Les conversations Ford-Rabin n'aboutissent à aucun résultat. Il est de plus en plus question de la convocation de la conférence de Genève. Mais le président Ford, qui préfère que Kissinger reprenne sa mission au Proche-Orient, demande avec insistance au gouvernement de Jérusalem de renoncer à certaines de ses prétentions afin d'ouvrir la voie à un accord intérimaire avec l'Égypte.

La consécration de l'OLP

Dix ans après sa fondation, l'Organisation de la libération de la Palestine (OLP) obtient droit de cité sur la scène internationale. Son admission, le 22 novembre 1974, à l'ONU, avec statut d'observateur, est saluée par les principaux dirigeants des fedayin comme une « victoire historique », comme un tournant capital dans l'histoire du mouvement national palestinien.

Discours-fleuve

C'est par 105 voix (contre 4 votes hostiles et 20 abstentions) que l'assemblée générale de l'ONU invite, le 14 octobre, la centrale des fedayin à prendre part au débat sur la question palestinienne. C'est la première fois dans les annales des Nations unies qu'une organisation non constituée en État ou en gouvernement est conviée à participer aux discussions de l'assemblée générale. La consécration de l'OLP suscite une vive émotion en Israël.

Un accueil triomphal est réservé par l'assemblée générale, le 13 novembre, à Yasser Arafat, président de l'OLP, qui se rend au siège de l'ONU dans un hélicoptère mis à sa disposition par le gouvernement américain. Le discours-fleuve que le leader de la résistance prononce est ponctué de vifs applaudissements et lui vaut trois longues ovations. Le représentant d'Israël, Yossef Tekoah, qui s'était retiré de l'assemblée pendant l'allocution, revient pour protester dans des termes véhéments contre l'hommage rendu au chef d'une « bande d'assassins » et pour réaffirmer la volonté de son gouvernement de ne jamais négocier avec l'OLP ou de lui permettre d'établir son pouvoir sur une partie quelconque de l'ancienne Palestine. Le discours de Yasser Arafat indigne la presse israélienne. Elle relève, certes, que le leader des fedayin, faisant abstraction de résolutions antérieures de son organisation, reconnaît à tous les citoyens israéliens (nés dans le pays ou immigrés de fraîche date) le droit de demeurer sur le sol palestinien. Cependant, il ne fait aucune allusion à la conférence de Genève (à laquelle il n'avait pourtant pas exclu sa participation ; Journal de l'Année 1973-1974), ou à un possible compromis avec Israël, fondé sur une reconnaissance mutuelle.

Les termes de l'allocution de Yasser Arafat sont d'évidence le fruit d'un subtile dosage entre les thèses des modérés et celles des extrémistes de l'OLP, dosage que symbolisent « le fusil et le rameau d'olivier » auxquels se réfère le leader de la résistance pour illustrer le choix devant lequel il mettait les Israéliens.

Yasser Arafat reprenait à son compte l'objectif des maximalistes en proclamant que la seule solution juste au conflit serait l'établissement d'une « Palestine réunifiée et démocratique » dans laquelle juifs, chrétiens et musulmans bénéficieraient de droits égaux (ce qui sous-entend le démantèlement de l'État d'Israël), mais il reléguait aussitôt cet objectif au domaine du fantasme. À six reprises, dans ce passage du discours, il insistait sur le fait qu'il ne s'agissait là que d'un « rêve ». Revenant aux réalités concrètes, il indiquait que l'OLP serait disposée à établir un « pouvoir national » sur toute partie de la Palestine qui serait « libérée ». En d'autres termes, les fedayin accepteraient de fonder un État palestinien aux côtés d'Israël, à des conditions qui resteraient à déterminer.

ONU

Cette prise de position équivoque réduit quelque peu le soutien auquel pouvait prétendre l'OLP aux Nations unies. C'est par 89 voix (et non plus 105) contre 8 et 37 abstentions que l'assemblée générale reconnaît, le 22 novembre, aux Palestiniens le droit de « réintégrer leurs foyers et de récupérer leurs biens », ainsi que leur droit à « l'autodétermination, à l'indépendance nationale et à la souveraineté ». Une deuxième résolution, adoptée le même jour par 95 voix contre 17 et 19 abstentions, accorde à la centrale des fedayin le statut d'observateur au sein de l'ONU.