En temps normal, on enregistre chaque mois autour de la Soufrière de 10 à 13 séismes, dont aucun n'est ressenti par la population. En juillet 1976, on en était à 1 200 tremblements de terre enregistrés, dont 20 ressentis. En août, à 5 989 (2 004 pendant la première quinzaine) dont 43 ressentis. En outre, des explosions, accompagnées parfois de pluies de cendres plus ou moins importantes, ébranlaient le sommet du volcan. Plusieurs d'entre elles avaient entraîné des évacuations temporaires de diverses zones jugées menacées.

Évacuation

Le 15 août, à 8 h 50, le préfet de la Guadeloupe ordonne l'évacuation des communes de Capesterre, Trois-Rivières, Gourbeyre, Basse-Terre, Saint-Claude, Baillif et Vieux-Habitants. Cette mesure entraîne une tension sociale : l'économie de l'île, déjà très difficile en temps normal, est complètement perturbée par le déplacement d'une fraction importante de la population, privée ainsi de toute possibilité de travail.

Les mesures d'évacuation ne sont entièrement reportées que le 1er décembre (du 15 août au 15 octobre, la facture de l'évacuation était déjà de 200 millions de francs). L'activité sismique avait alors diminué, sans pour cela revenir à son faible niveau habituel. Mais divers travaux avaient amélioré, entretemps, les routes d'évacuation éventuelle, et la surveillance systématique et constante du volcan permettait de penser que le début d'une phase dangereuse de la crise volcanique pourrait être détecté assez tôt pour qu'il soit possible de mettre à l'abri les populations menacées.

Querelle

Dès la fin du mois d'août, la crise de la Soufrière avait déclenché une querelle entre les scientifiques impliqués dans l'affaire. Cette polémique, étalée dans les journaux, à la radio et à la télévision, n'a pas contribué à donner au grand public une haute idée de la recherche en général et des sciences de la Terre en particulier.

Pour comprendre ce débat, il faut garder à l'esprit deux données capitales :
– En 1902, l'éruption de la montagne Pelée, volcan de la Martinique du même type que la Soufrière, tua en quelques secondes les 30 000 habitants de la ville de Saint-Pierre. Et ce souvenir est encore présent dans tous les esprits.
– À la mi-août, la violence de la crise de la Soufrière était telle qu'il était difficile de décider du sort de 70 000 personnes par un froid calcul de probabilités.

Erreurs

À la mi-août, Haroun Tazieff, chef du service de volcanologie de l'Institut de physique du globe de Paris (IPG), était en Équateur. En son absence, les autorités ont fait appel à Robert Brousse, professeur de pétrographie et non volcanologue, qui manifestement s'est affolé et a fait au préfet le rapport dramatique qui a déclenché l'évacuation.

Un rapport d'analyse des cendres émises par la Soufrière faisait alors état de verre volcanique frais, indiquant la proche présence de magma frais. Cette analyse, non vérifiée immédiatement, se révéla assez vite fausse. Mais ces résultats rassurants n'ont été publiés qu'avec plusieurs semaines de retard... Pourquoi ?

Fin août, Claude Allègre (avec lequel Haroun Tazieff n'a manifestement jamais eu aucun atome crochu) est nommé directeur de l'IPG. Sur ces entrefaites, Tazieff se rend à la Guadeloupe, conteste que sa présence en août ait été exigée par la situation, non dangereuse selon lui, et critique toutes les mesures prises en son absence.

Conflit

Le 27 octobre, l'IPG « décharge » de ses fonctions de chef du service de volcanologie Haroun Tazieff (qui conserve son poste de directeur de recherche au CNRS).

Haroun Tazieff, dont Claude Allègre a manifestement sous-estimé le prestige auprès des mass média et du grand public, se répand en propos critiquant l'évacuation prolongée de la population. Son crédit se trouve évidemment renforcé par le fait que la Soufrière n'a pas explosé.

Le comité scientifique international d'experts, réuni à Paris les 15, 16, 17 et 18 novembre par le CNRS, souligne l'insuffisance des crédits et du personnel affectés à la surveillance des dangereux volcans antillais (Olivier Stirn, secrétaire d'État aux départements et territoires d'outre-mer, avait promis des crédits importants pour développer les sciences de la Terre, notamment la volcanologie, mais ce n'est pas lui qui décide de l'attribution des crédits de recherche...).

Matière

Physique

À Orsay et en Californie les quarks sont serrés de près

L'existence d'une nouvelle caractéristique quantique, baptisée charme, a été confirmée, depuis la fin de l'année 1974, par la découverte d'une série d'interactions dont l'explication la plus simple est que certaines des particules impliquées dans ces interactions sont constituées de quarks charmés. (Journal de l'année 1975-76). Mais, jusqu'au début de 1976, ces particules, d'une durée de vie très brève, n'étaient repérables que par les produits de leurs désintégrations.