semaine de prières pour l'unité des chrétiens (18-25 janvier), le secrétariat romain pour l'unité rappelle que les règles interdisant les célébrations eucharistiques communes avec les Églises non catholiques restent en vigueur. L'approbation par consistoire, le 18 mai, de la canonisation de 40 martyrs anglais du XVIe siècle crée, dans les milieux anglicans, un grave malaise.
Le problème des mariages mixtes reste l'une des pierres d'achoppement sur la route du rapprochement entre catholiques et non-catholiques. De ce point de vue, le Motu proprio matrimonia mixta de Paul VI, publié le 29 avril 1970, n'apporte que des palliatifs ; il déclare que l'évêque (et l'évêque seul) peut permettre le mariage devant un ministre non catholique, mais rappelle que l'Église reste réticente devant ces mariages, « signe de la division des chrétiens ».
Contre les tortures
Ces ombres, ces restrictions ne doivent pas faire oublier que Rome reste attentive à tous les problèmes qui touchent et souvent aliènent l'homme moderne.