La disparition des petits partis et des députés indépendants (Moshe Dayan n'obtient que deux sièges pour son parti Telem), et l'affaiblissement relatif du Parti national religieux (Mafdal) déséquilibrent le résultat final. La droite nationaliste peut dominer finalement — grâce à ses alliances avec les religieux — la gauche travailliste.

C'est donc de nouveau vers la formation d'un gouvernement de coalition que les Israéliens doivent s'acheminer. Celui-ci disposant, comme le précédent cabinet, d'une très faible majorité, restera en liberté surveillée, et le Premier ministre se retrouvera en fait dans la situation qui l'avait amené à avancer les législatives.

Divisions

Menahem Begin a dû se résoudre à ces élections anticipées dès le milieu de l'été 1930, lorsqu'il lui apparaît qu'il ne peut maintenir autour de lui une coalition gouvernementale déjà effritée par les départs de M. Dayan et de E. Weizman (Journal de l'année 1979-80). Lors du dépôt d'une motion de censure le 19 novembre, sa majorité à la Knesset tombe à trois voix.

Les irrégularités commises par son ministre de l'Intérieur dans l'octroi de fonds publics, la démission de son ministre des Finances (12 janvier 1981), l'accusation de corruption portée contre le ministre des Affaires religieuses et divers autres scandales témoignent non seulement de la désunion de ses partisans, mais aussi de l'état de délabrement de l'appareil politique.

La sérénité volontairement affichée par le Premier ministre ne suffit pas à camoufler l'affaiblissement de la droite nationaliste et religieuse au profit des travaillistes. Ceux-ci, bien que divisés entre partisans d'Itzhak Rabin et de Shimon Pérès — lequel assure finalement sa victoire au congrès travailliste de décembre 1980 en recueillant plus de 70 % des suffrages — gagnent chaque jour davantage en crédibilité.

Shimon Pérès peut ainsi proposer un programme économique et social préfigurant, en cas de succès électoral, un retour à la politique dirigiste, que son parti avait appliquée les 29 années précédentes, alors qu'il présidait aux destinées du pays.

Le succès des travaillistes aux élections de la puissante centrale syndicale Histadrout (avril 1981) conforte leur audience sans pour autant apaiser les divergences internes. En même temps, Moshe Dayan, à la recherche d'une troisième voie, fait une remontée spectaculaire dont le Likoud, jusqu'au dernier moment, pense pouvoir profiter.

Inflation

Les quelques mesures électoralistes prises dès février 1981, après la nomination du nouveau ministre des Finances, n'atténuent pas les critiques portées contre l'administration du Likoud dans sa gestion de l'économie. L'inflation, estimée à 135 % pour l'année 1980, persiste. Le niveau de vie des salariés a baissé de 14 % tandis que dans le pays, qui ne connaissait pas le chômage, le nombre des sans-emploi a augmenté de 67 % en douze mois et représente 5 % de la population active.

La monnaie israélienne, devenue le shekel, a perdu, en un an, 69 % de sa valeur par rapport au dollar. Au 31 mars 1981, la dette extérieure s'élève à environ 17,1 milliards de dollars.

Pour l'année budgétaire (31 mars 1980-1er avril 1981), la balance commerciale est déficitaire de 3,77 milliards de dollars, les exportations de biens et services ayant atteint 10,18 milliards, alors que les importations se chiffrent à 13,95 milliards, dont 2,5 milliards pour les besoins énergétiques.

Ainsi, malgré la réussite exemplaire du développement agricole, qui permet aujourd'hui à chaque Israélien de vivre sur la production intérieure, le rythme effréné de l'inflation paralyse l'activité économique et réduit d'autant les crédits des différents ministères. Seul le budget de la Défense, qui se trouve augmenté, pour l'exercice 1980-81, de 10 % en termes réels (29,3 milliards de shekels), échappe aux effets d'une crise qui demeurera comme l'échec le plus grave du Likoud.

La normalisation avec l'Égypte (visitée par le président Itzhak Navon en octobre 1980), qui se poursuit suivant le calendrier prévu, restera comme la grande œuvre de Menahem Begin. Cependant les faucons israéliens craignent toujours que cet accord ne préfigure le sort qui sera réservé à la Cisjordanie et à Gaza.

Arabes

Dans les territoires occupés, le malaise demeure au sein des populations arabes. Sous les effets de la répression (interdiction, en décembre, du congrès de Nazareth qui devait adopter une charte nationale des Arabes israéliens), les modérés s'y radicalisent dangereusement. Le vote de la loi fondamentale sur Jérusalem (30 juillet), qui fait de la ville sainte la capitale une et indivisible de l'État d'Israël, suscite la réprobation arabe.