Sumer
Nom d'origine inconnue, désignant la partie méridionale de la Mésopotamie antique, souvent opposée à la partie centrale, ou pays d'Akkad.
Née entre 3500 et 3000 avant J.-C., la civilisation sumérienne est le fruit de la lente évolution de populations non sémites installées sur les terres de basse Mésopotamie depuis la fin du VIe millénaire. Établies sur les rives du Tigre et de l'Euphrate, celles-ci se groupent en petits villages tels Éridou (Abou-Shahrein), Our (Tell Muqqayar), Ourouk (Warka), tell El-Obeïd ou tell el-Oueili.
Les Akkadiens nommaient Shumeru le pays qui s'étendait depuis Babylone jusqu'aux rives du golfe Arabo-Persique. Aujourd'hui, le mot « Sumer », adopté par les linguistes puis par les archéologues, désigne la brillante civilisation qui caractérise une période décisive de l'histoire mésopotamienne, et qui rayonne au IIIe millénaire avant J.-C. sur la région la plus méridionale de l'Iraq ainsi que sur le cours inférieur de la Diyala, affluent du Tigre. Leur culture, dite d'Obeïd, du nom du site où elle fut découverte, est de type néolithique.
1. La culture d'Obeïd
Les Obeïdiens pratiquent l'hydroagriculture, cultivent l'orge et le blé, connaissent le palmier dattier, élèvent des bovidés, des porcins, des capridés et pratiquent la pêche. Ils produisent une céramique domestique consistant en vases et en ustensiles modelés et peints de motifs géométriques ou figuratifs. Dans l'argile, ils sculptent également de petites figurines anthropomorphes mesurant de 15 à 20 cm de hauteur et dont les têtes coiffées de bitume présentent un aspect reptilien très prononcé. Ne disposant pas de ressources métalliques, ils utilisent des faucilles en terre cuite mêlée de quartz ainsi que des houes en pierre. Leurs contacts avec le monde extérieur se limitent à une modeste importation d'obsidienne et de bitume.
La basse Mésopotamie étant autant dépourvue de bois de charpente que de pierre de bonne qualité, ses habitants tirent parti des matériaux locaux : terre, roseaux et probablement bois de palmier. Dans le domaine de l'architecture, on leur attribue l'invention dès cette époque de l'arc, du dôme, de la colonne et même de la voûte en berceau. À Éridou et à tell el-Oueili, l'archéologie a révélé une architecture uniforme, des tombes et des mobiliers funéraires peu différenciés.
La culture néolithique d'Obeïd perdure pendant près d'un millénaire puis se métamorphose.
2. L'époque d'Ourouk
Les fouilles d'Éridou et de tell el-Oueili permettent de saisir ses premiers signes d'évolution de la civilisation aux environs de la fin du Ve millénaire. Auparavant uniforme, l'architecture commence à se différencier. De grandes bâtisses à plan tripartite, qui pourraient être des temples, sont érigées. De même, d'importantes terrasses en brique sont réalisées, ouvrages probablement destinés à un usage collectif. Même si ces changements demeurent limités, ils traduisent vraisemblablement la naissance d'une hiérarchisation sociale au sein de ces premières communautés villageoises de la basse Mésopotamie.
2.1. Les premières évolutions
Au début du IVe millénaire, l'ampleur du changement est telle que les archéologues n'hésitent pas à y voir le point de départ d'une nouvelle étape culturelle. Celle-ci, baptisée époque d'Ourouk (3750-3150), prolonge et accentue la tendance précédente à l'urbanisation et confirme le passage graduel de la communauté domestique à une organisation sociale plus complexe. Les villages, auparavant de dimensions réduites, prennent peu à peu l'allure d'importantes agglomérations. Par ailleurs, sur tous les sites du Sud mésopotamien, la céramique peinte de l'époque d'Obeïd cède la place à une production monochrome d'écuelles réalisées à la main à partir de moules qui en permettent la fabrication en série.
