Faits divers

La marée noire sur les côtes bretonnes

Au printemps 1967, les Anglais et les Français ont découvert que la civilisation du pétrole, qui est la nôtre, pouvait causer de gros désagréments. Le naufrage d'un pétrolier au large des côtes des Cornouailles a transformé la mer en nappe de mazout et les plages de sable fin en magma de cambouis. Ce phénomène, encore inédit, a reçu un nom nouveau : la marée noire.

À l'origine de ce qui devait prendre en Angleterre et en France les dimensions d'une catastrophe nationale, il était un gros navire (un des plus grands du monde), qui s'appelait le Torrey Canyon et qui contenait 80 000 t de pétrole brut. Il s'échoua, le dimanche 19 mars, sur un récif des îles Sorlingues. Une brèche longue de 150 m s'ouvrit dans sa coque. On tenta de le renflouer, de l'incendier, ou de le faire couler en le bombardant. En vain. Il se coupa en deux, répandant à la surface de la mer sa cargaison de mazout. Très vite, 140 km de côtes furent menacés en Angleterre, tandis que les oiseaux, englués dans la boue noirâtre, périssaient par milliers — ce qui arrachait des cris indignés aux sociétés protectrices des animaux.

De faux calculs

On avait calculé savamment que les courants étaient favorables à la France et que la malencontreuse nappe l'épargnerait. Faux calcul. Les vents tournèrent... et les plages du Finistère et du Cotentin, dès avril, se trouvèrent polluées. À Port-Blanc, désormais bien mal nommé, 30 000 m2 de plage étaient recouverts par une couche visqueuse de plusieurs centimètres d'épaisseur. Et ce n'est qu'un exemple. Les parcs à huîtres, eux aussi, étaient menacés d'empoisonnement... Les députés locaux reprochèrent au gouvernement son imprévoyance. Il y eut débat au Parlement. Les hôteliers, eux aussi, étaient furieux. Ils voyaient compromise la saison d'été. Déjà des vacanciers décommandaient leurs chambres d'hôtel. L'afflux des curieux qui voulaient voir la marée noire était une bien maigre compensation touristique.

Pour les rassurer, le secrétaire d'État au Tourisme, Pierre Dumas, assura que tout serait nettoyé pour les beaux jours et promit de venir prendre un bain dès la mi-juin.

En attendant, on prit des mesures. Des barrages flottants furent disposés pour enrayer le flux du mazout. On jeta de la sciure, par wagons entiers, pour solidifier la nappe huileuse. On déversa des tonnes de détersifs sur les rochers souillés. Les soldats, mobilisés dans la lutte, entreprirent un travail à la chinoise pour retirer à la pelle et avec des seaux l'agglomérat brunâtre qui s'était déposé sur les côtes. Ce qui posait un nouveau problème : qu'allait-on faire du pétrole récupéré ? On décida de le traiter dans des usines de dégazage.

Une réforme du droit maritime

Mais l'affaire du Torrey Canyon posait un autre problème, bien plus délicat. Qui allait payer les dégâts ? Le pétrolier naviguait sous pavillon de complaisance libérien. En attendant qu'un futur procès tranche, on s'est mis à discuter d'une réforme du droit maritime... Pour l'instant, le nettoyage a coûté beaucoup d'argent aux gouvernements anglais et français...

Le résultat ? Fin juin, dans la Manche et en Bretagne, on proposait aux touristes des rochers brossés au dissolvant et du sable auquel la lessive avait donné une blancheur inaccoutumée. Mais, malheureusement, pas partout... Ce sont surtout les grandes plages qui ont été nettoyées. Néanmoins, selon sa promesse, le secrétaire d'État au Tourisme s'est mis en maillot de bain à Trégastel, le samedi 17 juin, et a nagé pendant dix minutes, sous le regard des caméras. L'eau était très froide. Mais le salut de la saison touristique en Bretagne n'en exigeait pas moins.

L'incendie de l'orphelinat de Taninges : seize enfants brûlés vifs

Seize enfants qui périssent asphyxiés et carbonisés : tel est l'horrible bilan d'un incendie qui, dans la nuit du 5 au 6 mars 1967, anéantit l'orphelinat de Taninges, en Haute-Savoie.

118 orphelins, âgés de 8 à 16 ans, vivaient dans cet ancien couvent du xviie s., qui, après avoir abrité dans le passé des missionnaires de Saint-François-de-Sales, avait été légué au département en 1924.