Les militaires se défendent également de vouloir établir définitivement un régime autoritaire. « Nous n'entendons pas renverser la démocratie, mais la sauvegarder », déclare le général Evren. Comme elle l'a déjà fait deux fois, à l'issue de ses deux interventions dans la vie politique en 1960 et en 1971, l'armée entend rendre le pouvoir aux civils.

Le nouveau régime annonce le 29 juin 1981 qu'une Assemblée consultative de 160 membres sera désignée par le Conseil national de sécurité, pour préparer à partir d'octobre une nouvelle Constitution. Mais le général Evren interdit aux dirigeants des partis de se présenter aux élections législatives ultérieures.

Terrorisme arménien

Depuis leur première manifestation spectaculaire, en octobre 1975 (assassinats des ambassadeurs de Turquie à Vienne et à Paris), les terroristes arméniens ont multiplié les attentats en Occident. La Turquie — considérée comme responsable de l'effroyable génocide arménien, perpétré en 1915 — et ses « alliés » sont visés par les terroristes, qui semblent entretenir des rapports avec certains groupes palestiniens, au Liban notamment. Trois organisations arméniennes ont revendiqué des attentats en 1981 : les Justiciers du génocide arménien, actifs en Espagne, aux Pays-Bas, au Vatican et en Australie ; l'Organisation du 3 octobre, qui s'en prend surtout aux intérêts suisses ; enfin l'Armée secrète arménienne pour la libération de l'Arménie, qui sévit en Autriche, au Danemark, en Italie et en France. Dans ce pays, plusieurs diplomates turcs sont tombés sous les balles des commandos arméniens entre août 1980 et mars 1981, et les consulats de Turquie à Lyon et à Strasbourg ont été endommagés par des explosifs. Les représailles n'ont pas tardé. L'Armée révolutionnaire turque islamique a pris pour cibles fin mai et début juin 1981 le Centre culturel arménien de Paris, et deux églises arméniennes. Bilan : un mort et des dégâts considérables.

Viêt-nam

Hanoi. 51 080 000. 154. *2,9 %.
Économie. Énerg. (76) : 124.
Transports. (*74) : 70 000 + 100 000.
Santé. (76) : 9 006.
Éducation. (76). Prim. : 7 722 524. Sec. et techn. : 3 200 912. Sup. : 100 027.
Armée.  : *1 023 000.
Institutions. « République socialiste du Viêt-nam », nom officiel du nouvel État né de la réunification du Viêt-nam du Sud et de la République démocratique du Viêt-nam du Nord (2 juillet 1976). Nouvelle Constitution, adoptée par l'Assemblée nationale le 18 décembre 1980. Président de la République par intérim : Nguyen Huu Tho ; succède à Ton Duc Than, décédé le 30 mars 1980. Premier ministre : Pham Van Dong.

Les difficultés s'accumulent devant les dirigeants d'Hanoi

Une situation constamment tendue à la frontière chinoise, une crise cambodgienne non résolue, des difficultés économiques et alimentaires : la fin de l'année 1980 et le début de 1981 n'ont pas été brillants pour le Viêt-nam.

Le pays a célébré ses trente-cinq ans d'indépendance et le 50e anniversaire du parti communiste. Il maintient toujours cependant 200 000 soldats au Cambodge, 100 000 au Laos et 250 000 à ses frontières septentrionales, pour faire face à la menace chinoise. Lourd handicap pour une nation dont l'essentiel des énergies devrait être engagé dans la reconstruction économique et la réorganisation du Sud.

Souplesse

Certes, il y a l'aide soviétique : 3,5 millions de dollars par jour, selon des sources américaines. Mais l'URSS, qui, avec les autres pays de l'Est, l'Inde et Cuba, demeure le principal allié du Viêt-nam, risque de se lasser. À deux reprises, lorsqu'ils les reçoivent, en juillet 1980 et en mars 1981 à Moscou, les dirigeants soviétiques recommandent aux responsables vietnamiens de faire preuve de souplesse.

Hanoi multiplie, en effet, les manifestations de bonne volonté, à l'égard par exemple de la Chine, à laquelle le Viêt-nam, par deux fois, en juillet et septembre 1980, propose de reprendre les négociations afin de régler les séquelles du conflit frontalier de février-mars 1979 (Journal de l'année 1978-79). Des prisonniers chinois sont libérés en septembre et décembre 1980, mais Pékin demeure inflexible, faisant de l'évacuation des troupes vietnamiennes du Cambodge la condition nécessaire d'une détente avec Hanoi. Deux incidents de frontière, les plus sanglants depuis la guerre de 1979, ont lieu les 5 et 16 mai 1981, faisant près de deux cents victimes.