En architecture, l'évolution amorcée à l'époque précédente semble s'accentuer. Sur le site d'Ourouk, on a découvert les ruines de grands bâtiments dépassant parfois 70 m de long et qui semblent dériver des structures tripartites de la culture d'Obeïd. Leurs façades agrémentées de saillants et de rentrants portent des décors mosaïqués. De nouvelles techniques architecturales font leur apparition : on emploie ainsi le parpaing, sorte de brique à base de gypse. On utilise des mortiers et l'on confectionne des mosaïques murales à partir de cônes d'argile ou de pierre. La conception de l'espace bâti obéit désormais à des règles précises de planification. Le périmètre urbain est souvent inscrit dans des remparts en brique crue, l'habitat est plus dense et mieux ordonné. En correspondance avec cet aménagement de l'espace, la société elle-même commence à se hiérarchiser.
2.2. Organisation sociale et gestion des ressources
Dans l'iconographie sumérienne apparaît un personnage barbu et coiffé d'un diadème, figurant tantôt un guerrier terrassant ses ennemis, tantôt un ministre du culte. Les archéologues y voient le chef unique de la cité, une sorte de « roi-prêtre ». C'est alors que se développent de véritables méthodes de gestion. Ainsi, en prélude à l'écriture, des calculi, jetons en terre cuite, sont utilisés à des fins comptables. La métallurgie, autre témoin de la vitalité de la basse Mésopotamie, connaît également de notables améliorations. Les artisans s'essaient aux premiers alliages volontaires et, outre le cuivre importé de la péninsule d'Oman, ils utilisent le plomb, l'argent et l'or. De la même façon, l'innovation gagne l'agriculture. Vers l'Ourouk récent (3500-3100), on adopte un araire-semoir, dont l'utilisation vise vraisemblablement à augmenter les surfaces emblavées.
3. L'époque de Djemdet-Nasr
Les changements se poursuivent à l'époque suivante (3150-2900), dite d'Ourouk III, ou de Djemdet-Nasr, du nom d'un site à une quinzaine de kilomètres au nord-est de Babylone. Les sites, jusque-là dispersés, ont tendance à se regrouper le long des cours d'eau, et de nombreux villages disparaissent au profit d'agglomérations plus grandes et mieux structurées. Cette urbanisation s'accompagne d'une plus grande stratification de la société sumérienne. Du point de vue de la culture matérielle, l'époque de Djemdet-Nasr est celle de la mise au point d'un nouveau type de céramique, à décor trichrome fait de motifs géométriques. L'usage de l'écriture commence à se généraliser, et les cylindres-sceaux servant à signer les documents remplacent les simples cachets. La hiérarchisation sociale, commencée à l'époque d'Ourouk, semble se cristalliser et des « classes » se dessinent, telles celles des prêtres, des scribes, des artisans et des soldats. C'est dans ce contexte de bouillonnement culturel et de changements économiques et sociaux que commence à s'épanouir la civilisation sumérienne.
4. La période des dynasties archaïques
À l'aube du IIIe millénaire, la basse Mésopotamie se divise en autant de territoires qu'il y a de cités importantes. Celles-ci rayonnent chacune sur une périphérie composée de petites bourgades et constituent de multiples unités indépendantes, sortes de capitales qui fonctionnent à l'image des cités-États. On y trouve un pouvoir central, à détenteur unique, autour duquel gravitent des vicaires, des officiers et des administrateurs. Leurs chefs portent les titres de roi (lougal), de prince (ensi), ou encore, comme à Ourouk, celui de seigneur (en). Le système politique sumérien des cités-États prévaut de 2900 à 2340. Cette période longue de plus de six siècles est appelée par les archéologues la période protodynastique, ou encore la période des Dynasties archaïques.
Cependant, le schéma politique d'une royauté bien établie n'est peut-être pas constant pendant toute la période sumérienne. La plus ancienne des inscriptions royales – celle d'Enmebaragesi, roi de Kish – date de 2700. Au-delà, ni l'archéologie ni l'épigraphie ne permettent d'éclairer la période de formation de la royauté. L'interrogation porte encore sur la façon dont le pouvoir, vraisemblablement de nature théocratique à l'époque d'Ourouk, a fini par échoir à des souverains. Tout porte à croire que, au début du IIIe millénaire, sans que l'on sache trop comment, le chef religieux (grand prêtre ou prêtre-roi) partage le pouvoir avec un chef séculier. Celui-ci, souverain, veille toutefois à s'assurer une légitimité religieuse et agit en tant que mandataire du dieu principal de la cité. Dépossédé du pouvoir politique, le temple n'en garde pas moins une grande importance économique.
