Kumari Malavika initia son public au mystère du Baratanatyam, le plus pur style de la danse traditionnelle hindoue. L'extrême précision de ses gestes, la grande maîtrise de ses attitudes et de ses mimiques, la parfaite musicalité et l'équilibre de son corps font de Malavika une artiste exceptionnelle qui perpétue avec intelligence et raffinement une forme de danse n'admettant aucune licence d'interprétation.

Mais les lauriers de l'année vont à la troupe de Paul Taylor, qui, au cours d'une trop brève apparition, nous présenta les ballets de son répertoire : Auréole, Post Meridian, Trois Épitaphes, et une création mondiale, Lento, sur une musique de Haydn.

Paul Taylor a découvert des formules magiques. Le message de ce jeune Américain s'adresse essentiellement aux sens et aux yeux du spectateur. Ses danseurs aux pieds nus sont les véritables messagers d'une joie de vivre.

À l'affiche de sa saison parisienne, Janine Charrat avait inscrit un ballet créé il y a dix ans, les Liens, une reprise, Électre, et une création, Up to date.

On attendait de ce spectacle un souffle de renouveau qui aurait confirmé les qualités esthétiques de Janine Charrat. On retrouva une très grande danseuse, mais une chorégraphe prisonnière de son propre style.

Chansons

Retour aux années 20

La vogue d'une chanson est étroitement liée à celle de sa version enregistrée en disque. Le disque fait le succès par la fréquence de ses passages sur les ondes radiophoniques et à la télévision, par son essaimage dans les juke-boxes et les Scopitones, par son achat enfin, purement et simplement, et son audition dans l'intimité d'une chambre ou la frénésie des surprises-parties.

Les firmes de disques se lancent avec une audace toute nouvelle dans l'exploration des œuvres modernes. L'opération s'avoue rentable. La collection Prospective du 21e siècle, présentée sous pochette métallisée, a rencontré un succès immédiat avec le Voyage, de Pierre Henry, ou les deux 30 cm des Percussions de Strasbourg qui mettent à la portée de tous la production de l'avant-garde : les Inventions, de Miloslav Kabelac, les Quatre Études chorégraphiques, de Maurice Ohana, les Alternances, de Makoto Shinohara, des œuvres de Milan Stibilj, de Peter Schat.

Dans un autre catalogue, nous trouvons la Synaxis, d'Ohana, accouplée avec Oral, d'Ivo Malec, Yougoslave de Paris (un texte de la Nadja, d'André Breton, dit sur une partition musicale jouée par l'Orchestre philharmonique de l'ORTF dirigé par Charles Bruck).

Parmi les enregistrements d'œuvres de grands contemporains, citons : la 4e Symphonie, de Martinu, par l'Orchestre philharmonique tchèque, dirigé par Turnovsky ; le Concerto pour piano et orchestre, d'André Jolivet, par Philippe Entremont et l'Orchestre de la Société des Concerts du Conservatoire ; les Oiseaux, les Huit préludes et les Quatre études de rythme, d'Olivier Messiaen ; les Métaboles, d'Henri Dutilleux, dirigées par Munch ; les Aventures, du Roumain Gyorgy Ligeti ; le Dies irae (le fameux Oratorio pour les morts d'Auchwitz, par la Philharmonique de Cracovie dirigée par Henryk Czyz), du Polonais Penderecki, qui, en trois ans, s'est acquis une réputation mondiale.

Les recherches les plus avancées laissent désormais dans la discographie des témoignages concrets. Pierre Boulez lance par souscription la collection Jalons. Gilbert Amy (Journal de l'année 66-67) voit ses Diaphonies enregistrées (utilisation d'interférences de deux groupes de sons par phénomène électro-acoustique). Un jeune public s'intéresse à Iannis Xenakis, qui utilise pour composer un ordinateur.

Catalogues anciens

Il y a eu, depuis quelques années, des crises mémorables : la folie de la canzonetta et du marino-marinisme, l'engouement pour le calypso, le rock et ses succédanés : hully-gully, jerk, rythm and blue, chansons yéyés, la bossa-nova. Le printemps 68, ce fut le retour aux années 1920 et au répertoire du prolifique tandem Benech et Dumont, les auteurs des Jardins de l'Alhambra, de Nuits de Chine, de Riquita, jolie fleur de Java... Cette dernière chanson, enregistrée par Georgette Plana, pulvérise les records de vente et relance une artiste très représentative d'un certain style music-hall bon enfant... On lui fait précipitamment enregistrer un second 30 cm, dont le morceau locomotive est Zaza, de René de Buxeuil et Quentin.