L'économie islandaise semble se redresser. L'accord salarial du 21 février 1995 (augmentation des salaires de 6,9 % sur deux ans) en témoigne. Avec un taux de chômage de 4,5 % en 1994 (mais de 6 % en 1995), une inflation aujourd'hui ramenée à 1,6 % et une augmentation des exportations de 15,6 % (en dépit d'un recul du secteur de la pêche), Reykjavík peut aujourd'hui regarder l'avenir avec plus de sérénité.

Les élections législatives d'avril 1995 sont marquées par le recul attendu de la coalition gouvernementale formée des sociaux-démocrates (menés par Jón Baldvin Hannibalsson) et des conservateurs du parti de l'Indépendance du Premier ministre David Oddsson. La coalition n'obtient que 32 des 63 sièges de l'Althing (Parlement), le parti du Progrès (centriste, ex-agrarien) emporte 15 sièges. Le parti de l'Indépendance et le parti du Progrès forment une coalition gouvernementale de centre droit. David Oddsson reste Premier ministre.

Finlande

Les élections législatives de mars 1995 permettent aux sociaux-démocrates (28,3 % des voix, 63 sièges) de sortir de l'opposition. Le parti du Centre de Esko Aho, le Premier ministre sortant (19,9 % des voix, 44 sièges), et les conservateurs (17,9 % des voix, 39 sièges) sont en recul par rapport à 1991. Le chef des sociaux-démocrates Paavo Lipponen forme en avril un « gouvernement arc-en-ciel » de coalition majoritaire (soutenu par 145 députés sur les 200 que compte le Parlement), qui associe les conservateurs, l'Alliance de gauche (11,2 % des voix, 11 sièges), les verts (6,1 % des voix, 9 sièges) et le parti du Peuple suédois (5,1 % des voix, 11 sièges). Le nouveau gouvernement concentre ses efforts sur la lutte contre le chômage (19 % de la population active en 1994, 14 % à la fin de 1995), le maintien de la compétitivité et la réduction des déficits publics. La Finlande est toujours très endettée (70 % de son PIB), mais les exportations de produits manufacturés reprennent. La croissance est estimée à 2 % en fin d'année.

À la suite du référendum d'octobre 1994, la Finlande entre dans l'Union européenne le 1er janvier 1995, mais elle reste hostile à l'idée d'une défense commune. Désireux de maintenir la stabilité de l'Europe du Nord et de la région baltique, Paavo Lipponen se dit favorable à l'élargissement de l'Union européenne.

Lituanie

Aux élections locales de mars 1995, les conservateurs menés par Vytantas Landsbergis continuent de progresser et enregistrent une avancée avec 28,8 % des suffrages exprimés contre 20 % au parti démocratique du Travail (LDDP) du président Algirdas Brazauskas. Les centristes, chrétiens-démocrates (16,6 %) et sociaux-démocrates (4,6 %), sont les grands perdants du scrutin. Les conservateurs ont de sérieuses chances de retrouver le pouvoir aux élections législatives de 1996.

L'atmosphère du pays a changé. Le dynamisme de l'économie devient visible (croissance du PIB de 5 % en 1995) et le tissu industriel se renouvelle. La perspective d'une adhésion à l'Union européenne en 1999 accélère le mouvement. À la fin de 1995, la Lituanie est le plus avancé des États baltes en matière de privatisations, et la mafia, plaie chronique des sociétés post-soviétiques, échappe de moins en moins au contrôle des autorités.

Cependant, face à la classe montante des néocapitalistes, la grande majorité de la population se sent laissée pour compte. Le rendement du système fiscal reste faible, la fraude fiscale est générale. Ainsi, faute de recettes, les investissements publics sont au point mort, et les équipements collectifs se dégradent. Le climat de méfiance, et même de violence sociale, persiste. Le LDDP (Parti travailliste) au pouvoir est très critiqué pour son manque de rigueur financière. Enfin, selon de nombreux observateurs, le système éducatif reste dans l'ensemble insuffisant.

Estonie

Le climat politique instable de 1994 faisait des élections législatives de mars 1995 un scrutin très attendu. Elles aboutissent à la formation d'un gouvernement de coalition majoritaire entre le parti de la Coalition (centre droit) de Tiit Vähi et le parti du Centre d'Edgar Savisaar (gauche). Tiit Vähi est nommé Premier ministre en avril, mais son gouvernement est éclaboussé par un scandale : des enregistrements auraient été réalisés secrètement pendant des négociations politiques. Le gouvernement doit démissionner en octobre. Tiit Vähi, reconduit par le président de la République Lennart Meri, forme un nouveau gouvernement de coalition avec les libéraux du parti des Réformes. Ses principaux mots d'ordre sont le maintien de la monnaie, l'équilibre budgétaire et les privatisations.