4.1. Le temple, réservoir des ressources
À Girsou, les archives du temple de la déesse Bawa (vers 2500-2400) nous apprennent que les sanctuaires avaient gardé la haute main sur l'économie de la cité. Sur les 4 500 ha de terres cultivables qu'ils gèrent, le quart sert aux besoins propres du culte. Les trois quarts restants sont subdivisés en champs : les uns sont destinés à l'entretien du personnel, tandis que les autres sont affermés et parfois attribués en usufruit à quelques catégories de dignitaires, fonctionnaires et employés. Le temple garde une partie de ces revenus pour les années de disette et en échange une autre contre des matières premières importées. Il en redistribue, enfin, une troisième partie sous forme de rations à la population, mais aussi au souverain et à sa famille, aux artisans, aux militaires, aux fonctionnaires et à divers autres agents de l'État.
L'administration
Afin de mener à bien une telle tâche, le temple dispose d'une véritable administration avec comptables et « bureaucrates ». Les archives de Girsou nous renseignent ainsi sur la précision et la complexité des règles de gestion adoptées par l'administration religieuse. Sous l'autorité d'un prêtre administrateur (shanga), des scribes, des contremaîtres (ugula), des intendants (nu-banda), des vérificateurs (agrig) et des inspecteurs (mashkim) veillent à la bonne marche des exploitations.
La propriété foncière
Ce système hybride où cohabitent un pouvoir politique dévolu à des séculiers et un pouvoir économique contrôlé par le temple a-t-il prévalu dans toutes les cités sumériennes ? Des contrats en provenance de Shourouppak (aujourd'hui Fara) donnent une tout autre image de la répartition foncière dans la cité : il semble que les particuliers pouvaient y acquérir des champs et les exploiter eux-mêmes sans intervention aucune du temple. Cela veut-il dire que, contrairement au Sud, le centre et le nord du pays de Sumer connaissaient la propriété privée ? Nul ne le sait, mais ce qui peut être tenu pour certain et dont l'archéologie et l'épigraphie témoignent de façon évidente, c'est que temple et palais ont cohabité tout au long de la période sumérienne.
Cependant, nous savons encore très peu de chose de la nature et de la réalité des rapports entre le politique et le monde du divin. Il est probable qu'à un moment ou à un autre, dans telle ou telle cité-État, il y eut compétition entre ces deux formes de pouvoir. À Lagash, par exemple, les inscriptions d'Ourouinimgina expliquent qu'au temps du roi Lougalanda, le temple vit ses biens spoliés par le souverain.
4.2. L'armée
Comme toutes les histoires politiques, celle de Sumer fut une succession de conflits armés qui opposaient les principautés les unes aux autres ou, plus rarement, les unissaient face à un ennemi commun. Les Sumériens excellèrent dans l'art de la guerre. Ils furent les premiers à disposer de troupes organisées et à élaborer de véritables techniques militaires. En général, leurs conflits avec les voisins obéissaient à des motifs économiques : besoins de matières premières, incidents liés au tracé des frontières, problèmes de partage de l'eau… La gloire, les ambitions personnelles des rois, voire la religion, provoquèrent aussi des rivalités.
La première guerre
Il semble que la première guerre soit celle que livra, vers 2680 avant J.-C., Enmebaragesi de Kish à ses voisins élamites. Peu après, vers 2600 avant J.-C., un autre Kishien, l'ensi Uhub, fait inscrire sur un vase dédié au dieu Zababa qu'il est le vainqueur de Hamazi, ville située au nord de la Diyala. Vers 2550 avant J.-C., Kish se distingue encore. Cette fois-ci, son souverain, Mesilim, étend son autorité sur les villes de Lagash et d'Adab. L'hégémonie kishienne doit cependant céder à celle d'Our ; ce port fluvial, situé sur l'Euphrate, connaît son premier apogée sous le règne de Mesanepada. Celui-ci fait main basse sur Nippour, prend Kish et se rend maître de la plus grande partie de la basse Mésopotamie. Son influence semble s'étendre jusqu'à Mari, sur le haut Tigre, dans la future Assyrie.
