– La Régie nationale des usines Renault (RNUR) est maintenant dotée d'un capital dont le montant initial est égal à la valeur comptable du fonds de dotation tel qu'il figure au bilan de l'année 1968.

– Les trois quarts des actions demeurent la propriété de l'État.

– Le quart restant a été distribué au personnel ; il représente l'intéressement des salariés, lesquels peuvent donc siéger au conseil d'administration de la Régie en tant qu'actionnaires.

– Les actions sont nominatives et négociables, mais elles ne sont cessibles qu'aux membres du personnel, à l'État, à la Régie elle-même ou à un fonds spécial créé au sein de la Régie à cet effet.

– Les salariés, lorsqu'ils quittent la Régie, peuvent conserver leurs actions. Elles sont transmissibles par héritage au conjoint et aux descendants en ligne directe.

– Le nombre d'actions que chaque personne physique peut détenir à elle seule est limité.

Chômage technique : chômage provisoire imposé par l'arrêt de la production dans un atelier.

Grève sauvage ou grève spontanée : arrêt de travail décidé par une partie ou par l'ensemble des ouvriers et employés d'une entreprise sans l'accord ou contre l'avis des dirigeants syndicaux.

Grève thrombose ou grève bouchon : cessation du travail dans un atelier déterminé de façon à paralyser l'ensemble de l'entreprise.

De Séguy à Nicoud

La CGT cède le devant de la scène aux commerçants et aux chauffeurs routiers. On attendait Georges Séguy, c'est Gérard Nicoud qui apparaît. Le CID donne le ton avec l'opération de barrage des routes « poisson d'avril », le 23 mars. Aussitôt, les chauffeurs routiers, privés du droit d'utiliser les autoroutes pendant le week-end de Pâques, prennent le relais et bloquent la circulation sur les grands axes et sur les boulevards périphériques. Georges Séguy croit y voir une confirmation de sa petite phrase sur le septennat. L'émiettement de la profession en une multitude de petits syndicats rend les négociations laborieuses. Finalement, le gouvernement revient sur ses décisions. « L'adjudantisme ne passe vraiment plus », conclut le Monde.

Pendant ce temps, les salariés commencent à s'agiter. La CFDT a relancé le mouvement revendicatif, avec deux grèves de la faim : l'une en janvier, aux Nouvelles Galeries, à Saint-Laurent-du-Var ; l'autre à la SNIAS, en Loire-Atlantique. Les conflits se multiplient partout : à Air France, hôtesses, stewards, aiguilleurs du ciel cessent le travail en alternance ; aux PTT, les débrayages tournants affectent la plupart des centres ; les journalistes font grève pendant vingt-quatre heures pour obtenir une revalorisation de leur profession ; chez Berliet les débrayages se poursuivent pendant plusieurs mois à propos d'un accord d'entreprise finalement dénoncé par toutes les parties.

Même les CRS s'opposent au projet de réforme de leur corps mis au point par le ministre de l'Intérieur. Un seul signe de détente à la fin de cette année maussade : un accord est signé à la SNCF par tous les syndicats, sauf la CGT. Le texte garantit une progression du pouvoir d'achat de 2 %, une diminution d'une heure et demie de l'horaire de travail, une procédure de conciliation pour les conflits locaux et des garanties pour les cheminots mutés.

Unité sans lendemain

Partout, les discussions se poursuivent dans le secteur public. Elles sont appuyées par des débrayages, çà et là, qui durent jusqu'à vingt-quatre heures : grève du zèle des douaniers, grèves répétées chez les fonctionnaires des Finances, semaine d'action aux PTT, grève prolongée des éboueurs parisiens, etc. Soucieuse de garder l'initiative, la CGT propose, début avril, une semaine d'information, d'actions et de manifestations. Hormis une dénonciation commune des « menaces que suscite le VIe plan », CGT et CFDT ne s'accordent pas sur cette initiative, jugée prématurée par la CFDT. La loi anti-casseurs, cependant, a pour résultat immédiat de ressouder le front syndical désagrégé. On peut en juger le 1er mai : toute l'opposition de gauche défile au coude à coude de la Bastille à la République. Unité sans lendemain. À force d'hésitations et de réticences, les syndicats se retrouvent à la veille de l'été sans champ de bataille.