Avec Janus, on expérimentait deux variantes de la méthode caissons. Du 8 au 13 octobre 1968, selon le procédé Ludion mis au point par la COMEX, deux hommes vivent sous une pression correspondant à la profondeur de 90 m. Tous les jours ils sont descendus à – 150 m, pour des séances de travail variant de 40 minutes à 2 heures. En fin d'expérience, ils sont ramenés en 65 heures à la pression atmosphérique normale.
Du 16 au 27 octobre 1968, suivant la technique GERS-Cousteau, deux plongeurs vivent sous la pression correspondant à la profondeur de travail : soit 15 atmosphères à peu près. Là aussi, descentes journalières réelles avec séances de travail à – 150 m, puis décompression finale de 140 heures.
L'hélium
Les deux phases se sont déroulées parfaitement, malgré de légers incidents techniques qui devront être étudiés. Dans les deux cas, toutefois, les plongeurs ont souffert du froid, aggravé par le mélange respiratoire à l'hélium obligatoire de 60 à 80 m de profondeur. Au-delà d'une certaine pression, l'azote de l'air atmosphérique normal est cause d'accidents psychomoteurs graves. Quant à l'hélium, au-delà d'une profondeur qui varie suivant les organismes cobayes, il provoque lui aussi des troubles : un type d'excitation pouvant aller jusqu'aux convulsions.
Hydra
Dans l'expérience Hydra, deux hommes devaient descendre à – 335 m (toujours dans la fosse de Cassis) pour essayer un nouveau mélange respiratoire à l'hydrogène, capable de remplacer l'hélium, dangereux si l'on veut abaisser la limite inférieure de travail des plongeurs.
L'hydrogène semble pouvoir être utilisé, en dépit du mélange extrêmement inflammable et explosif qu'il donne avec l'oxygène. Déjà, en 1966, le Dr Ralph Brauer (qui a participé aux expériences Ludion, Janus et Hydra) a fait respirer un mélange oxygène-hydrogène à des souris et à des singes. En 1967, Peter Edel a expérimenté lui-même un tel mélange respiratoire à l'hydrogène sous une pression de 9 atmosphères.
Au large de Cassis, cependant, le froid a obligé à interrompre l'expérience Hydra alors que les deux plongeurs étaient descendus à – 250 m et n'avaient pas encore essayé le mélange respiratoire à l'hydrogène.
Boucabloc et Boucafond
Deux expériences de physiologie de la plongée profonde, Boucabloc et Boucafond, se sont déroulées à Marseille, dans le caisson du CEMA, avec des boucs. À la fin de 1968, au cours de Boucabloc, trois boucs sont amenés progressivement à la pression régnant à – 400 m. Puis, avec des paliers de 36 à 40 heures tous les 100 m, ils sont descendus à la profondeur (fictive) de – 1 000 m. Les trois animaux meurent pendant l'expérience.
Il s'agissait, en fait, d'un premier essai d'études des problèmes d'hypoxie. La mort des animaux ne veut pas dire que des organismes vivants ne pourront jamais survivre à de telles pressions.
Dans Boucafond, qui se déroule au début de 1969, toujours dans le caisson du CEMA et toujours avec trois boucs, les animaux sont soumis pendant 3 jours à la pression régnant à – 800 m, puis pendant 7 jours et demi à – 700 m. Enfin de nouveau à – 800 m pendant 48 heures. Chaque fois qu'ils sont descendus à – 800 m, ils manifestent de légers troubles de comportement, qui disparaissent avec la remontée partielle. À la fin de cette expérience de physiologie, un des boucs est sacrifié pour examen de ses différents organes. Les deux autres se portent toujours bien.
Le lapin et l'hydrogène
Le GERS, avec le concours du CEMA, a réalisé, en avril et mai 1969, six expériences de mélange respiratoire à l'hydrogène. À six reprises, un lapin est enfermé dans un caisson immergé et respire sous une pression de 11 atmosphères. Tous les animaux meurent au cours des expériences. D'après les premiers examens, il semble qu'au bout de 6 heures les lapins aient été littéralement décérébrés. L'hydrogène sous pression agirait comme un poison.
Cela pose évidemment le problème de l'usage de l'hydrogène pour les plongées profondes. Ce gaz, par sa faible densité, semblait devoir remplacer l'hélium au-delà d'une certaine pression. En fait, si l'usage des mélanges respiratoires à l'hydrogène paraît peut-être possible pour des courtes plongées, il semble désormais absolument exclu pour des séjours à saturation.
La matière
Chimie
Les lessives aux enzymes
L'idée d'introduire des enzymes parmi les divers ingrédients des lessives n'est pas récente ; en 1936, un mémoire scientifique allemand en rapportait l'efficacité. Pourtant, le développement véritable des lessives aux enzymes dans l'usage ménager ne date, en France, que de la fin 1968.