Lougal-zagesi et l'unification de Sumer
Au xxve siècle avant J.-C., c’est au tour de Lagash de connaître la gloire. Son roi, Eannatoum, aurait vaincu les Élamites et pris Mari, Our, Ourouk et Kish. Un de ses exploits sur lequel nous sommes bien informés se rapporte à un conflit frontalier avec la cité d'Oumma. Triomphant, Eannatoum commémore sa victoire par la stèle des Vautours, aujourd'hui déposée au Louvre. Oumma se venge plus tard, sous le règne de Lougal-zagesi. Celui-ci conquiert Lagash, Ourouk, Our, Kish et parvient, pour la première fois dans l'histoire mésopotamienne, à unifier tout le pays de Sumer.
4.3. Une économie agropastorale
Dans un pays principalement constitué d'eau, de limon et d'argile, l'économie sumérienne, comme aux temps de la culture d'Obeïd, s'est entièrement constituée autour de l'hydroagriculture et de l'élevage. Irrigués par des canaux dérivés des fleuves Tigre et Euphrate, les sols alluvionnaires de la basse Mésopotamie se prêtent fort bien à la céréaliculture. Outre l'engrain (espèce de blé), présent dès le Ve millénaire, les Sumériens cultivent le blé amidonnier, le blé dur et surtout l'orge. À côté des céréales, les textes mentionnent les cultures de pois, les fèves, le concombre, l'ail, l'oignon, le poireau, les dattes et font état d'élevages bovin et ovin. Ce complexe agropastoral assure aux Sumériens des surplus exportables ou du moins échangeables contre des produits étrangers.
4.4. Le rayonnement commercial
De nombreuses tablettes font état d'importations sumériennes de bois, d'or, de cuivre, d'argent, d'étain, de lapis-lazuli et d'autres pierres précieuses. De récentes découvertes archéologiques sont venues confirmer cette ouverture sur l'extérieur du monde sumérien. La découverte de céramique protodynastique dans les cairns d'Abqayq (dans l'actuelle Arabie saoudite), à Tarout et à Hili (aujourd'hui dans les Émirats arabes unis) atteste les relations entretenues entre Sumer et les pays du Golfe.
De nombreux vases en chlorite, en stéatite, en albâtre, découverts dans les sites mésopotamiens, semblent provenir d'Iran, des côtes d'Arabie et peut-être même d'Égypte. La lazurite, hautement prisée lors de l'époque protodynastique, était selon toute vraisemblance importée du Badakhchan, sur le territoire du Tadjikistan actuel. Les données de l'archéologie viennent étayer également l'hypothèse de contacts et d'échanges avec les cités de la vallée de l'Indus. Sceaux et perles harappéens ont été trouvés en basse Mésopotamie. De même, on aurait découvert des bijoux de facture sumérienne à Mohenjo-Daro.
4.5. Les innovations et les caractéristiques de la civilisation sumérienne
Un artisanat inventif
Tous les matériaux importés trouvent emploi dans la fabrication de biens de prestige destinés à une élite urbaine de plus en plus prépondérante. Pour répondre à des besoins nés de la différenciation de la société, les artisans mettent au point de nouvelles techniques. Dans le domaine de la métallurgie, leur capacité d'innovation fut telle qu'ils surclassèrent tous leurs contemporains. Cette suprématie se traduit à la fois par la maîtrise des procédés d'alliage et par celles des techniques de fabrication. La première, confirmée par les recherches archéométriques, repose sur la multiplication des alliages volontaires : binaires (cuivre-arsenic et cuivre-plomb), ternaires (cuivre-arsenic-étain) et même quaternaires (cuivre-arsenic-étain-plomb). Du point de vue des techniques, la variété des procédés (martelage, moulage, fonte à la cire perdue) permit la fabrication d'une large gamme de produits : des armes, des outils, des statuettes, des figurines, des vases, etc.
