Quelque temps plus tard, on apprenait l'arrestation de plusieurs catholiques (dont quelques prêtres) restés fidèles au Vatican. La tension ne se démentait pas. En réalité — prétexte ou raison fondamentale — c'est toujours le problème de Taiwan, et de la représentation diplomatique de Rome auprès de son gouvernement qui fournit au gouvernement de Pékin l'occasion d'accuser le Vatican d'hypocrisie et de s'opposer fermement, jusqu'à présent, à tout apaisement.

Protestants

La Fédération protestante de France (FPF), qui regroupe la majeure partie des Églises protestantes (Journal de l'année 1980-81), trouve en 1981-1982 plusieurs occasions d'affirmer publiquement certains thèmes qui lui sont chers, aussi bien en matière pénale qu'en matière sociale, éthique et politique.

Peine de mort

La FPF rappelle, en septembre 1981, que « le principe de la peine de mort n'est pas compatible avec l'Évangile ». Lors d'une visite au siège de la FPF, le 13 novembre, le garde des Sceaux, R. Badinter, remarque qu'« une politique efficace de prévention s'est développée dans les pays marqués par la Réforme ». Il appelle les Églises protestantes à participer à la nécessaire prise de conscience par l'opinion publique des causes profondes de la délinquance et des moyens qui seraient susceptibles d'y remédier durablement.

Le ministre salue la mémoire du pasteur Luc Bovon, aumônier des prisons, dont l'assassinat, le 30 octobre 1981, par un détenu psychopathe libéré de Fleury-Mérogis, a bouleversé la communauté protestante.

Opinions

Au sujet de l'avortement, « un mal auquel on ne recourt qu'en cas de situation limite », la FPF évite d'émettre une condamnation. Quant à la contraception, elle est perçue en janvier 1982 comme « une solution éthiquement légitime ».

Chômage et immigrés

L'étude Violence et société, publiée en mars 1982 par la FPF, est largement diffusée dans les Églises et mouvements, ainsi d'ailleurs que le rapport Chômage et emploi, émis par la Commission sociale et économique que préside Claude Grusson.

La tenue de rassemblements sur le thème Solidarité avec les étrangers, comme celui de la région Est, qui regroupe le 27 septembre 1981 3 000 protestants d'obédiences diverses, est peut-être un des signes de cette volonté d'être « avec les autres » sans renier son identité.

Au sujet de l'enseignement libre, une délégation de la Fédération protestante de France, reçue par A. Savary, ministre de l'Éducation nationale, souligne en février 1982 qu'elle s'intéresse moins à la querelle entre l'école publique et l'école privée qu'à l'amélioration du service public.

Outre-mer

Enfin, la Communauté évangélique d'action apostolique — qui rassemble des Églises en France, Suisse, Italie, dans le continent noir, à Madagascar, et dans le Pacifique — écrit en novembre 1981 à l'Église évangélique de Nouvelle-Calédonie qu'elle ne ménagera aucun effort pour accélérer le processus permettant « au peuple mélanésien de décider de son avenir dans le respect des autres ethnies ».

La parution du livre Coligny ou les sermons imaginaires (PUF), dont l'auteur est Jean Carbonnier, doyen de la faculté de droit de Poitiers, conforte la thèse des partisans d'une « politique plus protestante » du protestantisme français.

Il s'agit d'une mise en garde contre un dépérissement de l'identité protestante et non d'un appel à un engagement politique précis. Il faut cependant noter le nombre inhabituel de ministres d'origine protestante au sein du gouvernement Pierre Mauroy, sans précédent depuis le cabinet Waddington, constitué en 1879 sous la présidence de Jules Grévy.

Ce fait n'est pas sans signification — il suffit pour s'en convaincre de lire le forum de l'hebdomadaire Réforme, après le 10 mai —, même si le protestantisme français est loin de former un groupe qu'on pourrait considérer politiquement homogène.

Œcuménisme

Le mouvement œcuménique est marqué par la publication, début 1982, de deux textes qui consacrent l'approfondissement du dialogue entre les Églises chrétiennes.