Au théâtre ce soir s'essouffle avec un répertoire en voie d'épuisement.

Mis à part quelques spectacles du Théâtre d'aujourd'hui* (la Mère*, Journal d'un fou*), les émissions dramatiques sont souvent décevantes.

Impossible n'est pas français, jeu de Guy Lux sur lequel certains fondaient de grands espoirs, laisse le public indifférent (l'audience n'atteint que 21,4 %) et déclenche les protestations unanimes de la critique. En fin de saison, Guy Lux verra le temps d'antenne de son nouveau jeu considérablement écourté.

Seule, la section cinéma recueille des compliments pour l'opération « vacances ». L'amélioration des rapports entre le grand et le petit écran se confirme, ce qui vaut au téléspectateur quelques excellents films, bien choisis parmi l'énorme production commerciale.

Dans ses Dossiers en vacances*, Armand Jammot traite quelques-uns des thèmes de la vie sociale française (le mariage, les gens de maison, l'automobile), mais les films présentés sont nettement inférieurs à ceux des Dossiers de l'écran*.

À l'état de projet

Un nouveau directeur, Emile J. Biasini, entre officiellement en fonctions le 18 septembre, mais la rentrée se fera sans changement notable.

Souvent critiqué, le journal télévisé doit être transformé. Cependant, on ne verra aucun changement notable se produire.

En revanche, 24 Heures-actualités* commence sa carrière et s'affirme comme une heureuse formule : un journal très bref, sans présentateur, avec un maximum d'images fixes ou animées.

Une date historique

Le seul événement marquant de l'automne est l'inauguration de la couleur, et le 1er octobre restera une date historique pour la télévision et la coopération franco-soviétiques : en ce dimanche après-midi, à 14 h 15 très précises, le procédé SECAM est officiellement mis en place, simultanément à la télévision française (deuxième chaîne) et à la télévision soviétique.

Ce jour-là, on estime que seuls 1 500 privilégiés français possèdent un récepteur équipé pour la couleur. L'ORTF a donc ouvert 13 centres répartis dans les principales villes françaises pour permettre au public de faire connaissance avec cette technique nouvelle. Les Moscovites, eux, peuvent se rendre en 9 points de leur capitale.

Pour leur coup d'envoi, les techniciens français ne reculent pas devant la difficulté. L'équipe Alexandre Tarta-Pierre Tchernia propose, en direct, un reportage sur une étonnante démonstration de parachutisme, Arc-en-ciel à Biscarrosse*. Puis viennent le premier long métrage diffusé en couleurs (l'Eau vive*, de François Villiers), un épisode du Chevalier Tempête*, feuilleton de cape et d'épée, avec Robert Etcheverry, les variétés du Petit Dimanche illustré*, avec Johnny Hallyday, et Moscou auquel je songe*, production soviétique qui reçut une palme d'or au festival de Monte-Carlo en 1966.

Pour la soirée inaugurale, la direction fait appel à l'homme qui joue le mieux avec le noir et le blanc, Jean-Christophe Averty. Il réalise un programme comportant son show Marcel Amont (Amont tour*), déjà accueilli avec chaleur au festival de Montreux, une émission de Jean-Marie Drot sur Leonor Fini et le Croupier amoureux*, ballet de Jean Guélis, sur un argument de François-Régis Bastide.

Cette première journée est, dans l'ensemble, bien accueillie par la critique et le public (la BBC achète, le soir même, deux des émissions présentées). La télévision en couleurs continue à étonner la semaine suivante ; le premier reportage sportif (une mi-temps de la rencontre de football Saint-Étienne-Rouen) surprend les amateurs. « La couleur donne encore plus de présence et de relief au sport télévisé », constate l'Équipe (9-10-67).

20 heures par semaine

Initialement, on avait prévu un volume hebdomadaire de 8 heures de programmes en couleurs. En réalité, le démarrage se fait avec plus de 20 heures, chiffre moyen qui sera à peu près maintenu. On assiste à un feu d'artifice d'émissions de prestige (Antoine et Cléopâtre*, réalisé par Jean Prat, avec François Chaumette et Judith Magre ; La guerre de Troie n'aura pas lieu*, montée par Marcel Cravenne, avec Caroline Cellier, Maria Mauban, Daniel Ivernel et Michel Etcheverry ; l'Œuvre*, de Zola, mise en scène par Pierre Cardinal ; Bajazet*, mis en images par Michel Mitrani, avec Jean-Claude Drouot, Danièle Lebrun et Judith Magre ; le Regret de Pierre Guilhem*, de Frédérique Hébrard, avec Catherine Rouvel, et deux opérettes : Ciboulette* et Louise*). Certaines de ces émissions déçoivent quelque peu.

Triomphe du naturel

On peut regretter le choix fait, il y a longtemps, des 819 lignes. Il a contraint l'ORTF à transmettre les émissions en couleurs sur la deuxième chaîne (625 lignes), dont l'ensemble des téléspectateurs ne dispose pas encore (sur les 23 000 récepteurs couleurs mis sur le marché en octobre, 10 000 seulement étaient vendus en février. Les spécialistes estiment cependant que 50 000 le seront au cours de l'année 1968).