Par la suite, il devait cependant, au cours de l'instruction, se livrer à de nombreuses dénégations : le coup, dit-il, est parti accidentellement. Il affirma aussi que sa maîtresse, une certaine Marie André, était avec lui à bord du taxi et que c'était elle l'auteur du coup de feu...
Marie André a été emprisonnée pour recel, car elle recevait de Buffet une partie du montant de ses vols. Mais elle nia farouchement toute participation au crime.
Aux Assises, quand le procès aura lieu, on verra probablement une fois de plus deux amants se déchirer...
Un tueur de dames sur la Côte d'Azur : Jean-Baptiste Navarro
Landru, en 1967, ne se doit pas seulement de porter beau. Il doit ne pas être un oisif, il doit exercer un métier qui séduit l'imagination. Jean-Baptiste Navarro, 47 ans, l'avait bien compris : il était courtier immobilier, et grâce à cette profession gagnait la confiance de dames (âgées) qui lui remettaient le soin de gérer leurs intérêts.
Depuis Noël
Sur la Côte d'Azur, la police s'inquiétait depuis longtemps de la disparition de deux respectables retraitées : Odette Hillairet, âgée de 64 ans, qui n'avait pas regagné son domicile de Mougins depuis février 1964 ; Yvonne Coppinger, une veuve de diplomate, âgée de 77 ans, qui coulait paisiblement ses vieux jours à Golfe-Juan et qui avait mystérieusement disparu depuis les lendemains de Noël 1966.
Nul n'ignorait le rôle de confident et d'homme d'affaires que jouait auprès d'elles l'aimable J.-B. Navarro. Mais celui-ci avait réponse à tout : « Yvonne Coppinger, disait-il, était criblée de dettes. Elle aura voulu fuir ses créanciers. » Pour Odette Hillairet, il avait trouvé mieux encore : « Elle est partie en Espagne avec un colonel. » Les policiers qui l'entendaient avaient beau lui tendre des pièges : l'habile homme avait réponse à tout.
Dans une chaudière
C'est (bel exemple de solidarité féminine) grâce à une femme que Navarro put être enfin démasqué. Cette femme n'était autre que sa propriétaire, Jacqueline Olivesi, qui lui avait loué au cap d'Antibes une villa — la villa Emily. Mme Olivesi, ayant eu vent des soupçons qui pesaient sur Navarro, voulut en avoir le cœur net. Comme elle possédait un double des clefs de la villa, elle effectua une visite discrète...
Dans une chaudière, elle trouva des restes de vêtements et des papiers : une carte d'identité et une carte d'électrice... au nom de Mme Coppinger. La propriétaire en savait assez. Elle courut au commissariat. Et c'est ainsi qu'au début de mars 1967 le courtier immobilier dut avouer qu'il avait brûlé les vêtements de sa victime et qu'il l'avait enterrée après l'avoir étouffée. « Auparavant, je l'avais contrainte, reconnut-il aussi, à écrire des lettres annonçant son départ à ses amis et au gardien de sa villa. Il m'avait suffi de la menacer avec un revolver factice. »
Et Odette Hillairet, qu'on n'avait plus revue depuis 1964 ? Elle n'était évidemment ni en Espagne ni en compagnie d'un colonel. Ses restes furent retrouvés dans la villa qu'elle possédait à Mougins. Le cadavre avait été enterré sous le carrelage d'une chambre.
Une fois encore
Navarro tenta de faire croire que la mort était accidentelle : « Elle s'est fracturé le crâne en tombant par terre. » Mais la scène avait eu un témoin, la propre maîtresse du courtier immobilier, Marcelle Fenouille, qui a, bien entendu, été arrêtée. Celle-ci a révélé comment son amant voulait forcer la vieille demoiselle à signer certains papiers, s'était emporté, l'avait frappée de toutes ses forces, puis l'avait étranglée.
Le bénéfice que Navarro tirait de ces crimes s'imagine aisément : avec les feuilles blanches qu'il avait fait signer à Mlle Hillairet avant de la tuer, il avait fabriqué de fausses procurations, qui lui avaient permis de retirer 120 000 francs à la banque et de vendre sa villa.
Ces écritures — suspectes — ont contribué à le faire démasquer. Une fois encore, un peu comme Landru.
L'assassinat du conseiller général de l'Oise Gaston Buisson
Qui a tué, dans la nuit du 23 mars 1967, d'un seul coup de fusil étrangement bien ajusté, le conseiller général de l'Oise Gaston Buisson, sur le seuil de son domicile de Blargies ?