Hélas, la fin de 1974 et le début de 1975 vont tout remettre en cause. Des raisons tenant plus à la conjoncture générale (craintes pour l'emploi et l'avenir provoquant le freinage des achats) qu'à un quelconque réflexe anti-automobile expliquent la détérioration soudaine du marché intérieur, qui enregistre, en mai 1975, une chute de 25,5 % par rapport à mai 1974.

Dans cette conjoncture grisâtre, le dur conflit qui, pendant neuf semaines, perturbe la production de la Régie Renault (près de 80 000 voitures perdues) retentit comme un dernier avertissement : attaquées à l'extérieur comme à l'intérieur, les grandes forteresses de l'automobile se préparent à affronter un avenir difficile.

La DS Citroën disparaît après vingt ans d'existence ; 1 415 719 modèles ont été commercialisés depuis 1955, date de sortie de cette voiture dont les nouveautés techniques ont assuré le succès. La Peugeot 404, autre voiture historique, disparaît également. Sortie en avril 1960, sa robustesse lui vaut une brillante carrière. Elle a été construite à 2 300 000 exemplaires.

Sidérurgie

Grandes manœuvres et mauvaise conjoncture

Le brusque changement de conjoncture qui s'est produit sur le marché mondial de l'acier à la fin de l'année 1974 a surpris tous les observateurs, les professionnels, et spécialement les Français, trop confiants dans la persistance d'une forte demande.

En quelques mois, les commandes ont fléchi de 30 %, les délais se sont distendus et les prix ramollis ; les ventes du négoce se sont stérilisées ; des semaines de chômage technique ont affecté les usines les plus grandes ; les investissements se sont étalés et les projets ont été reportés.

Concentration

Mais on peut espérer une production française de 26 millions de tonnes d'acier en 1975 et une exportation inchangée par rapport à 1974 si les mesures de relance prises en avril 1975 donnent leur effet avant la fin de l'année.

En 1974, la France avait produit 27 millions de tonnes d'acier brut ; elle en avait importé 8 et exporté 9,4. Par rapport à l'année précédente, les variations ont été de + 7,5 % pour la production, – 2,5 % pour les importations et + 19,5 % pour les exportations.

L'année sidérurgique 1974-1975 n'a pas été seulement marquée par la crise conjoncturelle ; elle l'a été plus profondément par la bataille que se sont livrée les deux grands groupes Usinor et Sacilor (de Wendel) pour la prise de contrôle de Marine-Firminy et pour l'alliance avec Empain-Schneider.

Nouvelle stratégie

Ce dur affrontement doit être replacé dans un cadre général ; on en trouve l'équivalent en Allemagne de l'Ouest avec la rivalité Thyssen (renforcé de Rheinstahl) et Krupp (qui a absorbé SSW, un autre important producteur d'aciers spéciaux).

L'accès de nouveaux pays au rang de sidérurgistes ne se fait pas encore au détriment des grands producteurs-exportateurs européens. Néanmoins, il oblige ces derniers, d'une part, à mener une stratégie de coopération reposant sur l'engineering, la technologie et l'équipement, d'autre part, à orienter leur propre évolution interne vers la fabrication de produits plus élaborés et à se tourner vers des activités qui jusqu'alors relevaient de métiers différents du leur.

C'est cette dernière orientation qui explique l'intérêt des sidérurgistes allemands et français pour les aciers spéciaux et les équipements lourds. Ces domaines devraient leur assurer pour de longues années et au plan mondial plus de chances de croissance et de profit que les traditionnels aciers courants.

Bataille

Le groupe Empain-Schneider, en 1968, avait accepté les règles de la parité absolue et de la non-intervention, lors de l'accord avec le groupe Marine-Firminy (holding sans vraie majorité de contrôle), pour mêler leurs activités de sidérurgie fine et de mécanique lourde dans une filiale Creusot-Loire.

En rachetant, en novembre 1973, 32 % de Marine-Firminy, le groupe Empain-Schneider provoque un conflit. Celui-ci ne peut se dénouer que par la reprise de Marine-Firminy par une tierce société s'accordant avec Empain-Schneider.