cuir (suite)
• Déchaulage. Ce traitement est nécessaire à l’élimination des substances alcalines retenues par la peau, qui sont combinées au collagène et qui ont provoqué un gonflement du derme. Ces substances rendent la peau impropre au tannage. Les peaux sont traitées par des acides faibles, des sels acides ou des sels d’ammonium, sous agitation, pendant deux à dix-huit heures selon le produit déchaulant employé et selon l’épaisseur de la peau. Le rinçage permet l’élimination des sels solubles formés.
• Confitage. Pour certaines catégories de peaux, le déchaulage s’accompagne du confitage, qui consiste à faire macérer les peaux dans des bains (confits) afin de leur donner une grande souplesse et une fleur plus propre et plus lisse. Les confits dégradent les fibres élastiques et complètent la dégradation des résidus épidermiques.
Après ces opérations, il reste le derme de la peau à peu près pur. C’est la « peau en tripe », produit très putrescible, blanc, visqueux, souple, sensible à l’eau chaude, que l’on doit tanner dans les plus brefs délais.
• Picklage. C’est un traitement intermédiaire qui permet de conserver quelques semaines la peau en tripe (transport des peaux de moutons délainés d’Australie ou de Nouvelle-Zélande). Il consiste à soumettre la peau à une solution fortement acide en présence d’une grande quantité de sel destiné à réprimer le gonflement du collagène. Il la prépare également au tannage, car il facilite la pénétration des solutions tannantes par suite de la déshydratation plus accentuée de la peau. La peau est alors prête au tannage proprement dit.
Tannage
Les produits capables de se fixer sur la peau en tripe et de provoquer le tannage sont très nombreux et de natures très diverses. On peut les classer en trois catégories :
— les tanins végétaux (écorce de chêne, bois tannant, fruit tannant, etc.) ;
— les produits minéraux (sels de chrome, de fer, de zinc, d’aluminium, etc.) ;
— les produits organiques n’appartenant pas au règne végétal (tanins synthétiques, formol, quinone, huiles, etc.).
Le choix de l’agent tannant est fait suivant le cuir que l’on désire obtenir. Ainsi, le tannage végétal est réservé à la préparation des cuirs à semelles, le tannage à l’huile de foie de morue pour les articles dénommés peaux de chamois. Le tannage au chrome est le plus souvent employé. Les autres matières tannantes sont utilisées en combinaison avec les sels de chrome. Elles constituent des tanins de prétannage ou de retannage et permettent de conférer aux cuirs des propriétés bien spécifiques.
La conduite des opérations et leur durée sont extrêmement différentes selon les tanins. Le tannage végétal, par exemple, d’une durée de vingt-cinq à trente jours, s’effectue dans une série de cuves dénommée basserie, où les cuirs circulent des solutions les plus faibles vers les solutions les plus riches en tanin. Le tannage est alors complété par un traitement au foulon, ce qui assure une fixation plus complète du tanin. Le tannage au chrome effectué au foulon, sous agitation, nécessite vingt-quatre heures au maximum ; mais les conditions d’opération sont très strictes, afin que le chrome puisse se fixer chimiquement au collagène de la peau.
Quelle que soit la méthode employée, le tannage conduit à un nouveau produit : le cuir. Mais, même séché, celui-ci ne possède pas les propriétés suffisantes pour la confection d’articles utilisables. Il faut lui faire subir la dernière phase du travail : le corroyage et le finissage.
Corroyage et finissage
Les opérations nombreuses et variées dépendent du genre du cuir que l’on veut obtenir.
• Opérations mécaniques effectuées sur le cuir humide. Elles sont réalisées à l’aide d’outils ou de machines :
— l’essorage est destiné à éliminer mécaniquement une forte proportion d’eau ;
— le refendage égalise le cuir en épaisseur en le séparant en deux feuilles, l’une d’épaisseur régulière du côté fleur, l’autre du côté chair, constituant la croûte ;
— le dérayage, comme le refendage, permet d’égaliser le cuir, mais, dans ce cas, l’excès de cuir est éliminé à l’état de copeaux ;
— la mise au vent consiste à étirer le cuir et à lui donner une surface plane.
Opérations chimiques avant séchage. Après ces traitements mécaniques, le cuir est soumis à diverses actions chimiques :
— le retannage permet, grâce à la spécificité des agents tannants, de donner aux cuirs des propriétés physico-mécaniques bien précises ;
— la teinture a pour objet de colorer le cuir par fixation des colorants sur les fibres ; selon la nature des agents tannants, les colorants seront anioniques ou cationiques ;
— la nourriture consiste à faire absorber au cuir des quantités variables de matières grasses afin de lui donner de la souplesse tout en le rendant imperméable à l’eau. Elle peut s’effectuer dans le foulon lorsque la matière grasse est introduite en émulsion. Pour imperméabiliser les cuirs, on fait une mise en huile ; pour les cuirs industriels, on fait une mise en suif.
• Séchage. Cette opération est importante, car elle influe sur la qualité du cuir. Comme il est recommandé de ne pas sécher le cuir trop rapidement à haute température, le séchage est effectué en deux fois. Une première sèche, dite sèche de fond, amène la teneur en eau à 15 p. 100. Après mise en humeur, qui ramène l’humidité à 20 p. 100 environ, le cuir est palissonné, opération mécanique qui permet d’assouplir le cuir en séparant mécaniquement les fibres. Puis la sèche finale est effectuée. Le cuir possède alors une humidité variant entre 14 et 18 p. 100. Afin d’empêcher le cuir de se rétracter durant son séchage, différentes méthodes sont utilisées : séchage sur cadre, séchage du cuir collé sur glaces, séchage sous vide. On peut éviter également la mise en humeur en conditionnant le cuir par séchage par haute fréquence.
• Finissage proprement dit. Il s’agit de donner au cuir un aspect de surface convenable et quelques propriétés conformes à son utilisation (unisson de la teinte, correction de la nuance, résistance à l’eau, au frottement, etc.). Pour cela, on applique sur la surface du cuir des préparations colorées plus ou moins couvrantes (dispersions de pigments dans des solutions ou des émulsions de liants plus ou moins plastifiés). Le finissage des cuirs vernis, qui, autrefois, se faisait avec de l’huile de lin, fait appel, à l’heure actuelle, aux polyuréthanes. L’application des produits de finissage se fait au moyen de brosses, par projection au pistolet sans air ou aérographe, à la machine à rideau. Les cuirs sont de nouveau séchés.