Pierre Conty, dit Pierrot, est un ancien fraiseur-ajusteur qui est venu s'installer à Rochebesse en 1969 en compagnie de quelques marginaux. Violent, tonitruant, il n'a rien du paisible hippy de légende. Partant du principe que la terre appartient à celui qui la cultive, il en est vite venu à considérer comme sien ce domaine qui ne lui est, en fait, que concédé.

Accusé d'occupation illégale des sols, Conty s'était vu signifier par le tribunal des baux de Tournon d'avoir à évacuer Rochebesse. S'il avait alors envisagé de payer des baux de location à la Mutualité agricole, sa situation aurait sans doute pu être régularisée. Mais Conty a toujours estimé que la force prime le droit et il s'est refusé à tout accommodement légal.

Lorsque la police investit sa ferme, il a disparu, ainsi que Jean-Philippe Mouillot. Les deux hommes ont été dénoncés par le frère de Mouillot, qui reviendra ensuite sur ses déclarations.

Perquisition

Mais un élément décisif, la découverte, sous le siège de la première voiture volée par les tueurs, d'une paire de lunettes portant les empreintes de Pierre Conty, permet au procureur de lancer un mandat d'arrêt contre le chef de la communauté de Rochebesse. Une perquisition du domaine fait découvrir pour 1 000 F de rouleaux de pièces provenant du Crédit agricole de Villefort. Des armes ayant été utilisées contre les gendarmes sont également découvertes.

Sont inculpés de complicité : Allal, frère de Conty, Benoît Mouillot et Gisela Siebert. Ils seront relâchés faute de preuves, quelques jours plus tard.

Le 20 octobre, la police arrête à Groningue, aux Pays-Bas, Stéphane Vieupeccat. Il serait le complice no 1 de Conty. Jean-Philippe Mouillot se constitue prisonnier le 2 février 1978. D'après les premiers éléments de l'enquête, il n'aurait été que le conducteur du véhicule utilisé pour le hold-up et n'aurait pas participé aux meurtres qui ont suivi.

Les recherches continuent pour retrouver Pierre Conty.

Peur dans les parkings

Agressions sur la voie publique, assassinats de vieillards chez eux, attentats dans les lieux déserts, la montée de la violence crée dans le public une psychose d'insécurité de plus en plus pesante.

Les parkings souterrains font souvent figure de coupe-gorge et leur clientèle féminine les déserte.

Viols

Le 6 novembre 1977, Christine Kergreis, jeune secrétaire de 22 ans, est découverte étranglée dans sa voiture, au deuxième sous-sol d'un parking privé dans le 10e arrondissement, à Paris. L'enquête révèle qu'elle a été violée, tuée, puis dévalisée.

Quelques jours plus tard, deux nouvelles agressions sont commises dans des circonstances identiques et toujours dans le 10e arrondissement : Monique Souillard, 34 ans, est attaquée dans le parking de son immeuble tandis qu'elle vide sa poubelle. Elle réussit à se dégager et à fuir. Catherine Chabal, 21 ans, également agressée dans le sous-sol, crie, mord son assaillant et le met en fuite.

On parle déjà de l'étrangleur du 10e et un climat de peur s'installe. L'opinion publique réclame de la police la mise en place d'un dispositif spécial de lutte contre les sadiques. Les opérations de surveillance, au cours desquelles une cinquantaine de parkings sont visités chaque nuit par les gardiens de la paix, ne donnent aucun résultat. Les responsables des grands parkings, devant la désaffection progressive de leur clientèle féminine (et parfois masculine), passent des accords avec des entreprises de gardiennage et renforcent les dispositifs de surveillance.

Le 18 novembre, un jeune homme de 27 ans, d'origine yougoslave, Milivog Milosavlsevic, est arrêté. Après plusieurs heures d'interrogatoire, il reconnaît avoir tué Christine Kergreis et, 12 jours plus tard, chez elle, une de ses compatriotes : Djajia Prgomet. Il les a toutes deux violées, étranglées, dévalisées, et a même tenté d'incendier l'appartement de sa seconde victime.

L'enquête précisera peut-être ultérieurement si d'autres forfaits commis dans le 10e arrondissement doivent être imputés à Milosavlsevic ou si la recherche de l'étrangleur doit être poursuivie.

La tragédie de Sucy-en-Brie

Sinistre couple que celui formé d'Yves Maupetit et de Janine Terriel, qui ont voulu jouer les Bonnie and Clyde. Yves Maupetit, 29 ans, s'est évadé le 26 novembre 1977 de l'hôpital de la Pitié où l'Administration pénitentiaire l'avait placé en observation. Depuis cette date, avec Janine Terriel, une prostituée, son aînée de 20 ans, il est en cavale.

Drame

Le couple est recherché pour plusieurs cambriolages et même pour le meurtre d'un agriculteur. Et puis c'est le drame de Sucy-en-Brie : vers 20 heures, le dimanche 15 janvier 1978, Yves Theureau, 42 ans, grossiste en peinture, sa femme Michèle et leurs deux fils, Olivier 14 ans et Frédéric 12 ans, regardent la télévision dans leur villa située un peu à l'écart de Sucy-en-Brie.