Les Soviétiques ont poursuivi l'exploitation de leur station orbitale Mir. A. Viktorenko et A. Serebrov, en orbite depuis le 8 septembre 1989, ont regagné la Terre à bord de Soyouz TM-9 le 19 février. La relève a été assurée par A. Soloviev et A. Balandine, lancés le 11 février à bord de Soyouz TM-9 qui s'est amarré à Mir le 13. La masse du complexe a été portée à 83 t avec l'amarrage à la station, le 10 juin, du module technologique Kristall (lancé le 31 mai), pour la fabrication de matériaux et de produits biologiques en microgravité. Les deux cosmonautes ont regagné la Terre à bord de Soyouz TM-9 le 9 août, leur relève dans l'espace étant assurée par G. Manakov et G. Strekalov lancés le 1er août, à bord de Soyouz TM-10. Le 4 décembre, un nouvel équipage comprenant V. Afanassiev et M. Manakov a gagné la station, à bord de Soyouz TM-11, en compagnie du premier cosmonaute japonais, T. Akiyama, un journaliste de la chaîne de télévision privée TBS. Ce dernier est revenu sur la Terre le 10 décembre, avec Manakov et Strekalov, à bord de Soyouz TM-10.

L'année spatiale a été également marquée, le 5 avril, par le vol inaugural de la fusée aéroportée américaine Pégase, qui a placé en orbite à 590 km d'altitude la charge utile technicoscientifique Pegsat (180 kg) ; et, le 7 avril, par le premier lancement par une fusée chinoise d'un satellite commercial étranger, le satellite de télécommunication anglo-asiatique Asiasat 1 (l'ex-satellite américain Westar 6, récupéré dans l'espace après une mise en orbite défectueuse et revendu d'occasion).

Philippe de la Cotardière

Environnement

À une décennie de l'an 2000, la protection de l'environnement est devenue l'une des priorités de la plupart des gouvernements, des institutions spécialisées de l'ONU (PNUE, FAO, UNESCO), des communautés internationales (CEE, CEDEAO – Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest –, OCDE) et de certaines organisations non gouvernementales comme le WWF (World Wildlife Fund) ou l'UICN (Union internationale pour la conservation de la nature).

Gérer la planète

En France, le ministère de l'Environnement a remplacé le secrétariat d'État le 2 octobre 1990. Son budget prévisionnel a été augmenté de près de 50 % par rapport au précédent. La création d'une Agence française pour l'environnement et la maîtrise de l'énergie, mégastructure qui doit regrouper les trois agences existantes (l'AQA, chargée de la qualité de l'air ; l'ANRED, chargée des déchets ; l'AFME, chargée de l'énergie), l'adoption d'un plan national pour l'Environnement et l'inauguration récente d'un institut de l'Environnement industriel à Verneuil-en-Halatte montrent bien la dimension prioritaire accordée par le gouvernement à l'environnement. Dans de nombreux autres États, les décideurs ont également pris conscience que notre patrimoine naturel commun et le climat sont gravement menacés par les activités humaines et par l'exploitation intense et anarchique des réserves naturelles : forêts, sols, eaux, faune et flore.

Dans certaines régions, la situation est néanmoins très préoccupante, mais elle ne semble pas irréversible. En atteste le cas du lac Érié (26 000 km2), un des grands lacs d'Amérique du Nord. En 1960, ses eaux presque totalement dépourvues d'oxygène étaient infestées d'algues asphyxiantes. Cette eutrophisation extrême n'était que l'aboutissement logique des déversements incontrôlés de phosphates et des pollutions minérales, organiques et chimiques dont le lac avait été le réceptacle pendant plus d'un siècle. Trente ans plus tard, le programme commun de protection du lac, mis en œuvre par la province canadienne de l'Ontario et les quatre États américains riverains, a permis de réduire les apports de phosphates d'origine agricole et urbaine (détergents) et de rendre l'hydrosystème lacustre de nouveau aérobie. (La restauration totale du lac ne sera effective que dans quelques années.)

Les remarquables résultats obtenus prouvent qu'il est encore possible de sauver la faune et la flore des écosystèmes fluviaux de l'Elbe, du Rhin et du Rhône, dont les eaux charrient plomb, cadmium, chrome, mercure, cuivre, DDT et PCB (polychlorobiphényles) en quantité alarmante, et de réduire la pollution de la mer du Nord et de la Méditerranée. La mer d'Aral, dont la superficie était de 68 000 km2 en 1960, est condamnée à une mort prochaine du fait des énormes prélèvements d'eau effectués sur le Syr-Daria et l'Amou-Daria, qui assuraient son alimentation normale. Sa surface a diminué de 40 % et son volume de 65 % ! La salinité de ses eaux a tant augmenté que 20 espèces de poissons sur 24 ont disparu. La pêche n'y est plus possible alors que, dans les années 50, les prises annuelles atteignaient 55 000 tonnes environ. La mer d'Aral peut être sauvée à la condition de modifier totalement la structure de la production régionale et de repenser les aménagements réalisés sur l'étendue de son bassin versant.