Dans le cadre du récital de chant, le théâtre de l'Athénée a été le pôle d'attraction de tous ceux qui sont attachés aux gloires actuelles du chant international : Jessye Norman, Frederica von Stade, Elly Ameling, Gwyneth Jones, Herman Prey, Yvonne Minton et Christiane Eda-Pierre. À l'Opéra également, il y a eu de grandes soirées de concert, avec notamment Luciano Pavarotti, Shirley Verrett, Edita Gruberova, Alfredo Kraus, Peter Schreier, Mirella Freni ; à Gaveau ou à l'Opéra-Comique, ces admirables interprètes de mélodie que sont Dietrich Fisher Dieskau, Tereza Berganza, Janet Baker.

Palmarès

De nouveaux grands noms de la musique ont confirmé leur gloire à Paris, et d'autres s'inscrivent au palmarès des grands interprètes de demain. Un grand chef italien de 38 ans, Riccardo Muti, est venu conquérir Paris en y dirigeant, pour la première fois le 11 mars, l'Orchestre national avec la Symphonie no 34 de Mozart, Le tricorne de Falla et la Symphonie no 4 de Schumann. Il faut placer, à côté de cette gloire consacrée par la France, de nouveaux chefs, tous de moins de 40 ans, comme Emmanuel Krivine, Sylvain Cambreling et le Bulgare Emil Tchakarov. Parmi les grands solistes, des pianistes comme Jean-Philippe Collard, le Slave Mark Zeltzer, Jacques Rouvier, des violonistes comme Pierre Amoyal, Itzbah Perlman, un violoncelliste comme Frédéric Lodéon, un clarinettiste comme Michel Portai trouvent cette année une consécration méritée.

À côté de ces nouveaux grands de la musique, ces derniers mois ont vu naître des découvertes : David Shallon pour la direction d'orchestre ; Anne Queffelec, le tout jeune Marc Laforêt, Mikhaïl Rudy, Daniel Versano, Andreï Nikolski, Katia et Marielle Labèque pour le piano ; Philippe Muller et Hervé Derrien pour le violoncelle ; Stacy Blair pour la trompette ; Georges Baker pour l'orgue et Francine Laurent pour le chant.

Lyrique

Dernière saison de l'ère Liebermann à l'Opéra et à la salle Favart. Saison sans surprise au Palais Garnier ; il faut attendre le mois de juin pour y voir un spectacle nouveau : Boris Godounov dont on attendait beaucoup est une cruelle déception. Le style oratorio donné à l'ouvrage par la mise en scène de Losey, avec l'orchestre sur scène enfermé dans une cage, enlève au chef-d'œuvre de Moussorgsky tout son impact dramatique. Accueil glacial, malgré la très belle performance vocale de Ruggero Raimondi. Saison en dents de scie à l'ancien Opéra-Comique où le meilleur a côtoyé le pire. Les reprises se sont succédé à l'Opéra, reprises parfois décevantes pour avoir perdu leur fraîcheur et l'homogénéité de leur première distribution, où cependant quelques reprises de rôles sont venues apporter un attrait nouveau. C'est ainsi que nous avons découvert, entre autres, un nouvel adorable Chérubin en la personne d'Agnès Baltsa, un Méphisto de grande classe avec José Van Dam, une touchante Mélisande avec Ileana Cotrubas.

La saison, salle Favart, est inaugurée par une catastrophique production de La fille du régiment de Donizetti dans une mise en scène ridicule et une distribution insuffisante. Pour le centenaire de la mort d'Offenbach, un spectacle bon enfant intitulé Vive Offenbach, composé de ses trois plus attrayantes opérettes en un acte, Monsieur Choufleury, Pomme d'Api et Les dames de la Halle, a ramené la gaieté à la salle Favart.

Déception

Avec Le porteur d'eau, c'est de nouveau l'échec, en partie à cause de la puérilité d'un livret insipide que ne parvient pas à faire oublier la partition, cependant assez inspirée, du vieux Cherubini et surtout par la faute d'une distribution par trop inégale et d'une mise en scène hybride. Heureusement, le 9 mai, Carmen de Bizet fait, pour quatre représentations exceptionnelles, une rentrée spectaculaire, avec trois prodigieux interprètes : Tereza Berganza, une Carmen alliant la perfection du chant à la vérité du jeu ; Placido Domingo, un Don José vibrant d'intensité ; et Ruggero Raimondi, un Escamillo d'une superbe assurance.

Mais l'amateur de lyrique a dû, le plus souvent, se rendre en province pour retrouver l'éclectisme d'un répertoire varié ! C'est ainsi que l'on a pu applaudir : à Strasbourg, Fra Diavolo d'Auber, La Traviata ; à Nancy, La Fedelta Premiata de Haydn, I Masnadieri de Verdi, La flûte enchantée ; à Avignon, Nabucco, La Forza del Destino (avec Caballé et Renato Bruson) ; à Dijon, La somnambule de Bellini ; à Toulouse, Les maîtres chanteurs, Fidelio ; à Bordeaux, La basoche de Messager, Le mariage secret de Cimarosa ; à Marseille, Le crépuscule des dieux, Manon (avec l'adorable Valérie Masterson) ; à Lyon, La Traviata de Béjart (superbement interprétée par Joséphine Barstow), Orfeo de Monteverdi ; à Grenoble, Orlando, de Haendel ; à Metz, Barbe Bleue d'Offenbach, Béatrice et Bénédict ; à Nice, trois œuvres remontées pour Montserrat Caballé, Luisa Miller, Maria Stuarda et Tosca (avec Carreras) ; à Rennes, Euridice de Caccini ; à Nîmes, Hérodiade de Massenet ; à Montpellier, Carmen (pour la rentrée de Régine Crespin) ; à Monte-Carlo, Otello (avec Domingo et Maria Chiara), Tosca (avec Raina Kabaivanska), Roméo et Juliette (avec Ileana Cotrubas et Vanzo) ; enfin, au Mai de Versailles, Naïs de Rameau.

Musique contemporaine

La saison lyrique de Radio-France a révélé avec la Lakmé de Léo Delibes Ruth Welting, une colorature dans la lignée de Lily Pons ; avec Le dialogue des carmélites de Poulenc une très émouvante Blanche de La Force en Felicity Lott (déjà remarquée dans Louise à Nancy), aux côtés de la poignante prieure de Régine Crespin.