Autrement dit, les efforts des promoteurs du nucléaire pour séparer les applications civiles des applications militaires de l'atome aboutissent ainsi à la réaffirmation de l'indissociabilité de ces deux aspects dans les conditions actuelles. La crainte de la prolifération (en dépit du traité de non-prolifération signé par plus de cent nations) a pris le pas sur toute autre considération dans la nouvelle politique américaine.

Cette politique a été fortement critiquée (dès la conférence de Chiraz sur le transfert de technologie nucléaire, qui se tenait quelques jours après la décision du président Carter) par la plupart des pays, fournisseurs d'équipements ou de services nucléaires ou misant, comme l'Iran, sur l'énergie nucléaire pour leur développement économique et industriel.

Réacteurs

Au 1er janvier 1977, 124 réacteurs nucléaires (d'une puissance comprise entre 150 MWé et 1 300 MWé, excluant donc tous les réacteurs de recherche et les prototypes de faible puissance) avaient, dans le monde, produit des quantités significatives d'énergie électrique.

Par type de réacteurs, les facteurs de charge moyens, pour l'année 1976, ont été les suivants :
– 49 réacteurs PWR (eau ordinaire sous pression) : 61,38 % ;
– 35 réacteurs BWR (eau ordinaire bouillante) : 59,20 % ;
– 26 réacteurs Magnox (gaz-graphite-uranium naturel) : 64,94 % ;
– 9 réacteurs Candu (eau lourde à tubes de force) : 77,67 %.

Ces performances ne sont pas négligeables, si on tient compte que de nombreux réacteurs en sont à leurs premières années de fonctionnement. Plus impressionnantes encore sont les performances de sécurité, les plus élevées parmi tous les secteurs de l'industrie énergétique.

La filière actuellement dominante est la filière à eau légère. De ses deux variantes, l'eau sous pression et l'eau bouillante, c'est la première, PWR, qui semble s'imposer de plus en plus. Elle a été choisie en France, en Allemagne, etc., et semble sur le point de l'être au Japon. En France, le réacteur de Fessenheim 1 a commencé à fonctionner en mars 1977.

Parmi les autres filières, il convient de mentionner la filière à gaz à haute température et la filière des surgénérateurs à sodium.

HTGR

La filière à gaz à haute température, dite HTGR (High Temperature Graphite Reactor), est apparue, il y a quelques années, comme une concurrente menaçante des réacteurs à eau, ayant glané aux États-Unis une dizaine de commandes commerciales. L'obscurcissement des perspectives nucléaires et les difficultés de démarrage de la centrale prototype de 342 MWé à Fort Saint Vrain (Colorado) ont conduit à l'annulation de ces commandes. Le réacteur de Fort Saint Vrain a néanmoins, enfin, démarré et a commencé à produire de l'électricité (à puissance réduite) en décembre 1976. La filière pourrait retrouver un certain intérêt, à cause de son recours au thorium et à l'uranium 233 (alternative aux cycles à plutonium). En Europe, où elle est née avec le projet Dragon, elle continue une évolution prudente avec la construction du réacteur THTR (Thorium High Température Reactor) de 308 MWé, à Schmehausen (Allemagne fédérale), commencée en 1971 ; l'exploitation commerciale est prévue pour le début des années 1980. La France, intéressée par les promesses de cette filière, explore les possibilités d'un programme commun avec l'Allemagne.

Surgénérateur

La filière des réacteurs surgénérateurs à neutrons rapides piétine depuis de nombreuses années aux États-Unis, en dépit de réussites certaines (le réacteur EBR-2 à Arco, Idaho, par exemple) et d'un imposant programme de développement scientifique et technologique. Un puissant réacteur d'essais de matériaux, le FFTF (Fast Flux Test Facility), y est en construction depuis 1970 et devrait démarrer (après de nombreux retards, dépassements de budget et autres péripéties) vers 1980. L'étape suivante, le prototype de Clinch River (Tennessee), est remise en cause par le président Carter.

Le programme surgénérateur à neutrons rapides et refroidissement sodium est par contre beaucoup plus avancé en Europe. En URSS fonctionne le BN-350, producteur d'électricité et de chaleur, utilisée pour le dessalement d'eau de mer, et l'on termine le BN-600, de 600 MWé. La Grande-Bretagne a inauguré en 1976 le PFR (Prototype Fast Reactor) de 250 MWé. L'Allemagne fédérale construit depuis juillet 1973, à Kalkar, le prototype SNR-300 (Schnellbrüterreaktor) de 327 MWé. Quant à la France, leader en ce domaine, après le réacteur Phénix de 250 MWé à Marcoule, en fonctionnement depuis juillet 1974, elle s'apprête à construire le Super-Phénix de 1 200 MWé à Creys-Malville ; les premières commandes ont déjà été passées (entreprise commune de la France, pour 51 %, de l'Italie, pour 33 %, et, pour les 16 % restants, d'une association entre l'Allemagne, les Pays-Bas, la Belgique et le Royaume-Uni). Le réacteur Phénix, au cours de ses deux premières années de fonctionnement, a marché de façon très satisfaisante, atteignant des facteurs de charge de 66 %, fort honorables pour une réalisation prototype. Durant le second semestre 1976, des fuites de sodium se sont manifestées dans les échangeurs de chaleur intermédiaires, nécessitant de délicates réparations mais ne remettant nullement en cause les parties nucléaires proprement dites.

Cycle

Le cycle de combustible est l'ensemble des opérations complexes, mais étroitement liées, qui mènent l'uranium de la mine jusqu'au stockage final de ses déchets : extraction minière, traitement du minerai, conversion de l'uranium en hexafluorure d'uranium, enrichissement, fabrication des assemblages combustibles, utilisation dans le réacteur, stockage et refroidissement des éléments irradiés, retraitement, renvoi de l'uranium non consommé et du plutonium produit vers la refabrication d'assemblages combustibles (ce qui justifie le nom de cycle) et gestion des déchets radioactifs.