Nicolas Witkowski

Télécommunications

Explosion de la télécopie, développement du Minitel et des réseaux (notamment Numéris, ou Réseau numérique à intégration de services), interconnexions d'ordinateurs et échanges de données pour « supprimer le papier », mise en place de radiotéléphones : les entreprises prennent conscience de l'importance des télécommunications et s'apprêtent à jouer cette carte à l'approche de l'Europe de 1993.

Dans ce contexte, la réforme des PTT s'avérait indispensable. Le 1er janvier 1991, France Télécom et la Poste deviendront deux établissements publics distincts, aboutissement du projet de loi sur la « déréglementation » présenté en Conseil des ministres le 19 septembre. Le monopole de France Télécom est consolidé dans la téléphonie vocale et dans l'infrastructure des réseaux ouverts au public, avec néanmoins des possibilités de dérogation ministérielle dans le domaine des liaisons avec les mobiles et les télécommunications spatiales à bas débit.

Pour la transmission de données – l'un des points essentiels du développement des réseaux dits « à valeur ajoutée » destinés aux entreprises et aux organismes de distribution –, France Télécom cède une part de son monopole à des prestataires habilités à établir des liaisons de types Transpac (commutation par paquets), Numéris ou Transcom. L'État conserve ainsi son emprise sur la transmission et l'infrastructure, tandis que la commutation de données est libéralisée.

Au niveau européen, l'organisation Eutelsat, chargée des télécommunications par satellites, a lancé en août un satellite de seconde génération, Eutelsat II-F1, premier d'une série de cinq engins qui seront mis en service d'ici à 1993. Prochaine étape : Euteltracs, service de radiolocalisation de mobiles, qui doit entrer en service en 1991, en concurrence avec les deux autres systèmes, Locstar et Inmarsat. Les instances de Bruxelles s'attaquent aussi à la déréglementation des satellites, afin d'autoriser l'accès direct des utilisateurs au réseau Eutelsat sans passer par les organismes nationaux chargés des télécommunications. Les entreprises à implantation européenne pourront ainsi bâtir leur propre réseau de communications spatiales grâce à de petits satellites privés appelés V. Sat, déjà développés aux États-Unis.

Notons enfin que les grandes entreprises d'informatique, confrontées cette année à une crise sans précédent, voient dans les télécommunications et dans les réseaux une « bouée de sauvetage » que certains se sont empressés d'exploiter : Digital a installé à Sophia Antipolis la tête de pont de son activité télécommunications publiques. C'est la première fois que le numéro deux mondial de l'informatique s'implante ainsi hors des États-Unis. L'Europe des télécommunications est bien attirante...

Claude Gelé

Automobile

Les événements du Golfe ont ramené avec eux le spectre du choc pétrolier. L'invasion du Koweït datant du mois d'août, les techniciens de l'automobile n'ont pas eu le temps de réagir efficacement avant le « Mondial », à l'inverse du public qui s'est précipité sur les véhicules Diesel, réputés pour leur sobriété. Cet engouement constitue le principal fait d'une année extrêmement calme sur le plan technique. Toutefois, si aucune innovation majeure n'a vu le jour, de nombreuses recherches lancées de longue date ont été confirmées par les constructeurs.

Le triomphe de la technique...

C'est le cas notamment des céramiques. Lors du congrès FISITA, qui regroupe tous les ingénieurs automobiles de la planète, Isuzu a présenté son V6 « tout céramique ». Ce diesel de 2 992 cm3 produit non seulement ses 180 ch à 4 500 tours..., mais aussi 10 kW grâce à deux petites turbines en céramique placées dans les échappements et couplées à des alternateurs. L'absence de circuit de refroidissement – la chambre de combustion étant parfaitement isolée par d'autres éléments en céramique – permet alors d'obtenir une énergie qui est aussitôt récupérée par le système.

Les recherches sur les moteurs deux-temps ont aussi retrouvé une certaine actualité. Après Toyota et Subaru à Tokyo, GM, Ford et Chrysler ont montré leurs réalisations au Salon de Détroit. L'Europe s'en préoccupe moins, mais Peugeot et Renault, avec l'IFP, travaillent sur un trois-cylindres, en deux versions : la première, à injection directe ; la seconde, avec une soupape d'admission d'air très turbulent qui améliore la combustion. En dépit de calculs et de simulations sur ordinateur, les résultats ne sont guère brillants... Ford semble bien plus avancé sur cette voie. Les gains de poids sont très intéressants, mais il faudra attendre trois ou quatre ans pour voir si ces solutions peuvent déboucher sur la production en série.