Dans une large mesure, cette diversification est historiquement inéluctable. On peut cependant en réduire les effets, d'une part grâce à un effort normatif concerté entre les pays intéressés, d'autre part en enrichissant la langue française commune d'éléments venus de tous ces pays. Le Conseil envisage la publication d'un glossaire dans lequel seront recueillis les apports du monde francophone au français universel.
– La nécessité d'introduire chaque année de nouveaux termes scientifiques et techniques conduit à un recours abusif aux vocabulaires étrangers et surtout à l'anglo-américain.
D'abord employés par les spécialistes, beaucoup de ces néologismes s'infiltrent rapidement dans le langage courant. Sans les proscrire systématiquement, il est préférable, quand on le peut, de créer un terme français plutôt que de prendre un terme anglo-saxon qui favorise les imprécisions et les impropriétés.
Les Canadiens francophones, dont le parler quotidien subit fortement la pression de l'anglais, semblent cependant se défendre mieux que les Français sur ce terrain du vocabulaire scientifique ou technique. Une normalisation pour tous les francophones est souhaitable.
Vingt et un pays
La prise en considération des problèmes de la langue française par un organisme international habilité à prendre des décisions ne risque-t-elle pas d'empiéter sur un domaine qui, en France, appartient traditionnellement à l'Académie française ? Celle-ci, en tout cas, n'en prend pas ombrage : son secrétaire perpétuel, Maurice Genevoix, a présidé la séance inaugurale à Versailles et assuré le Conseil de son appui. 21 pays étaient représentés à ce colloque ; la Roumanie avait un observateur.
Pédagogie
Progrès de la docimologie, science des examens
Depuis les événements de mai et de juin 1968, la critique des examens traditionnels, jusqu'alors objet d'études d'une minorité de chercheurs et d'enseignants, est devenue l'un des thèmes des revendications estudiantines : la docimologie, disent les contestataires, a montré le peu de valeur des examens.
Le terme est nouveau pour le grand public. En fait, il a 40 ans. Il fut proposé en 1929 par le professeur Piéron pour désigner l'étude scientifique des méthodes d'examen et concours. Depuis 1931 — date de l'enquête internationale connue sous le nom d'enquête Carnegie —, les travaux docimologiques menés en France et à l'étranger ne cessent de souligner la part de hasard et de subjectivité qui entache les notes — et donc les résultats — de ces épreuves.
Équation personnelle
La personnalité de l'examinateur joue un rôle important :
– Dans la notation. La note attribuée à un même devoir varie considérablement d'un correcteur à l'autre. Exemple : 5 examinateurs corrigent séparément 100 copies du baccalauréat ; on constate des écarts de 4 à 7 points (sur 20) ; aucune copie ne se voit attribuer deux fois la même note ;
– Dans le classement. Le professeur Laugier et D. Weinberg (commission Carnegie française) font noter par deux professeurs les copies d'histoire et de géographie d'un concours. Pour 26 places prévues, 11 seulement sont les mêmes pour les deux correcteurs. Un candidat classé 2e sur 166 par l'un des correcteurs devient 165e chez l'autre.
Pour compenser les fluctuations individuelles entre examinateurs, il faudrait, d'après les calculs de Laugier et Weinberg, 13 correcteurs en mathématiques, 16 en physique et 127 en philosophie.
Les jurys ont, eux aussi, leur équation personnelle. Piéron et ses collaborateurs comparent les notes données par 13 jurys de la série mathématiques élémentaires et par 17 jurys de la série philosophie, lors de la session de juillet 1955 du baccalauréat dans l'académie de Paris. Selon les jurys, les pourcentages d'admissibles varient de 31 à 53 % dans la série mathématiques, de 48 à 61 % dans la série philosophie. « Ces divergences sont bien dues, écrit Piéron, à des « inégalités dans les exigences des jurys », car les « lots » de candidats sont répartis par ordre alphabétique et donc au hasard ».
Causes des inégalités
La part de subjectivité est plus grande encore à l'oral. Dans la rencontre examinateur-examiné entrent en jeu des réactions affectives : impression générale positive ou défavorable, plus ou moins grande aisance verbale (souvent liée au milieu social du candidat), assurance ou timidité, autant d'éléments incontrôlables qui vont influer sur la note.