En réalité, comme pour la politique de détente, on vit ici encore sur un malentendu, comme en apporte la preuve le discours prononcé à Windhoek, le 20 mai 1975, par le Premier ministre sud-africain, lors de sa visite au Sud-Ouest africain. Les nationalistes namibiens, soutenus par l'ONU et l'OUA, exigent l'indépendance totale de la Namibie par voie de négociation avec leur parti, le South West Africa People's Organisation (SWAPO), considéré comme seul interlocuteur valable. De leur côté, B. J. Vorster et ses amis entendent réunir autour d'une même table ronde les représentants des douze groupes ethniques différents qui composent la population du territoire, afin qu'ils décident avec la communauté blanche (90 000 personnes) de l'avenir politique du Sud-Ouest africain. Simultanément, ils encouragent, ici comme en Afrique du Sud, la constitution de Bantoustans, en Ovamboland et au Kaokoveld notamment, espérant que ces entités autonomes accéderont séparément à l'indépendance, le reste du territoire demeurant entre les mains des Blancs. Cette solution permettrait à la fois de résoudre le problème ovambo, explicable par la turbulence de cette ethnie qui regroupe 400 000 des 750 000 habitants du territoire, et de laisser dans la mouvance sud-africaine les régions les plus riches : celles des districts diamantifères d'Oranjemund, cuprifères de Tsumeb, uranifères de Rössing, et les régions exportatrices de poisson (Walvis Bay, enclave sud-africaine en Namibie), de langoustes (Lüderitz) ou de peaux d'astrakan (Keetmanshoop).

Des élections ont lieu le 13 janvier 1975 dans l'Ovamboland. En dépit des consignes de boycott lancées par le SWAPO, la participation électorale est importante. Il semble que de graves pressions aient été exercées sur les électeurs pour les obliger à voter. Le 24 février, la peine de la flagellation, contre l'existence de laquelle avaient protesté de nombreux libéraux et les représentants des Églises locales, est abolie. La tension semble moins dangereuse que l'année précédente, mais les différentes communautés continuent cependant de s'observer mutuellement et les risques d'incidents persistent. En décembre un, Européen avait été tué à Walvis Bay, et, en juin 1974, des incidents entre policiers et Ovambos avaient fait plusieurs morts à Kataturera, ville noire jumelle de Windhoek.

Algérie

Alger. 15 770 000. 7. 3,5 %.
Économie. PNB (69) 299. Production : A (72) 109. Énerg. (*72) : 533. C.E. (69) : 23 %.
Transports. (*72) : 1 016 M pass./km, 1 533 M t/km. (71) : *135 000 + 82 000. (72) : 551 M pass./km.
Information. (72) : 4 quotidiens ; tirage global : 254 000. (72) : 710 000. (72) : 150 000. (70) : 184 000 fauteuils ; fréquentation : 89,3 M. (72) : 212 000.
Santé. (69) : 1 698. Mté inf. (65) : 86,3.
Éducation. (70). Prim. : 1 851 416. Sec et techn. : 236 884. Sup. (69) : 12 929.
Institutions. État indépendant le 3 juillet 1962. République proclamée le 25 septembre 1962. Constitution de 1963. Président du Conseil de la révolution et chef de l'exécutif : colonel Houari Boumediene, auteur du coup d'État qui renverse Ben Bella le 19 juin 1965.

Alger s'affirme comme leader dans le dialogue euro-arabe

Le rôle international de l'Algérie continue de s'affirmer. Alger devient le forum du tiers monde. Il ne se passe guère de semaines qu'une conférence n'y tienne ses assises ou que des hommes politiques ne soient reçus par le président Boumediene. C'est le cas, notamment, du Suédois Olaf Palme, du président Valéry Giscard d'Estaing, du chancelier autrichien Bruno Kreisky, de Michel Poniatowski, de Georges Marchais, de Norbert Segard, secrétaire d'État au Commerce extérieur, de François Ceyrac, président du CNPF. La diplomatie algérienne est de plus en plus active : en marge du sommet de l'OPEP, elle contribue au rapprochement entre l'Algérie et l'Iran et à la réconciliation entre l'Iran et l'Iraq.

Giscard

Le président Boumediene entend conforter la position des pays non alignés du tiers monde en se rapprochant de l'Europe et en particulier de la France, notamment parce que cette dernière refuse de participer au club des Douze, placé sous la coupe des États-Unis. Aussi la visite du président Giscard d'Estaing trouve-t-elle, le 10 avril 1975, un large écho populaire. Après la visite des complexes industriels de Rouiba et de Skikda, ainsi que de l'université de Constantine, le président Giscard s'entretient pendant une dizaine d'heures avec Houari Boumediene. Les problèmes de coopération économique sont évoqués – notamment dans le secteur du gaz (avec la construction du gazoduc de l'Ouest qui passera par le Maroc et l'Espagne), du pétrole, de la construction mécanique, sidérurgique, de l'audiovisuel. L'émigration algérienne en France (l'Algérie proteste vigoureusement lors de chaque attentat), la coopération technique et culturelle, la situation des ressortissants français, l'établissement d'un nouvel ordre économique mondial sont au centre des entretiens.

Pétrole

Par ses initiatives et ses prises de position très fermes, l'Algérie joue un rôle de pointe dans l'évolution des problèmes pétroliers ; elle lance tous les pays de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) dans une grande aventure diplomatique qui ne va pas sans quelques réticences.