C'est également pendant les fêtes d'automne qu'un attentat, qui n'était pas dirigé contre un lieu de culte juif, mais contre la compagnie israélienne El Al à Rome, a montré la persistance du terrorisme palestinien.

Par la suite, en février 1982, une bombe fera d'importants dégâts, mais pas de victimes, dans la grande synagogue de Rome. À Berlin cependant, le 21 janvier 1982, une petite fille meurt à la suite d'une explosion dans un restaurant juif ; on déplore alors 25 blessés dont certains grièvement.

Hommage

Le sentiment d'oppression est réel chez nombre de juifs de France, alors que les auteurs de l'attentat de Copernic n'ont toujours pas été arrêtés. Mais l'indifférence des médias au fur et à mesure que se multiplient les attentats — la mort de la petite fille de Berlin est à peu près passée inaperçue — montre aussi les limites du terrorisme, dont la raison d'être essentielle est moins de tuer que de se servir des attentats comme caisse de résonance.

Pour le reste, on ne peut dire que la communauté juive de France éprouve le sentiment d'une recrudescence de l'antisémitisme national. Il semble, tout au contraire, que les excès provoqués par la FANE et d'autres mouvements d'extrême droite (Journal de l'année 1980-1981) aient cessé après le drame de Copernic.

Le président de la République, en rendant hommage au peuple juif lors de son voyage en Israël, a même effacé la fameuse phrase du général de Gaulle sur « le peuple sûr de lui et dominateur ».

Rabbi Jacob

Les signes les plus évidents d'une diminution progressive de l'antisémitisme à la française peuvent être reconnus par des faits aussi simples et significatifs que la projection, au soir du réveillon, sur le petit écran, de Rabbi Jacob, film dont le héros est Louis de Funès. La diffusion dans les salles de cinéma du Grand Pardon, qui, en d'autres temps, aurait sans aucun doute été accusé de susciter l'antisémitisme en présentant une image fantaisiste de la maffia juive, montre au contraire que la collectivité juive est acceptée, avec ses qualités et ses défauts.

D'aucuns reconnaîtront un signe de vitalité dans la profusion des radios libres juives qui, selon les sondages, bénéficient d'ailleurs d'une large écoute, aussi bien en milieu juif que non juif. Mais d'autres verront dans les quatre radios libres juives de Paris l'indice d'un manque d'unité.

La réaction de la collectivité juive à l'égard du phénomène majeur qui a secoué l'Europe occidentale — les événements de Pologne — ne peut être dissociée de celle de l'ensemble de l'opinion publique française, qui a exprimé son soutien à Solidarité.

Il reste quelque 5 000 à 7 000 juifs en Pologne. Ce nombre réduit n'a pas empêché chez certains éléments de Solidarité comme chez des partisans du général Jaruzelski de tenter de réveiller le fond populaire antisémite.

France-Israël

Quelques mois après l'arrivée de la gauche au pouvoir, il est, naturellement, difficile de définir les sentiments des juifs de France dans leur ensemble, à son égard. Sans doute, les juifs français ont-ils vivement apprécié la visite de François Mitterrand en Israël et la proclamation, amplifiée par les médias, de l'amitié de la France envers ce pays.

Pour la première fois depuis longtemps, les juifs ont eu l'impression qu'ils n'étaient plus des opposants inconditionnels de la politique étrangère de la France. Cependant, nombre d'entre eux ne cachent pas leur profonde méfiance à l'égard des projets français visant à favoriser la création d'un État palestinien.

Si les responsables de la diplomatie française ont reconnu que la charte de l'OLP ne permettait pas d'envisager une négociation entre cette organisation et Israël, d'autres propos ont donné l'impression que le gouvernement français était plus engagé en faveur des Palestiniens que par le passé.

Surtout, la plupart des juifs de France ont tendance à se mobiliser spontanément pour exiger le respect de la liberté de l'enseignement et le libre développement des écoles juives.

Écoles libres

8 800 élèves sont scolarisés dans les écoles juives de France et 2 800 autres dans les écoles techniques professionnelles. Leur nombre, comme en témoignent les listes d'attente, serait plus important si la communauté disposait des moyens financiers nécessaires. Ces écoles ne répondent pas seulement à la volonté de nombreux parents de donner à leurs enfants accès à la culture et à la littérature juives, à l'étude de l'hébreu, des textes bibliques et rabiniques ; ces écoles permettent également à l'enfant juif de retrouver ses racines alors que l'enseignement général laïque demeure fortement teinté d'une culture essentiellement chrétienne.