P.F.

Une révision du traité CFE

En contrepartie de leur aggiornamento atlantiste, les Russes ont obtenu de notables avantages sur la modernisation du traité sur les forces conventionnelles en Europe (CFE). Signé en novembre 1990 entre l'OTAN et le pacte de Varsovie, ce traité avait fixé des quantités maximales d'armements (tanks, véhicules blindés, hélicoptères, artillerie lourde) pour la « zone des flancs » s'étendant de la Norvège à la Turquie et englobant l'Ukraine, la Moldavie, l'Azerbaïdjan, la Géorgie, l'Arménie et le Kazakhstan. La hausse des quotas russes, notamment dans le Caucase, est acquise.

Le sommet d'Amsterdam

À Amsterdam, les Quinze n'ont pu que constater leur incapacité à réformer les institutions de l'Union européenne. Cependant, en adoptant le Pacte de stabilité monétaire agrémenté d'un volet social sur l'emploi, ils ont mis un terme à la crise qui menaçait l'euro et le couple franco-allemand.

Sans doute, si Lionel Jospin ne s'était pas installé deux semaines plus tôt à l'hôtel Matignon et n'avait pas émis des réserves sur le pacte de stabilité (« Du super-Maastricht ! ») et sur sa détermination à faire l'euro, le Conseil européen réuni, les 16 et 17 juin, à Amsterdam, en vue d'amender le traité de Maastricht, se serait-il focalisé sur son ordre du jour prioritaire : la réforme de ses institutions. Un projet ambitieux : il s'agissait, avant l'élargissement à 20 ou à 25, de tirer au plus vite l'Union de la paralysie qui l'avait déjà gagnée au lendemain de l'adhésion de l'Autriche, de la Finlande et de la Suède et d'éviter qu'elle ne se dilue dans une simple et large zone de libre-échange, en renforçant son pouvoir de décision.

Pendant ces deux jours, les 15 devaient donc plancher sur un nouveau mode de gouvernement plus efficace, plus politique et moins technocratique. La pondération de l'importance de chacun de ses membres devait être rééquilibrée, elle était trop avantageuse pour les petits pays au détriment des grands, le nombre de commissaires diminué et le champ des votes à la majorité et non plus à l'unanimité, élargi. Certes, à la sortie, il y a eu des avancées, notamment sur les pouvoirs du Parlement européen et en matière de politique étrangère. Mais, par rapport aux ambitions affichées à l'entrée, les Quinze se sont quittés sur un constat d'échec. Un blocage qui fait courir le risque d'une paralysie des institutions.

Helmut et Lionel

Un blocage dû en grande partie au couple franco-allemand. Pour la première fois, ce tandem, véritable moteur de l'Europe, est apparu fragilisé en raison de désaccords sur la gestion de la zone monétaire européenne. Pendant sa campagne électorale, Lionel Jospin n'avait pas caché tout le mal qu'il pensait du pacte de stabilité voulu par l'Allemagne et adopté à Dublin en décembre 1996. Crime de lèse-Europe pour Helmut Kohl, il avait même émis des réserves quant à sa volonté d'aboutir à l'euro à n'importe quel prix. Une fois installé à Matignon, le Premier ministre avait fait comprendre qu'il ne signerait pas un tel pacte s'il n'était pas assorti d'un volet social engageant l'Europe à faire de l'emploi une de ses priorités. À Amsterdam, après une première prise de contact, à Poitiers, lors du sommet franco-allemand, en accord avec Jacques Chirac, un compromis était trouvé : les Quinze adoptaient une résolution sur la croissance et l'emploi faisant pendant au pacte de discipline budgétaire. L'euro était sauvé.

B.M.

Dix ans pour faire l'euro

7 février 1992 : signature du traité de Maastricht.

15 décembre 1995 : fixation du nom et du calendrier de l'euro à Madrid.

14 décembre 1996 : adoption du pacte de stabilité à Dublin.

17 juin 1997 : vote du pacte de stabilité à Amsterdam.

Printemps 1998 : création de la Banque centrale européenne, liste des pays participants à l'euro et choix pour les pièces et les billets.

1er janvier 1999 : gel des taux de change, introduction de l'euro sur les marchés financiers.

2001 : mise en circulation des pièces et des billets de l'euro en parallèle avec les monnaies nationales, progressivement retirées.