Il n'empêche que le seuil de tolérance était franchi et qu'une intervention immédiate des pouvoirs publics devenait inévitable. On attend le vote d'un projet de loi en la matière.

Deux « grandes affaires » ont défrayé la chronique : l'« affaire Graindorge » et le « scandale d'Eurosystem ».

Un avocat bruxellois de renom, connu pour ses sympathies de gauche, Me Michel Graindorge, est arrêté début septembre. On le soupçonne d'avoir joué un rôle dans l'évasion, en juillet, d'un gangster français, François Besse (ancien complice de Mesrine).

Maître Graindorge avait eu avec Besse des rapports d'avocat à client et avait eu l'idée saugrenue et imprudente d'écrire dans son journal qu'il « assumait l'évasion de Besse ». Connu pour son opposition au système carcéral actuel, accusé également par une coïnculpée, Isable de Andrès Roméo (cette dernière devait revenir plus tard sur ses déclarations, pour les reconfirmer ensuite), Me Graindorge fait près de quatre mois de prison préventive avant de voir prononcer un jugement qui le lave des préventions retenues contre lui (complicité dans une évasion avec transmission d'arme et recel de criminel).

Cette affaire soulève pas mal d'émotion parce que l'arrestation de Me Graindorge s'est faite seulement sur des présomptions. L'opinion s'est demandé s'il ne s'agissait pas d'un règlement de comptes dans les milieux judiciaires pour mettre un terme aux activités du gauchiste Graindorge.

Le scandale Eurosystem est devenu un problème national en raison du préjudice qu'il porte à la réputation de la Belgique. Eurosystem était une société en consortium appelée à exécuter en Arabie Saoudite un contrat de 35 milliards de FB pour la construction de centres de santé. Huit sociétés belges étaient associées dans cette gigantesque entreprise. Il s'agissait de construire deux hôpitaux de 500 lits, deux villages hospitaliers de 300 unités et plusieurs antennes mobiles de santé. Les devis avaient été mal calculés.

Force fut de faire appel à des sous-traitants mexicains, moins chers que les firmes initialement prévues, mais aussi moins compétents. Devant la tournure que prenaient les travaux, les relations entre les Saoudiens et les entrepreneurs belges se dégradèrent. La faillite d'Eurosystem hospitalier (EHS) entraînait dans la catastrophe financière sa principale actionnaire, PRB (Poudreries de Belgique réunies), elle-même filiale de la Société générale de Belgique. PRB, jouant sa réputation sur les marchés mondiaux, fit des propositions financières afin de sauver l'entreprise. Mais l'un des partenaires, Six-Construct, filiale de la Société belge des bétons, refusait les propositions de la Société générale et de PRB et assignait les deux sociétés devant le tribunal de commerce de Bruxelles, leur réclamant 1,5 milliard de dommages !

Pots-de-vin

Ce désastre financier a permis de mettre en lumière quelques pratiques qui, pour être courantes, n'en étonnent pas moins le simple contribuable : le versement, avec l'accord du ministre des Finances, de pots-de-vin pour la somme fabuleuse de 8 milliards et demi de FB environ, et, pour les hommes des chantiers, la mise en place d'un relais de call girls camouflées en infirmières. L'importance de l'affaire secoue les ministères du Commerce extérieur, des Affaires étrangères et des Finances. Le Premier ministre s'est même cru obligé de couvrir le prince Albert, président de l'Office belge du Commerce extérieur, en faisant une intervention au Parlement pour expliquer que, lors de la signature du fabuleux contrat, tout le. monde — ministres, parlementaires, hauts fonctionnaires et journalistes — était convaincu du caractère parfaitement sain de l'entreprise.

