Europe du Nord

Après l'adhésion de la Suède et de la Finlande à l'Union européenne, les pays d'Europe du Nord sont à la recherche d'un nouvel équilibre. La non-adhésion rapproche l'Islande et la Norvège (déjà liées par l'économie de la pêche), tandis que les trois pays baltes poursuivent leur marche vers l'association avec l'Union européenne.

Suède

Le « oui » à l'adhésion à l'Union européenne l'ayant emporté au référendum de novembre 1994 par 52,2 % des suffrages exprimés, la Suède fait son entrée officielle dans l'UE au 1er janvier 1995.

L'économie suédoise, sans sortir encore de la crise, connaît une certaine embellie. La croissance continue de dépasser les 2 %, les exportations progressent et l'investissement semble reparti. La balance commerciale et la balance des échanges redeviennent positives. En revanche, si l'inflation régresse nettement (entre 2 et 3 % en 1995), la couronne continue à perdre de sa valeur. Les taux d'intérêt montent, la dette nette extérieure croît rapidement (23 % du PIB fin 1994), le chômage dépasse toujours les 8 % des actifs et le déficit budgétaire atteint 16,4 % du PIB. Face à cette persistance des difficultés économiques, les sociaux-démocrates (revenus au pouvoir depuis les élections de septembre 1994) prennent des mesures énergiques qui mettent un peu plus à mal le « modèle suédois ». Le programme d'assainissement des finances publiques adopté en novembre 1994 (fiscalité accrue, désindexation des retraites, etc.) est complété le 5 avril 1995 par une série d'économies budgétaires portant sur le budget social. Un programme d'allégement des charges patronales est lancé en début d'année. Le gouverneur de la Banque centrale, Urban Bäckström, considère que, la couronne étant encore sous-évaluée, une entrée dans le système monétaire européen (SME) n'est pas d'actualité.

Cependant, le chef du gouvernement, Ingvar Carlsson, affronte un climat politique difficile. Présentée comme son probable successeur en 1996, Mona Sahlin, vice-Premier ministre, est déstabilisée par la polémique sur l'usage d'une carte de crédit de fonction pour des dépenses privées.

Le mécontentement et l'euroscepticisme se développent. En septembre, les anti-européens sortent largement victorieux des premières élections au Parlement européen : les verts recueillent 17,2 % des suffrages et les anciens communistes 12,9 %. Le Parti social-démocrate, très divisé sur l'Union européenne, est le grand perdant du scrutin. Avec 28,1 % des suffrages, il recule de 17 points par rapport aux législatives de septembre 1994. Le taux d'abstention élevé (59 %) confirme le désintérêt des Suédois pour la question européenne.

Danemark

En 1995, les résultats de l'économie danoise semblent s'être consolidés. La croissance réelle, autour de 4 %, est relativement stable, la balance commerciale et la balance des paiements sont positives et l'inflation ne dépasse pas les 2,4 %. La dette extérieure nette passe à 23,4 % du PIB contre 35,5 % en 1992. Le nombre des chômeurs diminue (10,6 % en 1994) et des négociations permettent de contenir l'augmentation des coûts salariaux. Les exigences du Conseil européen réuni à Cannes en juin amènent le gouvernement à présenter un programme de lutte contre le chômage.

Après les élections législatives danoises de l'automne 1994 et la formation par les sociaux-démocrates d'un nouveau gouvernement de coalition minoritaire avec le Centre démocrate et les Radicaux libéraux, c'est au tour du Groenland, territoire autonome, d'élire en mars 1995 les membres de son Parlement, le Landsting. Les sociaux-démocrates (Siumut), dirigés par Lars Emil Johansen, l'emportent et forment un gouvernement de coalition avec les libéraux (Atassut).

Comme les autres pays nordiques, le Danemark participe aux forces de maintien de la paix déployées par l'ONU en Bosnie et en Croatie. Le ministre des Affaires étrangères, Niels Helveg Petersen, veut accroître cette participation. Il considère que tous les pays nordiques, membres ou non de l'Alliance atlantique, devraient fournir des troupes à l'OTAN pour former un corps de paix en Bosnie. Le Danemark et la Norvège sont membres de l'OTAN, mais ni la Finlande, ni la Suède n'en font partie. Pour suivre la proposition danoise, elles devront rouvrir le débat sur leur neutralité.

Norvège

L'adhésion à l'Union européenne a été rejetée par référendum en 1994. Le gouvernement d'Oslo cherche à limiter la portée de cette décision en favorisant l'intégration du pays dans l'Espace économique européen (EEE). Depuis plus de quarante ans, Danois, Finlandais, Islandais, Norvégiens et Suédois se déplacent d'un État à l'autre sans passeport. Ils ne veulent pas y renoncer à cause des accords de Schengen. Comme les Norvégiens ne font pas exception à la règle, ils envisagent d'assurer la garde des frontières de l'Union européenne. C'est en tout cas la proposition du Premier ministre travailliste Gro Harlem Brundtland. Mais ce projet risque de rester sans suite, le Parti travailliste ayant subi un revers électoral aux scrutins locaux de septembre. Membre du groupe des trois premiers exportateurs mondiaux de produits pétroliers (+ 11,2 % en 1994), la Norvège accroît sa production pour compenser la baisse du prix du brut. En 1994, le pays avait poursuivi son redressement économique. Le PNB avait augmenté de 5,1 % (hors produits pétroliers), les exportations de 7,6 %, l'excédent de la balance commerciale était de 25,8 milliards de couronnes (15,1 en 1993) et le déficit budgétaire était en baisse (de 2,5 % en 1993 à 1 % en 1994). L'inflation se maintenait à 1,9 % et la baisse des taux d'intérêt se poursuivait, stimulant la consommation des ménages et la construction. Pour la première fois depuis longtemps, le chômage avait reculé (5,2 % contre 6 % en 1993).

Islande

L'Islande craignait d'être isolée au sein de la Communauté des pays nordiques et de l'Espace économique européen. Le « non » norvégien à l'Europe l'a rassurée. Le pays vit largement de la pêche, et les quotas européens sont pour lui une menace, d'où sa décision de rester à l'écart de l'Union européenne, que seuls les sociaux-démocrates contestent.