Dans la nuit du 11 au 12 mai 1978, une force d'environ 4 000 rebelles, venus d'Angola après avoir transité par la Zambie, attaque deux cités de la région cuprifère de l'ancien Katanga : Kolwezi et Mutshatsha. Comme en mars 1967, le président Mobutu lance un appel à l'aide. Il accuse Cuba cette fois d'avoir armé et encadré les rebelles, dont le fer de lance serait les fameux gendarmes katangais.

Sans doute la présence au Shaba de plusieurs milliers d'Européens, considérés comme autant d'otages par la rébellion, a-t-elle incité Paris à sortir de son attitude d'abord réservée. La seule ville minière de Kolwezi abrite plus de 3 000 résidents étrangers, en majorité français et belges.

Complexité

Les causes de la deuxième guerre du Shaba sont complexes. Sans doute les guérilleros du Front national de libération du Congo (FNLC) du général Nathanaël Bumba n'ont-ils pas renoncé à renverser le général Mobutu. Après leur échec de mars 1977, ils se sont regroupés en Angola, réorganisés, réapprovisionnés en armes et, à travers la Zambie, ont tenté un nouveau coup de force. Il est difficile cependant d'apprécier l'audience de ces opposants, et, notamment, de savoir avec exactitude s'ils sont les seuls instigateurs de cette nouvelle invasion et quel est le rôle, réel ou fictif, joué par les Cubains dans toute cette affaire.

L'ambitieux programme de réformes que le chef de l'État zaïrois avait annoncé le 1er juillet 1977, en proclamant son souci de « jouer le jeu démocratique », a été estimé insuffisant par ceux qui le contestent. Il a provoqué d'autre part, et pour différentes raisons, de sérieuses résistances dans les rangs des profiteurs du régime.

Désigné comme premier commissaire d'État (Premier ministre) le 6 juillet, Kasenda Mpinga a formé un nouveau cabinet, remanié le mois suivant, après l'arrestation de Karl I Bond et son remplacement par Umba Di Lutete comme ministre des Affaires étrangères. Le ministre évincé, accusé de haute trahison, est traduit devant la Cour de sûreté de l'État, qui le condamne à mort le 13 septembre. Deux jours plus tard, le général Mobutu accorde sa grâce et commue cette peine en emprisonnement à vie.

Opposition

Plusieurs officiers supérieurs, auxquels on reproche leur conduite pendant la « guerre de 80 jours », passent devant des tribunaux militaires. Certains sont dégradés, d'autres sont incarcérés et un nombre important chassés de l'armée. Simultanément, les autorités rendent public le premier bilan des pertes subies pendant la première guerre du Shaba : 219 tués et disparus dans les rangs de l'armée zaïroise.

Un nouveau Code électoral est promulgué en juillet, instituant le suffrage universel direct et à scrutin secret pour l'élection (mandat de 5 ans) des commissaires politiques, des commissaires du peuple et des membres des conseils de zones urbaines. Ce Code entre immédiatement en application, avec l'élection des 1 100 délégués des conseils urbains le même mois, celle des 278 commissaires du peuple (députés) en octobre, puis celle du président, le 2 décembre 1977. Seul candidat, Mobutu est réélu pour 7 ans, avec plus de 99 % des suffrages exprimés (10 692 737 voix contre 192 737 bulletins « négatifs » et 8 820 bulletins nuls). Tous ces événements, élections comprises, ne semblent pas favoriser la stabilité du pouvoir.

L'opposition, elle, ne parvient pas, apparemment, à surmonter ses divisions. Un nouveau parti politique hostile au général Mobutu, le Parti pour la conscience nationale (PACONA), se crée en septembre 1977. Ce mouvement vient grossir les rangs des groupuscules qui se querellent à propos d'une succession dont ils sont incapables de provoquer l'ouverture. On voit même (après sept années d'exil volontaire en France) Cleophas Kamitatu, ancien ministre des Affaires étrangères, se rallier au régime et rentrer à Kinshasa.

Répression

Des signes de malaise sont de plus en plus perceptibles. Le 7 novembre, le Conseil exécutif (gouvernement) est démis et un nouveau cabinet, toujours placé sous la direction de Kasenda Mpinga, est constitué une semaine plus tard. En janvier 1978, des rumeurs font état de soulèvements de villageois dans les localités d'Idofa et de Gungu, dans la région du Kwuilu. Répandues par le Mouvement d'action pour la résurrection du Congo (MARC), qui, de Bruxelles, anime un mouvement hostile au président Mobutu, ces rumeurs s'avèrent d'abord difficiles à contrôler, comme celles d'ailleurs qui affirment que 2 000 civils ont été massacrés par l'armée au cours d'actions répressives. Elles se révèlent authentiques quelques semaines plus tard, lorsque le général Mobutu reconnaît que l'armée est intervenue dans cette zone pour y rétablir l'ordre.