Conflits

Signes de progrès au Proche-Orient

Le conflit du Proche-Orient s'enlise malgré de nombreux signes encourageants qui paraissent annoncer sinon un règlement définitif, du moins de sérieux progrès dans le processus de la négociation.

Après les accords de dégagement militaire dans le Sinaï et le Golan (conclus respectivement le 18 janvier et le 31 mai 1974 sous l'égide du secrétaire d'État Henry Kissinger), tous les États belligérants s'accordent pour faire confiance à la médiation américaine. Celle-ci semble avoir d'autant plus de chance de réussir que les deux principaux pays concernés, l'Égypte et Israël, veulent éviter l'alternative de la conférence de Genève, où les problèmes, à leurs yeux risquent de se compliquer davantage en raison de la participation de l'Union soviétique. Cette dernière, d'ailleurs, bien que désapprouvant la politique dite des petits pas de Henry Kissinger, ne s'oppose pas activement à l'entreprise du secrétaire d'État, lequel rend hommage, début juin, au prudent comportement des dirigeants du Kremlin.

Prudence

Ces derniers, d'évidence, cherchent à préserver la détente internationale et, partant, à empêcher la reprise des hostilités au Proche-Orient. Ils freinent les livraisons d'armements à l'Égypte et multiplient les conseils de modération à la Syrie et aux organisations palestiniennes. À toutes les occasions, les leaders soviétiques réitèrent leur soutien à l'existence et à la souveraineté de l'État d'Israël. Le ministre des Affaires étrangères, Andréï Gromyko, va jusqu'à déclarer le 23 avril 1975, en présence du chef de la diplomatie syrienne, que l'URSS est prête à garantir, conjointement avec d'autres puissances, la sécurité de tous les pays du Proche-Orient, et cela dans l'éventualité d'un règlement général.

La proposition, qui provoque des remous dans les milieux nationalistes arabes, où elle est jugée favorable à la pérennité de l'État d'Israël, paraît découler d'une entente préalable entre Moscou et Washington. C'est en effet à la suite des entretiens à Genève, le 17 février, entre Kissinger et Gromyko, que le département d'État annonce, le 20 février, que des garanties soviéto-américaines pourraient être offertes aux belligérants dans une phase ultérieure de la négociation.

Bien accueillie en Égypte, cette double prise de position alimente la méfiance des dirigeants de Jérusalem, qui s'empressent d'indiquer qu'aucune garantie de puissances étrangères ne saurait servir d'alternative à des « frontières sûres », librement négociées entre Israël et ses voisins.

Sur ce chapitre, les positions de l'État juif demeurent invariables. Sans aller jusqu'à présenter une carte de la paix définissant avec précision ce qu'ils entendent par des frontières sûres, les responsables de Jérusalem réitèrent inlassablement qu'ils ne pourraient admettre le tracé qui prévalait avant la guerre de Six Jours, sans mettre en péril la sécurité d'Israël. Il n'était pas question pour eux de rendre à la Jordanie la totalité de la Cisjordanie ou à la Syrie le territoire conquis en juin 1967. « Même dans le contexte d'un traité de paix définitif, déclarait le 1er juillet 1974 le président du Conseil Rabin, nous ne pouvons renoncer aux hauteurs du Golan. »

Une présence israélienne à Charm el-Cheikh, qui commande l'entrée du golfe d'Akaba, demeure également un impératif pour la sécurité d'Israël. Cependant, Rabin se déclare disposé à rendre au roi Hussein une partie de la Cisjordanie et au président égyptien Sadate une portion du Sinaï, en échange de quoi Amman et Le Caire consentiraient à mettre un terme à l'état de belligérance.

Concessions

Henry Kissinger s'emploie dès lors à favoriser des accords partiels et intérimaires, analogues à ceux qui avaient été conclus sous son égide au printemps de 1974. Les quatre missions qu'il accomplit à cet effet au Proche-Orient (du 9 au 13 octobre, du 5 au 8 novembre, du 10 au 14 février et du 6 au 23 mars) se soldent par des échecs. Ses navettes entre Jérusalem, Le Caire, Damas, Amman et Riad (où il consulte le roi Fayçal) lui permettent toutefois de mesurer les limites des concessions que chacune des parties est disposée à consentir.