Avec de tels rebonds politiques, la crise de l'Éducation nationale en France ne semble pas près d'être résolue et l'avenir des enseignants et des enseignés loin d'être assuré.

Pierre Thibault

Presse

En France, la presse a traversé l'année et la guerre du Golfe avec beaucoup de difficultés. Elle a dû faire face en même temps à une crise morale et à une crise financière. Comme à l'étranger, la crise morale a revêtu une triple dimension : elle a été à la fois déontologique, philosophique et structurelle.

Du point de vue de l'exercice de la fonction journalistique, l'encadrement très strict auquel la presse a été soumise de la part des armées alliées opérant dans le Golfe a été durement ressenti. Au cours des conflits précédents, jamais les militaires n'avaient contrôlé aussi étroitement les journalistes, qui ont eu souvent le sentiment d'être réduits au rôle de simple auxiliaires de leur propagande. Une impression qui a été renforcée, notamment pour les gens de la presse écrite, par l'omniprésence de la télévision, et tout particulièrement par celle de la chaîne américaine CNN. L'impact permanent des images, souvent mises en scène, sinon manipulées, a été si puissant que les responsables politiques comme les journalistes ont été parfois inconsciemment amenés à confirmer, sans enquête sur le terrain, ce que montrait le petit écran.

De sérieux problèmes

De nombreux analystes se sont alors penchés sur le devenir de l'information. Les plus optimistes ont cru apercevoir le commencement d'une période salutaire d'« auto-interrogation » de la presse. D'autres ont observé que, jusqu'à présent, on avait seulement cherché à diminuer le temps écoulé entre la survenance de l'événement et la délivrance de l'information, et qu'il importait désormais que les journalistes – de la presse écrite surtout – apprennent à réintroduire de la distanciation entre les faits et leur traitement par les médias.

Comme les autres secteurs d'activité, et peut-être encore davantage, la presse a subi de plein fouet les effets des langueurs de l'économie. D'une année à l'autre, la diffusion de la presse nationale se tasse (– 1,9 % en 1990) ; mais celle des magazines, jusqu'alors plus solide, également. Ces difficultés sont aggravées par la décrue des ressources publicitaires qui, globalement, ont baissé de près de 5 %. Cette crise est d'autant plus vivement ressentie qu'en cinq ans la part de la diffusion dans les revenus des journaux est passée de 57 % à 51 % pour la presse nationale et de 60 % à 55 % pour la presse régionale.

La mort, pour le moins mystérieuse, de Robert Maxwell est à cet égard exemplaire des sérieux problèmes que la presse écrite rencontre dans le monde entier. Noyé, accidentellement ou non, au large des Canaries, le 5 novembre, le magnat britannique laisse en effet un endettement global d'une trentaine de milliards de francs.

Jules Chancel

Audiovisuel

L'organisation du paysage audiovisuel français, tel qu'il a été mis en place par l'ensemble des textes législatifs et réglementaires promulgués depuis 1986 (loi du 30 septembre 1986 modifiée le 27 décembre 1986 ; lois du 17 janvier 1989 et du 4 août 1989), continue de faire l'objet de critiques et de polémiques, en particulier de la part des responsables des chaînes privées. Deux points sont au cœur des débats : cinq chaînes hertziennes généralistes peuvent-elles cohabiter sur le marché français ? Quel est l'avenir du secteur public de l'audiovisuel, et en particulier de deux sociétés de programmes A2 et FR3 ?

Les opérateurs privés contestent vigoureusement la réglementation actuelle sur deux points : les quotas de diffusion (décret de janvier 1990) qui les obligent à diffuser un certain pourcentage d'œuvres originales françaises et européennes aux heures de grande écoute (à ce sujet, la mise en conformité de la réglementation française avec la directive européenne sur la télévision sans frontières aboutira à une diminution des quotas imposés et à un assouplissement des définitions des diverses catégories d'œuvres concernées en 1992) ; l'impossibilité dans laquelle ils sont d'introduire une seconde coupure publicitaire lors de la diffusion de longs métrages. En point d'orgue, ils attaquent violemment le Conseil supérieur de l'audiovisuel en contestant sa neutralité politique et, s'offusquent de la manière dont l'État subventionne les télévisions publiques.