Le lendemain, les députés, qui se sont réunis dans le mess des officiers de la base aérienne de Qlaiaat, dans le nord du pays et à proximité de la frontière syrienne, décident pourtant d'élire un nouveau président en la personne de M. René Moawad.

Une semaine après son élection, M. René Moawad charge M. Sélim Hoss, chef du « gouvernement musulman » depuis septembre 1988, de former un cabinet d'union nationale. Ce projet se heurte toutefois à la volonté du général Aoun qui réaffirme « préférer la mort à la soumission ». Le 22 novembre, alors qu'il venait de célébrer le 46e anniversaire de l'indépendance du pays, M. René Moawad est victime d'un attentat commis à Beyrouth dans le secteur contrôlé par l'armée syrienne. Comme tant d'autres dans le pays, ce meurtre ne sera sans doute jamais éclairci.

Soucieux d'éviter une trop longue vacance du pouvoir, les députés élisent, dès le 24, un nouveau président, M. Élias Hraoui. Considéré comme un fonceur, cet homme de 63 ans est un proche de la Syrie. Il annonce sa volonté de mater ce qu'il appelle la « rébellion » du général Aoun et, le 28 novembre, annonce qu'il lui a retiré le commandement de l'armée et qu'il a nommé à sa place un officier de 53 ans, le général Émile Lahoud.

Des milliers de partisans du général Aoun se massent alors autour du palais présidentiel de Baabda. L'ampleur de ces manifestations de soutien embarrasse les dirigeants politiques. Le 6 décembre, M. Hraoui décide d'attendre encore avant d'engager l'épreuve de force fratricide.

Jean-Pierre Langellier
Chef adjoint du service de politique étrangère du Monde, Jean-Pierre Langellier est chargé du Moyen-Orient.