Apparemment moins actif que son prédécesseur sur le plan diplomatique, A. Diouf poursuit en réalité une action vigoureuse, dans le cadre de l'OUA notamment, pour tenter de hâter la solution de la guerre du Sahara occidental et celle du conflit tchadien. D'autre part, il fait notablement progresser le système confédéral sénégambien, dont tout incite à penser qu'il pourrait bien évoluer, à terme, soit vers une fédération, soit vers un État unitaire.

Le 12 janvier a lieu à Dakar la première réunion du gouvernement confédéral sénégambien sous la présidence de A. Diouf, président de la Confédération, et de D. Jawara, vice-président. Ce geste concrétise la naissance d'un ensemble politique créé le 17 décembre 1981 par un pacte entré officiellement en vigueur le 1er février 1982.

Philippe Decraene

Tchad

Le face-à-face militaire France-Libye

La guerre civile du Tchad, qui ne cesse de se développer depuis bientôt deux décennies, prend en août une dimension nouvelle. À la demande des autorités de N'Djamena, la France intervient pour la troisième fois depuis l'accession de son ancienne colonie d'Afrique centrale à la souveraineté internationale. C'est l'opération Manta, enclenchée après la chute, pour la deuxième fois, en août, de Faya-Largeau, capitale du Nord, région vaste et semi-désertique.

Aidés par le président Kadhafi, qui leur prête un puissant concours logistique et leur envoie armes, munitions, pièces d'artillerie et blindés, les partisans de Goukouni Oueddei, chef du Gouvernement d'union nationale de transition (GUNT), ont déjà pris l'initiative, en s'emparant le 24 juin, par surprise, de Faya-Largeau. Le président Hissène Habré, détenteur du pouvoir à N'Djamena, semble être dans l'impasse. Le 28 juin, le président Mitterrand annonce que « la France respectera ses engagements, sans limite » à l'égard des dirigeants tchadiens. Accompagnés de nombreux experts civils, des chargements importants d'armes et de munitions — acheminés à partir de Douala (Cameroun), de Bangui (Centrafrique) et de Libreville (Gabon) — gagnent la capitale tchadienne.

Raids aériens

Grâce aux blindés donnés par la France, et à leur combativité, les hommes d'Hissène Habré reprennent Abéché. Principale agglomération du Tchad oriental, voie d'accès au Soudan et à sa riche province occidentale du Darfour, Abéché est traditionnellement considérée comme l'un des fiefs de H. Habré ; elle n'aura été occupée que quarante-huit heures par Goukouni Oueddei, appuyé par un fort contingent d'artillerie légère libyenne.

Washington décide, le 19 juillet, l'octroi immédiat d'une aide militaire de 10 millions de dollars à H. Habré. De son côté, le Zaïre envoie à N'Djamena 2 000 soldats et une escadrille de 3 avions Mirage.

Le 30 juillet, Hissène Habré reprend Faya-Largeau et la vaste palmeraie qui l'entoure. Mais, à six reprises consécutives, l'aviation libyenne entre en action contre la petite cité, provoquant une demande « urgente d'intervention aérienne » de la part de H. Habré, qui s'adresse à la fois à Paris et à Washington. Les Libyens démentent ces accusations portées à leur encontre, tandis que Français et Américains se contentent tout d'abord de dénoncer l'« agression ouverte » contre le Tchad.

C'est le 1er août que Paris, puis Washington prennent l'engagement de livrer des armes antiaériennes au gouvernement tchadien, pour lui permettre de s'opposer aux raids de l'aviation libyenne contre Faya-Largeau. Puis les Américains portent leur aide d'urgence de 10 à 25 millions de dollars, sans pour autant décourager l'armée de l'air libyenne.

Opération Manta

Alors que deux avions radars américains Awacs sont envoyés, le 6 août, à Khartoum, on cherche à Paris à gagner du temps, en assurant que « le conflit demeure une guerre civile avec des implications étrangères ». Quatre avions de transport Transall déchargent néanmoins des premières cargaisons d'armes à N'Djamena et l'on annonce, du côté français, qu'un pas supplémentaire serait franchi si l'affaire tchadienne devenait « une guerre étrangère ».