ballade

(ancien provençal ballada, de ballar, danser)

LITTÉRATURE

Le terme ballade (qu'on a rapproché du latin ballare) désignait vers 1250 des chansons de danse dont la structure musicale et, par suite, la forme métrique variaient beaucoup ; on les confondait avec les virelais sous le nom de « ballettes ». Jusqu'au Roman de Fauvel (1310-1314), la ballade comportait de 3 à 5 couplets avec ou sans envoi.

La ballade médiévale

C'est au xive s. que la ballade se constitue, avec Guillaume de Machaut, sous la forme suivante : 3 couplets suivis chacun d'un refrain, sans envoi et avec accompagnement instrumental. Dès lors, la ballade est de plus en plus cultivée, mais elle n'est plus chantée, et encore moins dansée. Destinée à être dite, la ballade devient un genre « à forme fixe » : les strophes sont au nombre de 3 ; l'envoi, d'abord absent, réapparaît sous la forme, généralement, d'une demi-strophe ; les mêmes rimes sont reprises dans toutes les strophes et dans le même ordre ; le dernier vers de la première strophe reparaît comme dernier vers de chaque strophe (et de l'envoi), et forme refrain. On doit cependant distinguer une forme ancienne de la ballade, fréquente chez E. Deschamps (strophes de 8 vers, décasyllabiques, sauf le cinquième, qui est de 7 syllabes, toujours sans envoi), d'une autre forme, plus complexe, dont il y a 16 exemples dans le Livre des cent ballades (Avignon, xive s.).

L'évolution du genre

Au xve s., la ballade est écrite de préférence en vers égaux, de 10, de 8 ou de 7 syllabes. Négligée sous l'influence de la Pléiade, elle est de nouveau à l'honneur sous Louis XIV avec la vogue du style inspiré de Marot ; La Fontaine en compose plusieurs. Avec l'école parnassienne, éprise de difficultés techniques, elle connaît un nouveau regain de faveur sous l'aspect de 3 huitains octosyllabiques suivis d'un envoi de 4 vers (Trente-Six Ballades joyeuses de Th. de Banville ; Sept Ballades de bonne foi de F. Coppée). Mais toutes ces formes de ballades, écrites au xixe s., ne sont qu'une reprise, assez artificielle, de la ballade du Moyen Âge et du xviie s.

Ce genre ne doit pas être confondu avec la forme de poèmes simplement partagés en stances, dont la tradition s'est constituée à la fois en Angleterre (Ballades lyriques de Wordsworth et Coleridge, 1798 ; Ballade de la geôle de Reading de Wilde, 1898) et en Allemagne, où Bürger, Schiller, Goethe et Uhland en ont été les maîtres.