Comparée à ce krach, l'affaire de fraude fiscale de la Banque belgo-centrade, portant sur quelques centaines de millions de FB, devient tout à fait mineure. Cette banque se livrait à des opérations fructueuses portant sur l'évasion fiscale. Les fonctionnaires des Finances ont épluché les comptes de plusieurs centaines de clients. Insignifiant aussi le fait que le chef du Bureau national des stupéfiants et plusieurs de ses collaborateurs sont arrêtes sous l'inculpation d'avoir favorisé des livraisons de drogue et d'en avoir acheté et revendu pour leur propre compte. L'année dernière, la police était éclaboussée par la multiplication des agents cambrioleurs. Cette fois, c'est l'honneur de la gendarmerie qui est atteint. À qui le tour l'année prochaine ?

Bulgarie

Sofia. 8 810 000. 80. 0,5 %.
Économie. Productions (77) : A 18 + I 60 + S 22. Énerg. (76) : 4 710.
Transports. (*77) : 7 343 M pass./km, 17 080 Mt/km.  : 1 082 000 tjb. (77) : 400 M pass./km.
Information. (75) : 13 quotidiens ; tirage global : 2 023 000. (76) : 2 750 000 (76) : 1 546 000. (75) : 736 700 fauteuils ; fréquentation : 114,3 M. (77) : 946 000.
Santé. (76) : 19 312. Mté inf. (77) : 23,7.
Éducation. (76). Prim. : 980 857. Sec. et techn. : 336 802. Sup. (75) : 128 593.
Armée.  : 150 000.
Institutions. République populaire proclamée le 15 septembre 1946. Nouvelle Constitution du 8 mai 1971, qui proclame la Bulgarie État socialiste. Président du Conseil d'État et Premier secrétaire du Parti : Todor Jivkov, élu le 7 juillet 1971 ; succède à Georghiu Traikov. Premier ministre : Stanko Todorov.

Danemark

Copenhague. 5 100 000. 118. 0,2 %.
Économie. PIB (77) : 9 041. Productions (76) : A 7 + I 36 + S 57. Énerg. (76) : 5 320. CE (77) : 22 %.
Transports. (*77) : 3 466 M pass./km, 1 921 Mt/km. (*77) : 1 381 300 + 274 900.  : 5 530 000 tjb. (77) : 2 217 M pass./km.
Information. (75) : 49 quotidiens ; tirage global : 1 723 000. (76) : 1 851 000. (76) : 1 637 000. (75) : 127 700 fauteuils ; fréquentation : 18,9 M. (77) : 2 718 000.
Santé. (76) : 9 900. Mté inf. (77) : 8,9.
Éducation. (76). Prim. : 561 132. Sec. et techn. : 293 310. Sup. (75) : 110 271.
Armée.  : 34 650.
Institutions. Monarchie constitutionnelle. Constitution : charte du 5 juin 1953. Souverain : Margrethe II ; succède à son père Frédérik IX, décédé. Premier ministre : Anker Joergensen.

Aggravation de la crise en dépit du nouveau plan d'austérité

L'instabilité et l'impossibilité de former des gouvernements durables sont décidément les deux points faibles de la vie politique danoise. Le leader social-démocrate, Anker Jörgensen, s'en est, une fois encore, rendu compte cette année. La coalition qu'il avait mise sur pied avec les libéraux le 30 août 1978 et qui, fait inhabituel, était presque majoritaire n'a duré que treize mois. Les deux partis n'arrivent pas à s'entendre sur un plan de redressement économique dont le pays a bien besoin.

Élections anticipées

La puissante Confédération générale du travail LO, qui avait promis de « tout faire pour que cette alliance contre nature ne tienne pas plus de cent jours », refuse de souscrire à une cure d'austérité ne tenant pas compte des intérêts des travailleurs. Plutôt que de se froisser avec la centrale ouvrière, Anker Jörgensen préfère reconnaître le 27 septembre 1979 que l'expérience a échoué ; sociaux-démocrates et libéraux se séparent. Avant les élections législatives anticipées du 23 octobre 1979, ceux-ci essaient de reconstituer le trèfle à quatre feuilles, une fragile alliance de quatre partis bourgeois longtemps présentée comme l'alternative à un gouvernement social-démocrate minoritaire. Cette tentative timide se solde par un échec.