L'orfèvrerie
Les Sumériens furent aussi d'excellents orfèvres. Ils maîtrisaient les techniques d'incision, de gravure, de cloisonné et de repoussé. On leur doit l'invention de deux techniques remarquables : le filigrane et la granulation. Auparavant inconnue, la fabrication de fils et de grains d'or permit aux orfèvres sumériens de confectionner des bijoux d'une beauté remarquable. Parmi les pièces exhumées, pour la plupart dans les tombes royales d'Our, certaines sont de véritables chefs-d'œuvre. Ainsi en est-il d'un poignard en or emmanché d'une poignée en lapis-lazuli sertie de clous d'or, de son fourreau à décor en granulation et en filigrane, d'un casque dit « de Meskalandug » et de bien d'autres objets aujourd'hui déposés dans les musées de Bagdad, de Philadelphie et de Londres. Les artisans sumériens exprimèrent également leur créativité sur des matériaux moins nobles. Ainsi, parmi les œuvres d'arts mineurs, on trouve des plaques de coquilles gravées de dessins dont les traits étaient remplis d'une pâte noire ou rouge. Encastrées dans des tables de jeu ou dans les tables d'harmonie des lyres, elles faisaient office de mosaïque. Ces productions artisanales répondaient aux besoins ordinaires de la société sumérienne.
L'architecture, la glyptique et la céramique
En matière d'architecture, l'innovation consiste dans l'utilisation d'une brique planoconvexe (une face plate, l'autre bombée) séchée au soleil et appareillée en arête de poisson. De même, l'habitude fut prise de dresser les sanctuaires sur des plates-formes. Les temples à plan tripartite furent progressivement remplacés par des bâtiments à cour centrale entourée de nombreuses pièces. Aussi, à Khafadje, à El-Obeïd et à Lagash furent construits des sanctuaires inscrits dans des enceintes ovoïdes. Des changements affectèrent aussi la glyptique.
De nouveaux thèmes devinrent alors prépondérants dans l'iconographie des cylindres-sceaux : des banquets rituels et des scènes de combat où figuraient des monstres, parfois des êtres hybrides (aigle léontocéphale, taureau androcéphale, homme-taureau). La période protodynastique voit aussi l'évolution de l'art céramique. C'est ainsi qu'à la poterie écarlate – poterie peinte de motifs rouges sur fond beige – de l'époque de Djemdet-Nasr succède une céramique tournée non peinte (jarres à anses verticales, plats sur pied) mais cependant ornée de torsades et d'incisions. Les statues, anguleuses et fort stylisées au début de la période protodynastique, s'humanisent ensuite et deviennent plus réalistes. Les Sumériens se distinguent également dans l'art du bas-relief. Cependant, les bas-reliefs sumériens les plus répandus semblent avoir été de petites plaques calcaires carrées, percées d'un trou central et servant vraisemblablement de bases aux offrandes que les fidèles déposaient dans les temples. Ces pièces, conformément à leur destination, représentent des scènes de piété et mentionnent les dédicaces des adorateurs.
5. L'époque néosumérienne
Après le règne de Lougal-zagesi, qui dure vingt-cinq années, la basse Mésopotamie tout entière tombe entre les mains du Sémite Sargon d'Akkad (2340 avant J.-C.). Dès lors, les cités-États sumériennes font place à un nouveau système politique caractérisé par l'émergence de véritables États unifiés et appuyés sur des administrations centralisées. Ce changement marque, pour sûr, la prééminence de l'élément sémite akkadien. Toutefois, il faut se garder d'y voir le signe d'une subite modification de la composition ethnique de la région. Les Sémites y étaient largement représentés vers 2500 , et les tablettes d'Abou-Salabikh, signées dès cette époque par des scribes portant des noms sémitiques, semblent bien le confirmer.
Vers la fin du IIIe millénaire, après le long règne de Naram-Sin (2254-2218 avant J.-C.), petit-fils de Sargon, les Sumériens d'Our bâtissent un royaume néosumérien (2110-2004), qui disparaît sous les coups des envahisseurs amorrites et élamites. Cette période, qui prolonge la culture sumérienne, sort du cadre d'une définition stricte de la civilisation protodynastique. Politiquement, socialement, elle consacre une rupture avec l'ancien monde sumérien. La ville d'Our est détruite en 2004 avant J.-C.