Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
C

cuir (suite)

Opérations mécaniques effectuées sur le cuir sec. Après le finissage ou après le séchage, le cuir est soumis :
— au battage et au cylindrage, qui donnent de la fermeté au cuir à semelles ;
— au meulage, ou ponçage, opération pratiquée sur fleur ou sur chair pour modifier l’aspect de ces surfaces ;
— au lissage, au repassage, au satinage, opérations effectuées sur le côté fleur pour rendre la surface plus ou moins lisse, plus ou moins brillante, le lissage étant réalisé par frottement sur un cylindre de verre, le repassage au fer chaud, le satinage par application sous pression d’une plaque lisse chauffée ;
— au liégeage, opération qui consiste à faire rouler le cuir sur un pli et qui permet de faire remonter un grain particulier sur la fleur du cuir ;
— à l’impression, qui donne un grain artificiel au moyen d’une plaque gravée entre les plateaux d’une presse hydraulique, réalisant ainsi les imitations de grains de peaux rares, telles que crocodiles, serpents, lézards, etc.


Évolution des techniques

Restée artisanale jusqu’au début du siècle, l’industrie de la tannerie a accompli au cours de ces dernières années d’importants progrès.

• Réduction de la durée de tannage. Autrefois, le tannage aux extraits végétaux demandait des mois, voire un an ou un an et demi : d’où l’immobilisation de capitaux considérables. L’apparition du tannage au chrome et l’utilisation de tanins synthétiques ont permis de réduire le temps de fabrication à quelques semaines. La combinaison de plusieurs opérations devrait permettre d’abaisser la durée de tannage à vingt-quatre heures.

• Automatisation des opérations. La manutention a été réduite par l’adoption de foulons à commande automatique à l’aide de carte perforée réglant l’alimentation en eau et en produits, la rotation, la vidange, etc. Le chargement et le déchargement des foulons, la mise en pile, le transfert d’un poste à un autre ont aussi été largement mécanisés. La mise au point de nouveaux matériels, notamment pour les opérations de finissage, permet aussi d’améliorer la rapidité des opérations et la qualité du travail fourni.

• Réduction du volume des eaux résiduaires. Ce résultat est atteint par le travail en bains courts.


La qualité des cuirs

À chaque stade de la fabrication, on peut agir sur certains paramètres afin d’orienter les propriétés mécaniques vers les valeurs désirées. Des contrôles permettent d’évaluer les propriétés mécaniques : résistance à la traction, allongement à la rupture, qui caractérisent la solidité et la déformabilité de ce matériau. Les essais de déchirure amorcée et d’arrachement au point de couture permettent de connaître le comportement du cuir à l’égard des contraintes à l’usage. La tenue des finissages à la lumière, aux frottements, à l’eau est également examinée. L’analyse chimique permet de connaître la teneur en matières introduites au cours des différentes phases de sa fabrication.

La qualité des cuirs est également appréciée sur des éléments non mesurables, tels l’aspect de la fleur (uniformité, finesse), de la chair (bon écharnage, bonne refente) et les qualités du toucher (fleur soyeuse par exemple).


Les substituts du cuir

Ils sont nombreux : syndermes, matériaux à base de textile recouvert ou non d’une enduction imperméable à l’eau, matières plastiques souples (PVC), matériaux à base de fibres synthétiques non tissées, etc. ; ils possèdent un ensemble de propriétés mécaniques comparables à celles du cuir, mais leur capacité d’absorption de la vapeur d’eau est plus faible : d’où un confort moindre. Aussi, les recherches s’orientent-elles vers la mise au point de matériaux composites à base de cuir (croûtes ou fibres de collagène) qui allieront les propriétés physico-mécaniques des fibres synthétiques aux propriétés de confort offertes par le cuir.

« Information » Centre technique du cuir.

 G. D. McLaughlin et E. R. Theis, The Chemistry of Leather Manufacturer (New York, 1945). / J. Bérard et J. Gobilliard, Cuirs et peaux (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1947 ; 4e éd., 1969). / L. Meunier et C. Vaney, la Tannerie (Gauthier-Villars, 1952 ; 2 vol.). / J. Gobilliard, Tannage et corroyage des cuirs et peaux (Eyrolles, 1955). / P. Paillard, le Tanneur et le mégissier (Baillière, 1955). / F. O’Flaherty, W. T. Roddy et R. M. Lollar, The Chemistry and Technology of Leather (New York, 1956 ; 4 vol.). / F. Stather, Gerbereichemie und Gerbereitechnologie (Berlin, 1957). / Cuirs et peaux brutes, tannerie, mégisserie, maroquinerie et articles de voyage (Société nouvelle Mercure, 1959). / J. A. Sagoschen, Bibliographie der gerbereichemischen und ledertechnischen Literatur von 1700 bis 1956 (Vienne, 1960). / J. H. Sharphouse, The Leatherworker’s Handbook (Londres, 1963). / J. Balsse, Technologie du travail d’abattoir (Centre technique du cuir, 1966). / T. Thorstensen, Practical Leather Technology (New York, 1969). / G. A. Bravo et J. Trupke, Hundert Tausend Jahre Leder (Bâle, 1970).

cuirassé

Bâtiment de guerre dont la coque, l’artillerie et la passerelle de commandement sont protégées par un blindage.



Naissance du cuirassé

En 1828, l’amiral français E. J. Burges de Missiessy fait part, au Conseil de l’amirauté, de la construction, par les Américains, de bâtiments en bois dont la coque est plaquée de barres de fer non jointives, destinées à empêcher les boulets creux de se loger dans les murailles et d’y éclater. Ce système suffit alors pour arrêter les premiers « obus » tirés à faible vitesse initiale. Avec l’apparition des canons Paixhans de 220 mm, il faudra envisager l’emploi de véritables plaques de blindage, dont les essais ont commencé en France en 1848. En Crimée, la marine française engage trois batteries flottantes protégées par des plaques de fer forgé de 10 cm d’épaisseur au cours de l’attaque de la forteresse de Kinbourn.

En 1858, l’ingénieur de la marine Dupuy de Lôme (1816-1885) met en chantier la Gloire, frégate cuirassée déplaçant 6 000 t en pleine charge. Lancée le 24 novembre 1859, la Gloire, dès son entrée en service, surclasse tous les bâtiments de guerre à flot dans le monde, y compris le Warrior, premier cuirassé anglais, terminé en 1861, qui ne pouvait s’aventurer à la mer loin des côtes. Premier exemplaire d’une série de douze, la Gloire, construite en bois et en fer, est dotée d’une cuirasse de 12 cm en fer forgé descendant sous la flottaison et s’amincissant à 10 cm à hauteur de la batterie, armée de trente canons de 30 livres, se chargeant par la culasse. Dès 1861, elle reçoit une nouvelle artillerie : six canons de 240 mm dans la batterie et deux de 160 mm sur le pont. Marchant 13 nœuds, la Gloire et ses suivantes assurent à la France durant quelques années une très large primauté maritime, qu’elle doit au talent de Dupuy de Lôme et à l’appui du prince de Joinville, puis de Napoléon III, très ouverts aux questions maritimes. À partir de 1870, l’Angleterre reconquiert sa supériorité grâce à la construction en série de ses cuirassés.