1er juillet 2002 : l'euro est la seule monnaie en circulation.

L'échec du sommet de la Terre

L'Assemblée générale extraordinaire de l'ONU s'est achevée le 28 juin sur un constat amer. L'ensemble des participants aura en effet considéré que cette réunion était un coup d'épée dans l'eau, alors que l'environnement de la planète s'est dégradé depuis cinq ans. Principal accusé, les États-Unis ont admis qu'ils devaient s'engager davantage.

On fera mieux une autre fois. C'est du moins ce que l'on peut lire dans la déclaration finale, puisque, en guise de résolution, les États sont tombés d'accord pour espérer que lors du prochain sommet, prévu pour l'an 2002, « plus de progrès soient réalisés ». Les quelque deux mille ONG présentes à New York n'ont pas caché leur déception – sinon leur colère – devant la reconnaissance de cette impuissance générale. Celle-ci paraît pour le moins inquiétante dans la mesure où le diagnostic est établi (dégradation de l'environnement) et la thérapie connue : modifier les modes de production et de vie. Mais personne n'entend engager le traitement comme l'a montré l'absence de grandes décisions impliquant les gouvernements dans des actions concrètes. Cinq ans après le sommet de Rio, on peut considérer qu'un pas en arrière a été franchi pour la santé de la planète.

Réponses dilatoires

Si les intentions n'ont pas manqué, le « malade » a d'abord été invité à prendre son mal en patience. Ainsi du réchauffement climatique, qui a été renvoyé à une prochaine conférence, prévue à Kyoto, au Japon, en décembre 1997. De même pour la nécessité de mieux partager les ressources en eau douce – sans doute un des enjeux majeurs auxquels se trouve confronté le monde à l'aube du IIIe millénaire – dont il sera question lors d'une conférence ministérielle au printemps 1998, à Paris. Quant à l'utilisation des produits chimiques toxiques, en particulier les pesticides, le sommet de New York n'a accouché que d'une mise en garde de principe. Mais c'est sur le chapitre de l'aide au développement que l'on a pu mesurer le danger qu'il y a à renvoyer à plus tard des décisions dont l'urgence est patente.

Les promesses de Rio à ce sujet n'ont pas été tenues : ainsi cette aide qui devait passer à 0,7 % du produit intérieur brut est-elle aujourd'hui inférieure à 0,3 %. Tout en reconnaissant cet échec, les États se sont bien gardés de s'engager plus avant. Une pusillanimité lourde de conséquences quand chacun s'accorde à penser que si les pays du Sud suivent le modèle de développement du Nord, ils vont contribuer de manière catastrophique à la crise écologique mondiale. Cible privilégiée des écologistes, les États-Unis se sont toutefois engagés à leur donner des garanties en proposant une série de normes antipollution.

P.F.

Les États-Unis sur la sellette

Le président Bill Clinton a paru coincé entre la pression des écologistes – ces derniers constituant un important vivier électoral pour le prochain candidat démocrate – et l'intense lobbying des industriels, soutenus par les maires de nombreuses grandes villes. Les premiers ne manquent pas une occasion de laisser entendre que les électeurs verts pourraient bien faire défaut au vice-président Al Gore, les seconds rappellent volontiers qu'ils disposent de puissants relais au sein du Congrès. En imposant des normes antipollution plus strictes. Bill Clinton aura pris un risque politique.

G7 ou G8 ?

Depuis 1975, le G7 rassemble les sept pays les plus industrialisés, lors de sommets annuels dédiés aux questions économiques. Le millésime 1997 a surtout consacré la puissance américaine et l'entrée au club de la Russie, aux côtés de l'Allemagne, du Canada, des États-Unis, de la France, de la Grande-Bretagne, de l'Italie et du Japon.

Avant de partir pour Denver, le président Boris Eltsine avait déclaré qu'il souhaitait voir « écrit noir sur blanc » que le G7 était désormais transformé en G8. Si, pour la première fois, le président russe a participé à la quasi-totalité des discussions – à l'exception de celles consacrées aux questions économiques et au système financier international –, les sept n'ont pas pour autant accepté le principe d'un élargissement permanent de leur club à la Russie. C'est surtout vrai de Tokyo qui n'a toujours pas réglé son différend territorial avec Moscou sur les îles Kouriles, occupées par l'Armée rouge depuis 1945. Le sommet de Denver, qui s'est ouvert le 20 juin, a toutefois permis à M. Eltsine de célébrer son « succès géostratégique prodigieux », selon la formule d'un haut fonctionnaire français. Mais, en termes strictement économiques, force est de constater qu'un fossé sépare la Russie du reste du monde industriel. Ainsi, des pays comme la Chine, le Brésil, l'Inde ou l'Indonésie ont non seulement une production supérieure à celle de la Russie, mais ils présentent de plus une structure économique aujourd'hui très proche de celle des pays industriels.

Tensions transatlantiques

De leur côté, les Européens n'ont guère goûté la leçon d'économie que leur a prodiguée un Bill Clinton dont l'arrogance était évidemment indexée sur les performances américaines en la matière. Aussi se sont-ils employés à rappeler qu'il fallait compter avec le Vieux Continent, en soulignant ses progrès vers la monnaie unique, son action déterminante en faveur de l'environnement ainsi que l'ampleur et l'antériorité de ses efforts au profit de l'Afrique. L'entêtement déployé par les Européens pour faire en sorte que le projet de l'union économique et monétaire des Quinze figure en bonne place dans les discussions a payé : un paragraphe du communiqué final était en effet consacré à la future monnaie unique. Il s'agissait surtout, en l'espèce, de rassurer les partenaires américain et japonais quelque peu soucieux des turbulences monétaires susceptibles d'accompagner l'introduction de l'euro et d'apaiser leurs inquiétudes à l'endroit de la concurrence que celui-ci pourrait entraîner pour le dollar et le yen. Pour le reste – environnement, aide aux pays du tiers-monde –, les Européens ont aussi fait front commun, sans toutefois convaincre un président américain au triomphalisme quasi condescendant.