Au printemps 1981, le nombre des Afghans ayant fui au Pakistan dépasse les deux millions, selon le HCR. Les plus fortes concentrations se trouvent dans la province frontière du Nord-Ouest et au Baloutchistan. Plus de 250 000 personnes ont également trouvé asile en Iran. Tant dans ce pays qu'au Pakistan, la majorité des réfugiés, surtout des femmes et des enfants, vit dans des conditions sanitaires catastrophiques. Les hommes sont l'objet de propositions d'enrôlement dans les différents mouvements de résistance, qui se disputent les combattants potentiels et ont installé leur QG à Peshawar ; ce qui ne signifie pas que les plus remuants dans cette ville soient les plus actifs sui le plan militaire.

Rivalité

Malgré l'annonce de tentatives de formation d'un gouvernement d'union nationale en exil, la résistance souffre de ses divisions internes (Journal de l'année 1979-80), tant dans le domaine des armes que dans celui de la diplomatie. L'alliance qui avait été formée en mars 1980 entre cinq des principaux mouvements de résistance éclate au début de 1981.

Deux tendances dominantes sont en rivalité. Le Hezb-i-islami, bien organisé sur le plan militaire, défend l'islam intégriste et regarde vers l'Iran. Les modérés, tel le Front national islamique, souhaitent l'aide de l'Occident et des pays arabes non révolutionnaires comme l'Égypte et l'Arabie Saoudite. L'engagement que prend Anouar el-Sadate le 25 décembre 1980, devant la télévision égyptienne, de livrer des armes à la résistance est suivi d'effet, le Pakistan fermant les yeux sur le passage discret de convois d'armes.

C'est après la visite à Washington de Syed Ahmed Gilani, un modéré pro-occidental issu de l'aristocratie terrienne royaliste et s'appuyant sur des chefs de villages et la bourgeoisie de Kaboul, que Ronald Reagan se déclare prêt, le 9 mars 1981, à livrer aux résistants les armes qui leur font cruellement défaut pour lutter contre les chars et surtout les hélicoptères blindés soviétiques. Cette menace, brandie « quelles que soient les objections des Soviétiques », met fin à plus d'une année de tergiversations américaines. L'ancien président Carter avait décidé contre Moscou des mesures de rétorsion allant du boycottage des jeux Olympiques à un embargo partiel des ventes de céréales à l'URSS, mais il considérait que Washington ne devait pas « s'immiscer dans les affaires intérieures afghanes ».

En déclarant que la résistance afghane n'est pas constituée de rebelles insurgés, mais bien de combattants de la liberté, Ronald Reagan, pour « arrêter l'infiltration de la subversion communiste » dans l'hémisphère occidental, paraît assumer le risque de donner une dimension militaire internationale au conflit.

Arabie Saoudite

Riyad. 8 110 000. 4. *3 %.
Économie. PIB (76) : 6 155. Productions (76) : A 1 + I 82 + S 17. Énerg. (76) : 1 901. CE (76) : *90 %.
Transports. (74) : 72 M pass./km, 66 Mt/km. (74) : 59 400 + 52 600.  : 1 246 000 tjb. (77) : 2 498 M pass./km.
Information. (74) : 11 quotidiens ; tirage global : 96 000. (76) : *260 000. (76) : *130 000. (76) : 160 000.
Santé. (76) : 4 161.
Éducation. (75). Prim. : 686 108. Sec. et techn. : 222 797. Sup. : 26 437.
Armée.  : 47 000.
Institutions. État indépendant depuis 1927. Monarchie. Souverain et chef de l'exécutif : Khaled ben Abdel Aziz ; succède à son frère Fayçal ben Abdel Aziz, assassiné le 25 mars 1975.

L'allié américain : embarrassant mais indispensable

Hantés par le spectre de la révolution iranienne, les dirigeants de Riyad prennent ouvertement partie pour Bagdad dès l'entrée des troupes iraqiennes en Iran, en septembre 1980. Cependant, les mises en garde de Téhéran, qui menace de représailles les pays du Golfe offrant des facilités logistiques au régime de Bagdad, incitent les autorités de Riyad à demander officiellement aux États-Unis une protection militaire, qui se traduit par l'envoi en Arabie Saoudite de quatre avions radars AWACS, avec leurs équipages et leurs techniciens.

Washington s'engage également à accélérer la livraison des 62 chasseurs F-15 commandés en 1978 par Riyad, malgré l'opposition de Tel-Aviv, qui rappelle à cette occasion la déclaration faite le 13 août à Taef par l'émir Fahd, prince héritier, menaçant Israël d'une guerre sainte (Jihad).

Frustration

En fait, les déclarations incendiaires des dirigeants saoudiens à l'égard d'Israël trahissent l'embarras et la frustration de Riyad. Malgré sa politique de modération en matière de fixation des prix pétroliers, l'Arabie Saoudite n'a pas obtenu en contrepartie une intensification des pressions de Washington sur Israël en vue d'amener l'État hébreu à assouplir sa politique, pour tenir compte des revendications nationales palestiniennes.